Partager un lien vers un site public pour suivre un avion revient-il à diffuser des « coordonnées d’assassinat » ? Pour Elon Musk, cela ne fait aucun doute. Après avoir promis quelques mois auparavant qu’il ne bannirait jamais les comptes de ceux qui le critiquent, tout en précisant que cela concernait aussi ceux qui suivent son avion, le nouveau propriétaire de Twitter fait tout l’inverse. Pris dans une spirale infernale depuis qu’il a fermé le compte ElonJet le 14 décembre, Elon Musk multiplie les décisions controversées, en oubliant complètement son principe de liberté d’expression absolue (ou, du moins, sans se rendre compte de ses contradictions). Les épisodes de la nuit du 15 au 16 décembre sont graves et prouvent qu’Elon Musk est incapable de respecter ses propres promesses.
CNN, le New York Times et le Washington Post parmi ses victimes
Parmi les cibles d’Elon Musk, il y a Ryan Mac du The New York Times, Drew Harwell du Washington Post, Donie O’Sullivan de CNN, Matt Binder de Mashable, Micah Lee de The Intercept et d’autres journalistes indépendants. Tous ont une particularité : ils couvrent depuis plusieurs semaines la gestion de Twitter par Elon Musk, souvent en se montrant assez critiques. Elon Musk, qui ne se gêne jamais pour dire tout le mal qu’il pense des médias, tout en partageant des liens vers des sites alternatifs parfois mensongers, les avait probablement dans le viseur depuis longtemps.
Ces journalistes, qui ont couvert la suspension du compte ElonJet, ont publié des liens vers des articles menant vers le suivi de l’avion d’Elon Musk (des informations publiques et protégées par la loi américaine). Puisque cela ne rentre pas dans les nouvelles règles du réseau social, décidées la veille, Elon Musk a pris la décision de les exclure de la plateforme. Oui, l’homme qui a réhabilité des centaines de comptes bannis pour incitation à la haine a suspendu des journalistes qui faisaient leur travail.
Dans la même nuit, Elon Musk a participé à un Twitter Space (une chatroom en vocal) en présence de journalistes qui lui ont demandé des explications, tout en lui indiquant qu’ils trouvaient étrange de bannir des liens (comme celui pour traquer son avion) avec la même méthode que celle qu’il a tant décriée dans le cadre de la censure d’un article sur Hunter Biden, le fils du président américain. Après avoir tenté de s’expliquer, Elon Musk a tout bonnement raccroché. Ambiance.
Motivé par ses fans qui continuent de l’encenser en permanence, Elon Musk s’amuse de cette situation, qui booste l’audience de Twitter selon lui. Dans un style qui lui est désormais propre, il a demandé à sa communauté de voter pour ou contre la réhabilitation des journalistes suspendus. Le « Oui » l’a emporté, ce qui a poussé Elon Musk à proposer un deuxième sondage (il a laissé entendre que la question était mal posée). Là encore, le « Oui » a gagné. Elon Musk a donc choisi d’ignorer les résultats. Le milliardaire dit que partager un lien vers son avion revient à partager des « coordonnées d’assassinat ». La veille, il publiait la vidéo d’une personne dans une voiture en demandant à sa communauté de le retrouver.
Ces coups de folie provoquent un immense buzz contre Twitter. CNN, par exemple, a décidé de revoir sa relation avec le réseau social. Elon Musk, toujours motivé par ses fans, rigole de cette situation et ne semble voir aucun problème. Paradoxalement, il retweete aussi des messages sur la liberté d’expression, qu’il croit toujours avoir libérée.
Mastodon, nouvelle victime d’Elon Musk
Enfin, au milieu de la tempête, Elon Musk s’en est aussi pris à Mastodon, le réseau social que certains voient comme l’anti-Twitter. Le compte officiel de Mastodon est désormais banni de Twitter, tandis que la publication de liens menant vers des profils Mastodon est devenue impossible (Elon Musk ne s’en est pas justifié). Petit à petit, le roi de la liberté d’expression absolue invente une censure que Twitter n’avait jamais pratiquée auparavant. Jusqu’où peut-il aller ?
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