ChatGPT, nouveau cauchemar du corps enseignant après Wikipédia ? L’arrivée de cet agent conversationnel, capable d’écrire des textes en langage naturel sur la base de requêtes formulées par les internautes, est vue avec inquiétude par une partie des enseignants. Déjà, des mesures de restriction émergent pour limiter l’accès et l’usage de ChatGPT.
Un exemple récent vient des États-Unis. Le département en charge de l’éducation dans la ville de New York a décidé de bannir cet outil fondé sur des algorithmes et des procédés issus de l’intelligence artificielle. Un bannissement qui ne peut être que partiel, forcément. Seuls les postes informatiques dans les établissements scolaires sont concernés.
Citée par Motherboard le 4 janvier, la porte-parole du département a confirmé que l’interdiction s’appliquait aux réseaux et les appareils des écoles publiques de New York, en raison des « préoccupations concernant la sécurité et l’exactitude du contenu ». Les autorités de la ville jugent que l’usage sans encadrement de ChatGPT risque d’avoir un impact négatif sur l’apprentissage.
« Bien que l’outil puisse être en mesure de fournir des réponses rapides et faciles aux questions, il ne permet pas de développer des compétences de réflexion critique et de résolution de problèmes, qui sont essentielles à la réussite scolaire et à la réussite tout au long de la vie », a poursuivi la représentante du département.
Cette nouvelle politique comporte néanmoins une faille béante en l’état : rien ne peut empêcher aujourd’hui les élèves de se connecter à ChatGPT depuis leur domicile et de lui demander de faire certains devoirs à leur place. La mesure forte par le département est restreinte à son strict périmètre. Les autres ordinateurs, les autres points d’accès, y échappent.
Une efficacité variable de ChatGPT selon les sujets
Dans les faits, les capacités scolaires de ChatGPT donnent des résultats variés. L’application développée par OpenAI génère effectivement du texte et des réponses à la demande, mais la justesse de ses retours n’est pas toujours d’excellente facture. De nombreux exemples réussis ou ratés circulent sur Twitter depuis que l’agent conversationnel a été rendu public, en novembre 2022.
Il a certes montré une excellente capacité à résumer, à synthétiser ou à présenter un concept — de philosophie, par exemple –. Mais, il montre davantage ses limites s’il faut présenter une réflexion originale ou dans certains autres exercices. Dans le cas de calculs mathématiques, certaines opérations dépassant le stade élémentaire n’étaient pas correctement résolues.
Il est probablement facile pour un professeur ou une enseignante de repérer un devoir produit par ChatGPT. Par exemple, lorsque celui-ci contient une ou plusieurs erreurs manifestes, ou si la qualité de la réponse ne correspond pas au niveau réel de l’élève — ou tranche trop avec le niveau qu’il est censé avoir à son âge. Mais, dans d’autres cas, déterminer ce qui vient d’un étudiant ou de ChatGPT pourrait être impossible.
ChatGPT sera-t-il le nouvel eldorado de la triche pour les étudiants ? C’est ce qui inquiète des professeurs à travers divers témoignages rapportés sur les réseaux sociaux et dans la presse. Des cas commencent à remonter par ailleurs, comme ce cas rapporté par le DailyMail au sujet d’un étudiant ayant mobilisé ChatGPT pour rédiger une dissertation de philosophie en Caroline du Sud.
Des craintes qui rappellent celles ayant visé Wikipédia et le smartphone
Cette inquiétude sur la manière dont l’enseignement va devoir composer avec ChatGPT rappelle un autre débat, relativement similaire, qui s’est tenu quelques années auparavant, et qui revient parfois sporadiquement : Wikipédia. À partir du milieu des années 2000, on a également craint que les élèves ne copient trop l’encyclopédie en ligne pour faire leurs devoirs.
C’est un débat qui n’a d’ailleurs pas seulement touché Wikipédia. Il a aussi eu lieu avec le smartphone, désormais dans toutes les poches des élèves — dès le collège et parfois même avant. À chaque fois, la tentation a été d’interdire immédiatement ces évolutions, par crainte des effets néfastes qu’elles pourraient avoir sur l’apprentissage des élèves.
Est-ce le cas ? En tout cas, la révolution numérique oblige l’enseignement à évoluer et à changer de culture éducative. On peine à croire qu’il sera possible de bloquer durablement ChatGPT et ses évolutions (ainsi que ses futurs concurrents). Il a bien fallu composer avec les smartphones et Wikipédia, faute de pouvoir les interdire. Peut-être faudra-t-il davantage apprendre à apprendre, pour savoir naviguer dans un environnement numérique où toutes les réponses peuvent être trouvées ou générées en un clic.
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