Jeudi 19 janvier à 9 heures du matin, Stadia a fermé ses portes. Numerama a vécu l’événement en direct sur Twitch, jusqu’à la mort totale du service aux alentours de 9h30. On vous raconte le déroulé de cette drôle de matinée.

Stadia n’est plus. Jeudi 19 janvier, comme Google l’avait annoncé en septembre, le service de jeu dans le cloud a cessé de fonctionner. La faute au désengagement de Google qui, après s’être lancé dans l’univers du jeu vidéo avec plein d’ambition en 2019, s’est rapidement rendu compte qu’il n’avait pas envie de s’en occuper. Pendant 3 ans, Google n’a cessé de répéter à chaque rumeur que, non, Stadia n’allait pas être abandonné. Mais son destin était scellé.

L’absence totale de nouveautés et le marketing bancal de Stadia n’avaient pourtant dupé personne, Google, qui a remboursé tous les euros dépensés par les joueurs qui ont cru en lui, quitte à creuser un peu plus la dette de Stadia, a finalement jeté l’éponge. Numerama a assisté à la mort de Stadia en direct, sur Twitch.

La dernière heure de Stadia (et la prolongation)

Jeudi 19 janvier, Numerama a donné rendez-vous à ses abonnés sur Twitch pour assister à la fin de Stadia. À 8 heures, Nicolas et Julien ont pris l’antenne pour cette dernière matinée de cloud gaming. Ils savaient que le service devait fermer à 8h59 (23h59 en Californie), mais ne savaient pas la forme que prendrait cette fermeture. Écran noir soudain ? Possibilité de jouer plus longtemps ? Numerama a vécu l’événement en direct.

Pendant une heure, nous avons joué à plusieurs jeux. FIFA 22, Worm Game (le jeu qui a servi de cobaye aux ingénieurs de Stadia), Farming Simulator 19, Golf with your Friends… Parallèlement, nous avons discuté avec nos spectateurs de l’histoire de Stadia (on les remercie vivement pour leurs remarques pertinentes). Un service gâché par un Google qui n’a pas su quoi en faire, alors que Stadia était redoutable d’efficacité. La preuve, il n’y a pas eu un seul bug technique pendant toute notre session de jeu. Nous étions pourtant connectés en Wi-Fi, à plusieurs mètres de la box.

À 9 heures, Stadia ne s’est pas éteint. Nous avons pu finir notre partie de golf, même si plusieurs personnes dans le chat indiquaient que des erreurs commençaient à apparaître. De retour sur la page d’accueil de Stadia, nous avons en effet constaté que plusieurs jeux ne démarraient pas. Stadia était en train de mourir.

Après 9h, la plupart des jeux affichaient ce message d'erreur. // Source : Twitch / Numerama
Après 9h, la plupart des jeux affichaient ce message d’erreur. // Source : Twitch / Numerama

Ironiquement, Faming Simulator 19 était le dernier jeu encore fonctionnel sur notre compte Stadia. Nous y avons joué jusqu’à 9h40, moment où la page d’accueil de Stadia a été remplacé par un message d’adieu. Le site stadia.com est devenu stadia.com/gg (pour Good Game), avec l’impossibilité de revenir en arrière. Stadia était mort et nous n’avons pas pu finir de labourer notre champ.

La page d'accueil de Stadia après 9h30. // Source : Numerama
La page d’accueil de Stadia après 9h30. // Source : Numerama

Le site de Stadia ne propose plus qu’une chose : mettre à jour sa manette Wi-Fi pour la transformer en manette Bluetooth. Au revoir, petit ange parti trop tôt.

Stadia sera regretté

Stadia n’était pas un mauvais service. Au contraire, il s’agissait sans doute de l’implémentation du cloud gaming la plus convaincante sur le marché. Shadow, Nvidia et Xbox ont aussi des offres, mais celle de Google était la plus proche de ce que l’on pouvait espérer du futur du jeu vidéo. Pourquoi ? Pour sa simplicité.

Disponible sur la quasi-totalité des appareils du marché (même si Google n’a pas assez pris au sérieux les téléviseurs connectés), Stadia permettait de jouer à des jeux sans console. Il suffisait de se rendre sur un site, de choisir un jeu et de le lancer. Le temps de chargement était assez court, tandis que la fluidité du jeu était souvent largement supérieure à ce que propose la concurrence. Techniquement, Stadia était un service impressionnant. C’est au niveau du reste que Google n’a pas été à la hauteur.

Google Stadia // Source : Louise Audry pour Numerama
Pour jouer à un jeu avec Stadia, il suffisait de se rendre sur un site. Il n’y avait aucune préparation. // Source : Louise Audry pour Numerama

Google a manqué de sérieux. Après avoir promis que Stadia serait une plateforme avec des jeux exclusifs, le géant du web a rapidement changé d’avis. Sans laisser aucune chance à Stadia de se faire connaître auprès du grand public.

Le modèle économique était aussi mauvais. Initialement, Stadia se contentait de vendre des jeux. Assez rapidement, Google l’a fait évoluer vers un modèle de catalogue. Un abonnement permettait d’accéder à une centaine de jeux en illimité… mais Google n’a jamais pris le temps de communiquer dessus. Au moment de la mort de Stadia, combien de personnes connaissent cette subtilité ? On peut aussi déplorer l’indisponibilité de certaines fonctions promises au lancement, comme l’aide au jeu avec Google Assistant ou la possibilité d’inviter des spectateurs à jouer sur YouTube.

Stadia sera regretté, puisqu’aucun de ses rivaux n’offre un catalogue aussi immédiat. Google va maintenant proposer sa plateforme technique sous marque blanche, mais la magie de son service ne sera probablement disponible nulle part ailleurs.

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