Et si Elon Musk avait eu raison ? À son arrivée chez Twitter, le milliardaire avait choqué en annonçant sa décision de faire payer pour obtenir le badge bleu de certification en plus de fonctions exclusives. Les 8 dollars par mois demandés pour l’abonnement Twitter Blue, devenus 9,60 euros par mois en France, ont été vivement critiqués. Notre test a d’ailleurs confirmé le faible intérêt de cette formule payante, malgré quelques fonctions exclusives intéressantes.
Ce qui ressemblait à une mauvaise idée peut-il devenir la norme ? Le 19 février, Mark Zuckerberg a annoncé « Meta Verified », un nouvel abonnement payant commercialisé à partir de 12 dollars par mois. Il permet d’obtenir un compte certifié sur Facebook ou Instagram (il faut payer deux fois pour authentifier ses deux comptes), mais n’offre aucune fonction exclusive. Du moins pour l’instant.
Meta rêve d’argent facile
Bien entendu, l’arrivée de Meta Verified ne remet pas en question la gratuité de Facebook et Instagram. Il s’agit de formules optionnelles, d’abord testées en Australie et en Nouvelle-Zélande. Cependant, après presque deux décennies de rumeurs, c’est la première fois que le groupe de Mark Zuckerberg consent au lancement d’une formule payante. Cette décision est historique et, en fonction de son succès, pourrait faire évoluer drastiquement le modèle économique des réseaux sociaux. C’est pour cette raison qu’elle est importante.
Pour l’instant, Meta est très timide. Il aurait semblé logique d’offrir des fonctions exclusives aux abonnés payants (moins de publicités, la possibilité de changer l’icône de l’application, des nouveautés en avance…), mais l’entreprise préfère se contenter du badge bleu et d’un meilleur accès au SAV. Ce ne sera sans doute pas assez pour séduire le grand public, mais c’est déjà un premier pas.
Jusqu’à aujourd’hui, la certification reposait sur un système opaque souvent décrié. Sur Instagram particulièrement, un trafic de badges bleus existe. L’abonnement à 12 dollars par mois y met fin et pourrait permettre à Meta d’encaisser un petit pactole en misant sur l’envie de reconnaissance de ses utilisateurs.
Pourquoi ne pas aller plus loin dès aujourd’hui ? Tout laisse penser que Meta y va doucement pour ne pas inquiéter ses utilisateurs « gratuits ». À terme, difficile d’imaginer Meta Verified se contenter d’aussi peu.
Que peut-on faire avec Meta Verified ? Quelles sont les limites ?
Au lancement, Meta Verified est réservé aux utilisatrices et utilisateurs humains de plus de 18 ans. Nous entendons par « humains » le fait que les entreprises, comme le compte Instagram de Numerama, ne peuvent pas s’y abonner. Dans le futur, il faut sans doute s’attendre au lancement d’une formule pour les entreprises, sans doute plus chère, pour certifier les comptes qui n’appartiennent pas à des individus. Chaque souscription à Meta Verified est suivie d’une vérification d’identité, document officiel à l’appui, et chaque changement d’information sur son profil (nom, âge, photo…) provoquera la perte provisoire du badge. Meta espère éliminer l’usurpation d’identités avec cette formule. À noter que cette approche est plus sérieuse que celle de Twitter, qui ne demande pas de carte d’identité.
Pour l’instant, voici toutes les fonctions promises par Meta :
- L’ajout du badge bleu.
- La possibilité de contacter le service client plus vite et de parler à un vrai humain (par exemple en cas d’usurpation d’identité.
- Des stickers exclusifs pour les Stories et les Reels.
- 100 « étoiles » par mois, une monnaie virtuelle pour récompenser ses créateurs préférés sur Instagram ou Facebook.
Payer pour être mis en avant ?
Dans un billet de blog, Meta parle aussi d’une meilleure mise avant par l’algorithme, notamment dans les commentaires et la recherche. Étrangement, Mark Zuckerberg n’en parle pas. Il pourrait tout simplement s’agir du comportement normal, puisque les comptes certifiés ont toujours bénéficié d’un traitement de faveur sur Instagram et Facebook.
Meta reconnaît que son nouvel abonnement va changer la signification du badge vérifié, comme chez Twitter (les comptes déjà certifiés conserveront leurs badges gratuitement).
Cependant, son communiqué donne presque l’impression que ce lancement serait précipité. En plus de ne pas supporter les comptes des pages, Meta Verified ne permet pas à un individu certifié d’utiliser un pseudonyme et, surtout, oblige à payer deux fois pour une certification sur Facebook et une autre sur Instagram. Pas très cool, alors que Meta permet de lier ses comptes depuis plusieurs années.
À 12 dollars par mois (web) ou 14 dollars par mois (depuis iOS et Android, avec la commission d’Apple et Google), l’abonnement Meta Verified coûte plus cher que Twitter Blue (8 dollars) et Snapchat+ (4 dollars), l’autre succès fort des abonnements payants aux réseaux sociaux, mais pour le coup rempli de petites fonctions exclusives. S’apprête-t-on à subir un changement de modèle ?
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