« Un peu de sommeil vous remet de bien des choses », s’exclamait fièrement Bilbo dans Le Hobbit de J.R.R. Tolkien. Oui, dormir est important pour l’organisme, et pas qu’un peu. C’est un fait, dans nos sociétés, le sommeil est largement malmené. Et les chiffres récents parlent d’eux-mêmes : un tiers des Français subiraient des troubles du sommeil et se sentiraient fatigués à l’issue d’une nuit habituelle. Un phénomène inquiétant et en hausse continue. En 25 ans, le temps moyen passé à dormir aurait ainsi diminué de 18 minutes chez les personnes de 15 ans et plus.
Pas étonnant alors de voir beaucoup de nos concitoyens s’intéresser aux technologies de mesure du sommeil présentes sur le marché depuis maintenant quelques années. Et elles sont déjà nombreuses ! Applications, montres, bracelets connectés, capteurs, ampoules, toutes promettent à l’utilisateur de bien meilleures nuits et des lendemains qui chantent. Et si jusqu’à récemment les entreprises présentes sur ce marché tenaient plus de la start-up que des géants de l’électronique, ces derniers semblent bien décidés à investir nos chambres à coucher.
Le 9 janvier 2007, lors de la présentation du tout premier iPhone, Steve Jobs ne se doutait sans doute pas qu’il allait réveiller un marché fort juteux et permis par la présence de l’accéléromètre de son nouveau joujou. Deux ans après la sortie du smartphone d’Apple, l’Appstore accueille une toute nouvelle application basée sur des systèmes existants et qui ne demande qu’à poser l’iPhone près de l’oreiller. Son nom : Sleep Cycle Alarm Clock. Sa promesse : offrir de meilleures nuits à ceux qui l’utilisent.
L’idée est simple, en déclenchant l’heure du réveil lors d’une phase de sommeil léger plutôt qu’à une heure fixe qui peut tomber en plein sommeil profond, l’utilisateur se réveillera de meilleur pied. Un concept alléchant, mais qui peut potentiellement faire peur à des clients pas vraiment ravis de se faire sortir du lit deux heures avant l’heure limite. Malins, les développeurs de Sleep Cycle ont pensé à la problématique et limité l’impact de leur app à une fourchette d’une demi-heure avant le moment fatidique. L’idée fonctionne, la couverture médiatique est impressionnante, le public friand de nouvelles apps se jette dessus et les premiers retours sont excellents.
On peut toujours rêver
Ces retours, on peut les voir sur le site officiel de l’application. CNN, Wired, The Guardian ou encore le Wall Street Journal et même le New York Times, tous en ont dit le plus grand bien. Le prestigieux quotidien New Yorkais écrit même que pour son prix, Sleep Cycle est « la meilleure affaire du pays des rêves ». Mais de quel rêve parle-t-on au juste ? Celui d’une application réellement précise et utile, ou juste de l’effet placebo d’un logiciel peu à même de mesurer la qualité réelle d’une nuit.
Interrogé par nos soins sur la question, Northcube AB, développeur de Sleep Cycle, joue la carte de la pirouette. « Les gens sont constamment en recherche de nouvelles façons d’optimiser leur vie et d’obtenir les meilleures nuits possibles, et la meilleure façon d’augmenter la qualité du sommeil diffère d’une personne à l’autre. Des technologies comme Sleep Cycle aident les gens à mieux connaitre leur sommeil et à trouver des moyens de l’améliorer », indique sans grande conviction la porte-parole de l’entreprise. Reste que la situation est sans doute moins pire qu’à ses débuts, quand l’application prétendait savoir quand l’utilisateur était en train… de rêver. Après quelques mises à jour, les développeurs prendront soin de faire discrètement disparaître cette donnée farfelue de leurs graphiques.
Le bien-être à tout prix
Utilisée par environ un million de personnes dans le monde, Sleep Cycle est loin, très loin d’être la seule application du genre sur le marché. On citera pêle-mêle Sleep Better, Sleep Time, Sleep++, Sleep as Android (plus de 10 millions d’installations de la version gratuite) ou encore Sleepbot et d’autres aux noms habiles comme Sleep Doctor. En outre, de nombreux bracelets (Jawbone, Fitbit ou même Sony) et autres montres (comme les Withings Activité et Activité Pop) promettent exactement la même chose. Toutes ces apps et appareils reprennent grosso modo le fonctionnement de Sleep Cycle avec analyse des mouvements via accéléromètre et réveil de l’utilisateur dans une fenêtre de 30 minutes avant l’heure programmée.
