C’est peut-être la clé pour détrôner Google comme solution pour trouver des informations sur le web. Et de toute évidence, Microsoft a bien l’intention de saisir cette opportunité pour améliorer la part de marché de son propre outil : Bing. Selon les éléments en possession de The Information, Microsoft désire intégrer ChatGPT à Bing pour le rendre encore plus efficace.
ChatGPT est la surprise high tech de la fin de l’année 2022. Il s’agit d’un agent conversationnel conçu par OpenAI reposant sur des algorithmes avancés en matière d’intelligence artificielle. Il permet de générer du texte à la demande, en fonction des éléments que vous lui demandez : une recette de cuisine pour Noël, une fan fiction, une arnaque convaincante, etc.
ChatGPT produit du langage naturel, comme si l’on s’adressait à une personne (on a voulu l’utiliser pour un test de Turing, mais les choses ont pris un virage inattendu). Bien sûr, les réseaux sociaux ont largement documenté les limites et les ratés de l’outil. Il n’empêche : dans plusieurs situations, l’outil a produit des textes réussis et effectué des tâches parfois complexes.
Microsoft voit dans ChatGPT un moyen de vraiment défier Google
Si l’édifice proposé par OpenAI est encore fragile, les fondations paraissent assez solides aujourd’hui pour envisager ChatGPT dans un service opérationnel comme Bing, le moteur de recherche rival de Google made in Microsoft. L’outil repose sur un modèle de langage GPT-3, ainsi que par les techniques d’apprentissage supervisé et d’apprentissage par renforcement en IA.
Un tel outil peut déjà dénicher des réponses sur le net aux questions qu’on lui pose dans la zone de saisie de texte. À plus large échelle, c’est une menace directe pour une entreprise comme Google, qui est née et a progressé à travers sa mainmise sur la recherche en ligne. Pour le dire encore plus directement : ces agents pourraient remplacer Google.
Pour une solution comme Bing, c’est aussi un péril potentiel — mais sans doute moindre : d’abord, parce que Microsoft ne dépend pas autant que Google de la recherche sur le web (la firme de Redmond pourrait très bien sortir de ce marché). Ensuite, parce que le groupe entend plutôt tirer profit de l’outil, en l’intégrant, plutôt que de s’y opposer.
Google, de son côté, y voit un péril existentiel. Le 21 décembre, le New York Times montrait dans un article que la menace est prise très au sérieux en interne. Une sorte d’alerte rouge a été déclenchée et des moyens importants sont réorientés pour muscler les projets semblables dont le groupe dispose — avec sans doute des annonces notables lors de la prochaine conférence I/O en mai.
L’intérêt qu’a Microsoft pour ChatGPT n’est pas du tout neutre. Il y voit un moyen de venir concurrencer, voire affaiblir Google sur le terrain de la recherche. C’est aussi un retour sur investissement. En juillet 2019, Microsoft a investi un milliard de dollars dans OpenAI. Si cela muscle Bing et prend des parts de marché à Google, cela aura été une dépense extrêmement rentable.
D’une certaine façon, ChatGPT pousse à l’extrême la logique de Google, qui se fait aussi « moteur de réponse » (il affiche parfois certaines informations directement sur ses pages, au lieu de renvoyer l’internaute sur des sites), et non pas seulement un moteur de recherche. Il la pousse, en la retournant quelque peu contre la firme de Mountain View.
Lorsque Google a lancé son « moteur de réponse », nombreux ont été les reproches qui lui ont été faits puisque les indications que l’entreprise donne sur son moteur (comme la météo, la bourse ou le résultat d’un match) sont autant d’audience perdue pour les sites qui les proposent aussi. En effet, les internautes n’ont plus besoin de cliquer sur les sites. Ici ChatGPT, fait la même chose : il donne aussi des réponses. Plus besoin de cliquer sur Google.
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