Selon Bloomberg, Apple s’apprêterait à commercialiser un MacBook Pro avec un écran OLED tactile en 2025, après s’y être très souvent opposé. Comment expliquer un tel changement de stratégie ?

« Après une courte période de temps, vous commencez à fatiguer et après une période plus longue, votre bras a envie de tomber. Cela ne fonctionne pas, c’est une catastrophe ergonomique ». Par ces mots prononcés le 20 octobre 2010, à l’occasion de l’une de ses dernières conférences de presse, Steve Jobs avait enterré toutes possibilités pour Apple de lancer un Mac avec un écran tactile.

Le cofondateur d’Apple s’était montré très sûr de lui : « Nous avons fait des tonnes de tests sur ce sujet, et il s’avère que ça ne fonctionne pas. Les surfaces tactiles ne veulent pas être verticales ». 12 ans après, Apple écoute toujours ses conseils. Alors que le marché des PC propose des ordinateurs tactiles depuis longtemps, Apple s’y est toujours opposé et continue de critiquer la technologie publiquement, souvent par le biais de son vice-président Craig Federighi.

https://youtu.be/Y1g2Tdvwij0?t=3392
Dans son avant-avant-dernière keynote, Steve Jobs s’était publiquement opposé aux Mac tactiles (à partir de 56:32).

15 ans après les déclarations iconiques de Steve Jobs et 14 ans après sa disparition, Apple peut-il brusquement changer de discours ? Selon l’extrêmement bien informé Mark Gurman de Bloomberg, le premier MacBook Pro tactile est programmé pour 2024.

Un Mac tactile a-t-il plus de sens en 2025 qu’en 2010 ?

Le monde quitté par Steve Jobs n’est technologiquement pas le même que celui d’aujourd’hui. Si tous les commentateurs de la marque californienne ont les déclarations du cofondateur d’Apple en tête, il est important de rappeler que personne ne peut vraiment imaginer ce que penserait Steve Jobs s’il était encore à la tête d’Apple. Il se trouve d’ailleurs qu’en désignant Tim Cook successeur en 2011, Steve Jobs lui avait demandé de ne jamais se demander ce qu’il ferait à sa place.

Dans l’hypothèse où Apple lancerait bien un Mac tactile dans les prochaines années, il serait difficile de le lui reprocher en se basant sur des déclarations de son cofondateur prononcées il y a 15 ans. En revanche, il semble pertinent de se demander ce qui a changé chez Apple, pour finalement changer d’avis, après des années de critiques.

Voici quelques-uns des arguments utilisés par la marque quand on lui pose la question d’un Mac tactile :

  • L’écran d’un ordinateur est disposé verticalement (et non à plat), il faudrait donc se pencher pour l’utiliser.
  • Sur un ordinateur, le trackpad est ce qui est le plus proche d’une surface tactile. C’est largement suffisant pour effectuer des gestes (comme le zoom).
  • Apple a déjà l’iPad pour les personnes en quête d’un produit tactile.
  • L’expérience utilisateur ne pourrait pas être parfaitement reproduite avec un écran tactile. Pourquoi prendre le risque de toucher à macOS ?
Surface Laptop Studio // Source : Louise Audry pour Numerama
L’écran du Surface Laptop Studio, un PC de Microsoft, est tactile. // Source : Louise Audry pour Numerama

Rapprocher l’iPad et le Mac, une voie inévitable ?

Souvent interrogé sur la question, Apple s’est toujours montré extrêmement critique envers les PC tactiles, parfois avec des déclarations mémorables (on se souvient de la comparaison entre les Microsoft Surface et la « fusion entre un grille-pain et un réfrigérateur »). Pourtant, ces dernières années, plusieurs signes prouvent qu’Apple s’interroge sur sa fermeté.

Il suffit de voir l’iPad. En 2010, l’année où Steve Jobs critiquait l’idée d’un Mac tactile, il ne s’agissait que d’un écran tactile géant. En 2023, l’iPad est souvent vendu avec un clavier, supporte la souris (avec un trackpad intégré à certains claviers) et peut s’utiliser comme un ordinateur, avec des fenêtres. Tout cela aurait été invraisemblable à l’époque de Jobs, puisque l’iPad n’était pas censé reproduire l’expérience utilisateur d’un Mac.

Le Magic Keyboard Folio propose un clavier avec des touches de fonction. La frappe est très bonne. // Source : Thomas Ancelle / Numerama
Le Magic Keyboard Folio du dernier iPad le transforme en ordinateur, avec un clavier et une souris. // Source : Thomas Ancelle / Numerama

Sur Mac, Apple a tenté de prendre une route alternative pour le tactile avec la Touch Bar, abandonnée finalement en 2021. Il s’agissait d’une ligne tactile sur le clavier, pour afficher des raccourcis.

Progressivement, Apple rapproche l’iPad et le Mac. Ils utilisent le même processeur, partagent quelques applications et disposent même de quelques éléments d’interface en commun (Stage Manager, le multitâche de l’iPad, existe sur Mac depuis macOS Ventura). Cependant, selon Bloomberg, le MacBook Pro tactile resterait sous macOS, tandis que l’iPad resterait sous iPadOS. Il faudrait donc s’attendre à une mise à jour du système d’exploitation dédié aux ordinateurs pour s’adapter à une manipulation avec les doigts. Un aspect sur lequel Windows a beaucoup d’avance.

Stage Manager, une nouveauté d’iPadOS 16, permet de gérer 4 fenêtres en même temps. L’iPad est capable de plus, mais c’est toujours bridé. // Source : Thomas Ancelle / Numerama
Stage Manager permet d’utiliser l’iPad comme un Mac… mais avec plusieurs limitations. // Source : Thomas Ancelle / Numerama

Faut-il croire aux déclarations de Bloomberg ? L’échéance 2025 laisse suffisamment de temps à Apple pour changer d’avis si « des tonnes de tests » lui font remarquer que « ça ne fonctionne pas ». Quoiqu’il en soit, à l’heure où les iPad Pro sont adorés mais critiqués pour leur système d’exploitation trop limité, personne ne se plaindrait vraiment d’un Mac capable d’être utilisé comme une tablette.

Découvrez les bonus

+ rapide, + pratique, + exclusif

Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.

Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Abonnez-vous à Numerama sur Google News pour ne manquer aucune info !