Des systèmes plus élaborés comme le Withings Aura combinent pour leur part un module son et lumière à un capteur souple à installer sous le matelas. Récemment, lors du salon IFA de Berlin, le géant de l’électronique Samsung a présenté sa toute nouvelle solution SleepSense, conçue sous la forme d’un module capteur connecté à installer lui aussi sous le matelas. Audacieux, le constructeur coréen annonce un degré de précision de l’analyse de 97%, en précisant que ce chiffre a été obtenu « selon des données de test internes ».
Un petit tour sur les sites de la plupart des entreprises lancées sur ce marché confirme d’ailleurs ce que l’on peut craindre en lisant de tels propos : à aucun moment ces applications ni appareils de mesure grand public ne sont validés ou certifiés par des professionnels de santé.
UNE ABERRATION ? Pas tant que ça, car il serait a priori difficile d’obtenir quelque chose de réellement précis.
C’est en tout cas ce nous a confié Sylvie Royant-Parola, psychiatre, experte en médecine du sommeil et présidente du Réseau Morphée. « Toutes ces applis censées détecter le type de sommeil et basées sur un senseur qui enregistre les mouvements ne peuvent donner qu’un pâle, très pâle reflet de l’heure d’endormissement, de l’heure du réveil et éventuellement des réveils dans la nuit » indique la spécialiste, qui poursuit : « tout va dépendre de la sensibilité du capteur avec sans doute énormément de faux positifs – et de faux négatifs d’ailleurs -, donc un truc absolument pas fiable dans l’immense majorité des cas ». Plus inquiétant encore : « quand ils vous disent que vous dormez, ce n’est pas du tout dit que vous êtes en train de dormir », assène Sylvie Royant-Parola.
Des résultats décevants
Des propos en partie confirmés par les tests menés en clinique par l’Américain Christopher Winter, neurologue et médecin du sommeil, pour le site The Huffington Post, en 2014. Pour en savoir plus sur ces technologies, le spécialiste n’a pas hésité à se mettre au lit avec différents appareils tels que les bracelets Jawbone Up et Fitbit Flex mais aussi l’application 24/7 pour iPhone et iPod Touch. Résultat, le bracelet de Jawbone fournit une jolie masse de données mais établit des statistiques très imprécises.
Du côté du Fitbit c’est un peu mieux car l’appareil ne prétend pas différencier différents stades d’endormissement mais échoue parfois en confondant sommeil profond et phases éveillées. Quant à l’application 24/7, les données fournies se seraient révélées très imprécises avec de lourdes confusions. Pas vraiment convaincu par ces trois technologies très grand public, Winter estime tout de même que faire prendre conscience aux gens de ne pas aller se coucher à n’importe quelle heure reste une bonne chose.
Même son de cloche chez Aric Prather de l’Université de Californie, qui estime que ces appareils et applications sont très intéressants dans la mesure où ils poussent le grand public à s’intéresser de plus près à son sommeil. Cependant, d’autres préviennent qu’il ne s’agit là que de solutions placebo susceptibles d’empêcher certains de voir leurs réels troubles du sommeil. Là encore, des spécialistes américains ont noté de lourds problèmes de précision dans l’analyse avec certains appareils tels que le Fitbit One.
Mais beaucoup s’accordent à dire que tout cela peut quand même être utile en complément de données plus détaillées si par exemple une app ou un appareil indique de trop nombreux mouvements pendant la nuit. Il n’en reste pas moins que pour Sylvie Royant-Parola, le comportement des entreprises qui développent ces technologies s’apparente au travail d’apprentis sorciers qui élaborent leurs solutions à partir d’articles « lus à droite à gauche ». Remontée, la spécialiste ajoute : « C’est la même chose que bien d’autres arnaques médicales qui ont toujours fonctionné, un peu comme les élixirs du Docteur Doxey dans Lucky Luke. »
Et la lumière fût !
S’il paraît maintenant évident que l’immense majorité des trackers d’activité sont encore trop imprécis pour être honnêtes, d’autres solutions promettent de bien meilleures nuits à ceux qui acceptent de mettre la main à la poche. Déjà évoqué, le Withings Aura se décompose en deux modules dont un « son et lumière » relié au service de streaming Spotify (!). Sur la page officielle du produit on peut constater que l’appareil dispose d’un simulateur d’aube capable de stimuler la production de mélatonine pour réveiller l’organisme en douceur.
