Cinq jours. C’est le temps qu’il a fallu à Twitter pour prendre la parole au sujet du dysfonctionnement des applications officieuses permettant d’écrire et de lire sur le réseau social sans passer par les outils conçus par lui. Et ce n’est pas par le compte dédié aux API que la communication est venue, ni par celui consacré au support, mais par un troisième canal : Twitter Dev.
C’est en effet le 17 janvier 2023 que le site communautaire a évoqué, à demi-mots, une politique désormais défavorable aux applications tierces comme Fenix, Talon, Tweetbot et Twitterrific. « Twitter applique les règles de longue date de son API. Cela peut avoir pour conséquence que certaines applications ne fonctionnent pas », lit-on dans le message.
Une API (de l’anglais Application Programming Interface) est une interface de programmation qui donne la possibilité de récupérer des informations depuis un service qui met en œuvre ce genre d’outil. Dans le cas de Twitter, cela offre la possibilité de créer un écosystème autour du réseau social, avec des applications tierces, en plus des officielles.
Les règles. Quelles règles ?
Mais ce message a laissé de nombreux internautes sur leur faim. « Quelles sont les règles ? », a lancé Marques Brownlee, un important créateur de contenu américain, dont le commentaire reflète l’opinion générale sur le manque de clarté sur ce qu’il se passe. « C’est embarrassant à bien des égards », a lâché Felix Krause, un développeur. Les autres réactions sont au diapason.
Lorsque les applications tierces ont commencé à dysfonctionner autour du 13 janvier, le silence anormal des comptes officiels de Twitter a eu pour effet d’écarter assez rapidement l’hypothèse d’une banale panne informatique — dans ce cas de figure, la plateforme aurait communiqué bien plus tôt. Le long silence a nourri en revanche le sentiment d’une action délibérée.
Pour de nombreux observateurs, tout cela ressemble à un stratagème pour forcer tous les internautes — qui ont pu se disperser sur des logiciels sur lesquels Twitter n’a pas directement la main — à revenir sur les applications officielles. Car c’est sur elles que la plateforme peut déployer de la publicité à sa guise et faire mouliner ses algorithmes pour analyser les données des utilisateurs.
Ce faisant, tout l’environnement autour de Twitter qui s’est mis en place depuis des années a été détruit. Et tous les regards se tournent nécessairement vers Elon Musk, jugé responsable de la situation puisqu’il est le directeur général du service. C’est d’ailleurs vers lui qu’une partie des reproches est tournée. « Tant pis si j’avais espéré qu’Elon Musk améliore Twitter. Tout ce qu’il a fait, c’est de le rendre insupportable », écrit ainsi un internaute.
Le propos vague du compte Twitter Dev a en tout cas laissé les propriétaires des applications tierces dans un flou artistique.
« Quelles règles ? », s’interroge Matteo Villa, le concepteur de Fenix. « Tweetbot existe depuis plus de 10 ans, nous avons toujours respecté les règles de l’API Twitter. S’il y a une règle existante à laquelle nous devons nous conformer, nous serions heureux de le faire, si possible. Mais nous avons besoin de savoir ce qu’il en est… », écrit Tapbots, qui s’occupe de Tweetbot. Tous, en tout cas, sont d’accord pour regretter le long mutisme du côté de Twitter, et l’absence d’avertissement préalable qui aurait pu leur permettre de s’adapter à ces fameuses règles.
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