Pour regarder un match de football ou une émission en direct, le streaming n’est pas l’option à privilégier. Si des améliorations devraient arriver dans les prochaines années, la télévision « classique » profite encore d’une avance de plusieurs dizaines de secondes.

Faut-il regarder la télévision depuis la TNT, le décodeur de son opérateur (Orange, SFR, Bouygues, Free) ou une application/site de streaming sur son téléviseur connecté, sa box télé ou son smartphone (myCANAL, Molotov, TF1+, M6+…) ? Si chacune de ces solutions a un avantage, toutes ne se valent pas en matière de direct. L’écart d’un flux à l’autre peut parfois dépasser la minute, ce qui est assez pour se faire divulgâcher un but par ses voisins ou une notification de son smartphone.

Avant de regarder un événement important (on parle de sport, mais c’est aussi valable pour une émission de télé ou une cérémonie), Il vaut mieux connaître les spécificités des différentes technologies du marché.

Qui est le plus « en direct » entre la TNT, les box et le streaming ?

Pour ne pas se faire spoiler un match de foot, voici le classement des solutions avec le moins de latence (le délai entre l’événement et sa retransmission télévisuelle) :

Retard sur le direct
TNT≈ 5 secondes
Box opérateur/satellite≈ 5 secondes
Streaming « Low Latency »≈ 10 secondes
Application streaming (myCANAL, Molotov)≈ 40 secondes
Streaming illégal / IPTV≈ 60 secondes

Le classement entre les solutions n’est pas facile, puisque la marge d’erreur peut varier. Dans le cas du streaming, on accumule plusieurs segments de 6 secondes. En fonction de votre chance, vous pouvez donc avoir entre 30 et 50 secondes de retard.

Pour regarder un match le plus en direct possible, il vaut mieux passer par la TNT ou par son opérateur. Le streaming peut être obligatoire dans certains cas (il est le seul à diffuser des flux 4K HDR pendant l’Euro 2024 ou la Ligue des champions en Dolby Vision/Atmos), mais a toujours une plus grande latence que la TNT. Si vos voisins ou le bar en bas sont réglés sur une chaîne de la TNT, ils connaîtront l’issue du match avant vous.

Pourquoi le streaming est en retard ?

Regarder la télévision en streaming a des avantages (les applications sont plus complètes, fonctionnent sur plusieurs appareils, proposent de revenir en arrière, peuvent afficher des statistiques sur le match et disposent du multi-live…), mais n’est pas idéal pour regarder un match en direct.

Le fonctionnement des flux provoque forcément un retard sur la réalité quand on regarde une chaîne de télévision depuis une application ou un site web. myCANAL, Molotov, Prime Video, TV d’Orange, SFR TV, Free OQEE et les autres applications dédiées à la télévision en France souffrent de ce problème, comme les applis et les sites des chaînes elles-mêmes (TF1+, france.tv, M6+…).

Pour comprendre ce phénomène, il faut d’abord comprendre le fonctionnement d’un flux en direct. Plusieurs spécifications existent (HTTP Live Streaming, DASH…), mais toutes reposent sur un concept identique. À savoir des segments de plusieurs secondes téléchargés en cache sur votre appareil, afin de donner l’illusion d’une diffusion en direct (eh oui, le vrai direct n’existe pas).

L'Apple TV 4K, version 2022. // Source : Numerama
Sur une Apple TV, une box Android TV, une clé Amazon ou un téléviseur connecté, c’est forcément du streaming avec du retard. // Source : Numerama

Généralement, les opérateurs découpent les flux en direct en morceaux de 6 secondes (c’est notamment le cas de Canal+). Au moment où l’utilisateur sélectionne une chaîne, l’appareil interroge le serveur sur le nombre de segments disponibles en cache. Il en télécharge au minimum deux, en plus de celui juste avant (le temps qu’un nouveau soit généré).

On a donc, marge d’erreur comprise, 12-18 secondes de retard au minimum. À ces secondes de retard s’ajoutent la durée d’exportation des segments, leur envoi sur les serveurs, le début de la diffusion par l’application et, bien sûr, le temps qu’il a fallu à votre connexion Internet pour intercepter un signal. Théoriquement, le retard sur la réalité devrait être à peine supérieur à 20 secondes. En réalité, il atteint généralement plus souvent les 40 secondes. Souvent à cause de la mise en cache et des durées de traitement.

