Si les titres générés aléatoirement par le bot du Click-o-tron vous ont fait sourire, l’intelligence artificielle dans la presse écrite n’est pas une technologie prévue pour un futur incertain. Wordsmith est déjà utilisé par des tas de compagnies renommées : Associated Press, Yahoo, Samsung ou encore Comcast aux États-Unis ont été les premiers clients et testeurs du logiciel développé par Automated Insights.
Mais que fait Wordsmith, en pratique ? Eh bien c’est assez simple : le service écrit des articles en anglais à partir de données renseignées dans un tableur. Ces informations peuvent être entrées à la main ou renseignées automatiquement si elles proviennent de bases de données.
Dans l’exemple donné par Wordsmith, une agence immobilière qui voudrait écrire le magazine qu’elle offre à ses clients n’aurait plus besoin de s’embêter à écrire des dizaines d’articles. L’intelligence artificielle, à partir des données fournies par le client, saura utiliser les bonnes formules pour transformer des chiffres en un article à la forme somme toute très acceptable. Plus encore, elle pourra, en quelques secondes, écrire un article pour chaque ville couverte par l’agence.
Quel est le but d’une telle plateforme ? Pour Robbie Allen, le CEO d’Automated Insights, c’est assez clair : il souhaite bouleverser l’innovation dans la création de contenu écrit qui, d’après lui, est un encéphalogramme presque plat depuis l’invention de la machine à écrire. « En termes de processus d’écriture, nous avons connu que peu d’innovation. Les machines à écrire et les traitements de texte ont évolué doucement depuis la fin du XIXe siècle mais même le logiciel le plus évolué dans le domaine, Microsoft Word, n’a pas vraiment changé en 30 ans d’existence. De nouvelles plateformes comme Medium ont rendu l’écriture agréable mais n’ont pas donné aux rédacteurs de nouvelles fonctionnalités. »
Contenu automatique de qualité ?
Et ces idées, aussi radicales soient-elles, ne sont pas à comprendre comme un énième appel à produire du contenu pour produire du contenu. Allen reconnaît qu’il y a trop de contenu sur le web et que nous n’avons pas besoin d’en créer plus si les textes dont nous parlons sont des articles froids et génériques. D’après lui, Wordsmith ne va pas créer des millions de textes ignorés par des millions d’utilisateurs qui ne se retrouvent pas dans ce qui est écrit, mais des millions de fois un texte adressé à un utilisateur en particulier qui aura de l’intérêt à le lire. C’est toute la différence, pour lui, entre la génération automatique de contenu et la création de contenu qui prend appuie sur des datas précises.
En somme, Wordsmith doit pouvoir, à terme, écrire du contenu de qualité et personnalisé selon les désirs du journaliste. Est-ce que cela signe la fin de l’emploi dans le journalisme ? Pas exactement. L’Associated Press, qui l’utilise au quotidien, n’a pas supprimé un seul poste.
Pour l’instant, il semblerait que Wordsmith soit profitable aux lecteurs, aux entreprises et aux journalistes
Les dépêches qui ont été données à Wordsmith contiennent également moins d’erreur que lorsqu’elles étaient écrites par des journalistes. C’est cette technologie qui a permis, par exemple, à AP d’être particulièrement réactive sur les résultats trimestriels d’Apple : vous pouvez vous rendre compte de la qualité de la prestation en lisant directement la dépêche et depuis aujourd’hui, vous pouvez tester le service en demandant un accès bêta.
Tout est une question de curseur : pour l’instant, il semblerait que Wordsmith soit profitable aux lecteurs qui ont des informations plus précises, aux entreprises qui ont gagné en réactivité et aux journalistes qui peuvent se concentrer sur des articles à plus forte valeur ajoutée qui prennent plus de temps. Difficile d’envier à un robot l’écriture de compte-rendus de résultats économiques, de dépêches fades pour annoncer des résultats sportifs ou des rapports sur la situation immobilière d’un quartier de New York.
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