Pour s’endormir, l’utilisateur aura le choix entre la musique de son choix, des mélodies relaxantes et même une fonction « lumière rouge spécialement conçue, nous dit-on, pour stimuler la production d’hormones du sommeil ». Pour ceux qui se demanderaient de quoi on parle, le blog de la société tente d’y répondre avec un billet intitulé « 10 choses que vous ne saviez pas sur l’hormone du sommeil : la mélatonine ». On peut ainsi y lire que « l’exposition à la lumière rouge est vivement recommandée avant le coucher ».
Faux, répond Sylvie Royant-Parola, qui indique que seule l’obscurité est à même de permettre à l’organisme de produire de la mélatonine. Selon la spécialiste, la lumière rouge ne stimule pas la production de l’hormone mais se révèle tout simplement être « celle qui la bloque le moins ». La nuance n’est pas anodine. Quant aux simulateurs d’aube, la présidente du Réseau Morphée reconnaît que certaines études ont démontré un réveil de meilleure qualité chez certaines personnes, par rapport aux sonneries et autres musiques.
L’actimétrie
Utilisée par la plupart des applications, capteurs et autres bracelets, l’actimétrie sert à quantifier les mouvements d’un individu afin d’établir des statistiques. Pour ce que cela fonctionne, il est donc nécessaire de disposer d’un capteur précis, plutôt porté sur le corps (par exemple sous forme de bracelet) que posé à côté d’un oreiller ou sous un matelas.
Toujours est-il que cela ne fonctionne pas pour tout le monde : « certaines personnes sont totalement réfractaires à une quelconque stimulation lumineuse dans la nuit et vous pouvez avoir tous les simulateurs d’aube que vous voulez, ils ne vont pas bouger d’un poil », précise l’experte. Du côté de Withings, que nous avons sollicité pour tenter d’obtenir quelques réponses, silence radio, l’entreprise n’ayant manifestement pas souhaité donner suite à nos mails et autres appels téléphoniques.
Des applications et autres systèmes pour améliorer le sommeil, il en existe bien d’autres. On pourrait ainsi parler de l’onéreux Sleep Infuser (entre 350 et 450 dollars) capable de diffuser un bruit blanc sur la même fréquence qu’un son parasite – tel qu’un ronflement – afin de favoriser l’endormissement. Ce genre de système existe aussi via des applications telles que White Noise (2€, entre 100.000 et 500.000 installations) avec des retours globalement positifs.
De grandes marques comme Philips ont même doté leurs ampoules Hue de fonctions réveil et sommeil. Sur le site du constructeur néerlandais, on apprend ainsi que la lumière jaune conviendrait mieux au soir. Pas forcément en accord avec ce que raconte Withings, cette page « santé et bien-être » conclut pourtant que cette affirmation est « purement biologique ». Mais on aura beau fouiller, on ne trouvera là aucune explication fournie par du personnel spécialisé. Comme si l’on pouvait raconter un peu ce qu’on voulait, pourvu que ça sonne bien à l’oreille du futur acheteur.
Privés de vie ?
Et ce fameux acheteur, il aurait tout intérêt à se pencher sur d’autres problématiques liées à ces systèmes d’amélioration du quotidien. Car à l’ère du « tout à l’écoute » révélé par Edward Snowden, nombreux sont ceux qui lèvent un poing rageur d’un côté mais de l’autre n’hésitent pas à dilapider leurs données sur des serveurs d’entreprises dont on ne sait pas toujours grand chose. Avec les trackers d’activité, et donc de sommeil, les données filent bien souvent à l’extérieur, sans que l’on sache ce qu’elles deviennent.
L’effet Actimel
Assez comparables aux alicaments (mot valise né de la fusion d’aliment et médicament), les systèmes d’assistance au sommeil sont également sans danger selon Sylvie Royant-Parola qui évoque juste le risque « de se faire enquiquiner par un capteur pour s’apercevoir le lendemain que ça n’a pas marché ». C’est déjà ça !
Interrogé sur les craintes concernant la vie privée par nos confrères de 20 Minutes en 2014, le co-fondateur de Withings, Cédric Hutchings, tentait de balayer les inquiétudes. Selon lui, la situation est comparable à l’arrivée de la carte bancaire et de ses historiques permettant de retracer les achats d’un individu. Rôdé à l’art de l’argumentation, l’homme d’affaires prenait également l’exemple du téléphone mobile traçable mais protégés par des gardes-fous législatifs.
Reconnaissant que son entreprise absorbe les données de ses utilisateurs pour les partager avec de grandes universités américaines, Hutchings affirme pourtant que ces données restent anonymes et ne sont nominatives que dans le cas d’une circulation entre capteur et application du client. Il n’en reste pas moins que, pour le dirigeant, la collecte de données est importante. Et pour cela, le cadre cite l’exemple du Mediator afin de démontrer à quel point il est important pour l’ensemble du corps médical de croiser les données.