Quelle est la durée réelle de ce retard ? C’est impossible à dire. Même si certains pensent qu’un classement précis peut être établi, ils ne prennent pas en compte la marge d’erreur due au moment où l’on se connecte à une chaîne. Deux personnes qui se connectent au même endroit à la même application, avec 1 milliseconde d’intervalle, pourraient avoir plusieurs secondes de décalage (6, en toute logique). Même chose avec deux applications différentes, myCANAL et Molotov peuvent, chacune leur tour, devancer l’autre.

À gauche, le fonctionnement classique du streaming chez Apple. À droite, la même chose avec le mode low latency. // Source : Apple
À gauche, le fonctionnement classique du streaming chez Apple. À droite, la même chose avec le mode low latency. // Source : Apple

Le streaming est-il condamné à être en retard ? Heureusement, non. Les acteurs des nouvelles technologies s’empressent d’améliorer le procédé pour réduire le retard. Le « low latency », que Canal+ traduit par « streaming en temps réel » (et que l’on trouve aussi sur Twitch), permet sur certaines chaînes de réduire drastiquement le retard d’un flux en direct (c’est une option à activer dans les réglages, mais tous les appareils ne sont pas compatibles). Malheureusement, il est limité à certaines chaînes comme Canal+ et beIN Sport.

Lorsqu’il est activé, les segments de 6 secondes deviennent des segments de 2 secondes (ils fusionnent plus tard). Cela permet, si on suit le même raisonnement (deux en cache + marge d’erreur), d’avoir un retard théorique d’environ 6 secondes. La réalité se situe souvent plus autour des 10 secondes, mais c’est largement mieux qu’avec un flux classique.

Le streaming temps réel dans les réglages de myCANAL, sur tvOS. // Source : Numerama
Le streaming temps réel dans les réglages de myCANAL, sur tvOS. // Source : Numerama

Dans le futur, Apple, Google, Amazon et les autres géants de la tech espèrent rendre le streaming encore plus rapide. Un jour, il sera sans doute en presque direct grâce à des segments en millisecondes.

Pourquoi la TNT et les opérateurs sont meilleurs ?

Pour s’approcher le plus du vrai direct, la télévision « à l’ancienne » (TNT, satellite…) reste la meilleure option. Pourquoi ? Parce qu’il ne s’agit pas de segments téléchargés localement, avec de la mise en cache, mais de la lecture d’un flux réellement diffusé en direct, à la manière de la radio. Cela retire énormément de complexités à la diffusion, même si les options sont plus réduites.

Quid des Livebox (Orange), Freebox (Free), Bbox (Bouygues) et SFR Box ? Toutes ont déjà la particularité de pouvoir être raccordées à un tuner TNT, ce qui leur permet de profiter du même flux que votre télévision normale. Sinon, elles peuvent passer par Internet… mais sans retard.

Le décodeur qui accompagne l'offre Livebox est sur demande // Source : Orange
Le décodeur télé d’Orange n’est pas exceptionnel, mais il n’a quasiment pas de retard sur le direct. // Source : Orange

La technologie utilisée par l’opérateur s’appelle le streaming multicast non adaptatif. Comme la TNT ou le satellite, il s’agit d’un flux continu. La box s’y connecte par Internet, puis reste dessus. Le délai est équivalent à celui de la TNT, à savoir environ 5 secondes. C’est ce qui se fait de mieux sur le marché. Il faut cependant noter qu’un petit écart existe entre chaque opérateur, puisqu’ils ont tous leurs propres serveurs.

Pourquoi myCANAL, Molotov et Prime Video n’y ont pas recours ? Tout simplement parce que cette technologie n’est bonne qu’à une seule chose, à savoir la diffusion en direct :

  • Le streaming multicast non adaptatif rend le zapping entre les chaînes lent, puisqu’il faut intercepter un signal et rester dessus.
  • En cas de panne brève de réseau (ou de baisse de débit), c’est généralement l’écran noir. Il n’est pas capable de revenir automatiquement en direct.
  • Pour des raisons de sécurité, il est généralement cloisonné à un seul appareil et à un réseau local. Si on se connecte à un autre Wi-Fi, il ne marche pas.
  • Le contrôle du direct n’est pas possible avec cette technologie. Certains opérateurs proposent de mettre en pause, avec une mise en cache locale. D’autres basculent alors sur un flux en streaming classique lorsque l’on revient en arrière, avec du retard. C’est l’illusion d’un contrôlé du direct, mais c’est en réalité un changement de technologie.

Pour regarder un match de foot, rien ne vaut cependant la diffusion classique. Même si elle est moins complète que le streaming (pas d’accès aux statistiques, pas de contrôle du direct, pas de multi-live), elle permet de ne pas être en retard.

Source : Montage Numerama

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