A terme, cela devrait permettre de sauver des vies, assène un Cédric Hutchings bien décidé à défendre son point de vue. Quant à la politique de Withings sur la question, elle est écrite en long en large et en travers sur le site officiel de l’entreprise. On y apprend que Withings sait à quelle heure un client a choisi de se réveiller, combien de pas il aura marché dans une journée et même un simple champ rempli dans une application Withings peut remonter jusqu’à cette dernière. Cependant, l’entreprise assure ne jamais travailler atvec les données d’un client lorsque ce dernier est identifié, à moins d’avoir obtenu son accord préalable.
À votre écoute,
coûte que coûte
Pour Sleep Cycle, la situation est un peu identique avec une entreprise qui reconnaît bien la collecte des données tout en jurant qu’aucun partage n’est effectué avec une tierce partie. De même que son concurrent français, l’entreprise en charge de l’application affirme que les données collectées restent bel et bien anonymes. La situation est à peu près similaire du côté de Sense, module d’assistance au sommeil, financé via Kickstarter pour près de 2,5 millions de dollars. Ici aussi, l’entreprise reconnaît l’absorption de données mais assure également leur anonymisation.
L’information a son importance : le module Sense étant équipé d’un micro, le risque que tout ce qui se dit dans une chambre à coucher finisse dans des oreilles indiscrètes est réel. Dans tous les cas, il faudra tout de même faire confiance à des entreprises pas forcément aussi respectueuses qu’elles le prétendent. Reste que du côté du monde de la recherche, accéder à de telles données, dans le cas d’appareils plus précis que ceux actuellement présents sur le marché, pourrait aider à mieux comprendre certains phénomènes de santé.
De meilleures solutions ?
Si les applications les plus populaires se révèlent être aux limites de l’escroquerie, d’autres applications validées par des spécialistes existent. On pourra par exemple citer iSommeil, conçue par des spécialistes du centre de sommeil de l’hôpital Hôtel-Dieu de Paris ou Mon Coach Sommeil, fruit du travail des spécialistes oeuvrant pour le Réseau Morphée.
Pour la Commission Nationale Informatique et Liberté (CNIL), la problématique posée par les objets connectés a déjà fait l’objet d’une enquête en profondeur. Résultat : les experts ont établi quelques règles claires et qui peuvent paraître évidentes mais ne le sont pas forcément pour tout le monde. La CNIL recommande ainsi de préférer l’utilisation d’un pseudonyme sur les plateformes où les données peuvent être publiées, tout en évitant de partager les dites données vers d’autres services, notamment sur les réseaux sociaux. Ceux qui désireraient quand même en partager devraient se limiter à un cercle de confiance alors qu’un utilisateur abandonnant un service doit pouvoir effacer et/ou récupérer ses données personnelles. Des conseils importants voire essentiels, établis après une série de travaux ayant permis de définir que « si la plupart des pratiques actuelles peuvent sembler ludiques au premier abord, la frontière avec des applications relevant du monde médical peut s’avérer particulièrement ténue ». Très intéressée par la question la CNIL ajoute que derrière ce qui peut ressembler à de jolis jouets, « Ce sont bien des données du corps qui sont concernées ».
On pourrait alors être tenté d’en conclure que si la majorité de ces applications et appareils sont si médiocres dans leur analyse, il n’y a pas de raison de s’en inquiéter. Et c’est sans doute vrai dans un premier temps, mais avec l’évolution inévitable de ces systèmes et le très probable rapprochement entre experts et entreprises désireuses de vendre de la santé et du bien être, la question va forcément se poser. Pour l’instant, tout cela semble encore assez inoffensif que ce soit du point de vue du sommeil ou des données récoltées. Mais nul doute qu’avec un marché estimé à plus de 127 millions de dollars dès 2017 et de plus en plus de sociétés intéressées, les choses vont changer.
Récemment, le géant des jeux vidéo Nintendo annonçait son intention de débarquer prochainement sur le juteux marché de l’amélioration du sommeil dans le cadre de son programme « Quality of Life ». Il y a quelques années, la même entreprise se vantait de pouvoir mesurer l’âge de notre cerveau dans son fameux « Programme d’entraînement cérébral du Dr. Kawashima ». À l’époque, un chercheur français en avait déterminé que le jeu de l’entreprise japonaise rejoignait « la longue liste des marchands de rêve ». Voilà qui rappelle quelque chose.
Reportage : Michel Beck
Design : Romain Gérardin
Intégration : Clément Décou & Ivan Daum
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