Une polémique lancée aux États-Unis par l’auteur de la BD Dilbert a connu un rebond avec Elon Musk, qui reproche désormais aux médias de faire preuve de… racisme anti-blanc.

C’est la polémique dans la polémique : elle a été déclenchée par Elon Musk au cours du week-end du 25 et 26 février. L’entrepreneur et milliardaire américain a rebondi sur la controverse en cours impliquant un auteur de la bande dessinée, Dilbert, en accusant les médias du pays de racisme anti-blanc. « Les médias sont racistes contre les blancs et les asiatiques », a lancé Elon Musk le 26 février sur Twitter.

Un sondage américain dénoncé sur YouTube

À l’origine de l’accusation lancée par le chef d’entreprise se trouve l’affaire autour du dessinateur de Dilbert, Scott Adams, qui a réagi à un sondage de Rasmussen Reports sur le sentiment de la population noire aux États-Unis à l’affirmation suivante : « c’est bien d’être blanc ». À 26 %, cette catégorie désapprouvait, contre 12 % lorsque l’on a posé cette question à l’ensemble de la population.

Ce pourcentage plus élevé exprimé parmi les Afro-Américains a interpellé Scott Adams, le poussant à réagir lors d’une émission sur YouTube pour dénoncer les résultats de ce sondage. Or, à cette occasion, il a généralisé sur les Noirs, en les accusant d’être un groupe haineux. « Je ne veux rien avoir à faire avec eux », a-t-il lâché, rappelle le San Francisco Chronicle.

Dilbert
Un exemple de BD Dilbert. // Source : Tony Alter

« Si près de la moitié des Noirs ne sont pas d’accord avec les Blancs [dans le cadre de ce sondage, il y avait aussi 21 % des sondés disant ne pas être sûr de la réponse, que Scott Adams additionne avec l’autre résultat, NDLR], c’est un groupe de haine. […] Et je dirais que le meilleur conseil que je puisse donner aux Blancs, c’est de s’éloigner des Noirs. »

Cette réaction a entraîné une vive levée de bouclier dans la presse américaine, en particulier chez les titres qui publient les planches de Dilbert. Des journaux comme le Washington Post et le réseau USA Today Network, mais aussi des publications de moindre envergure comme The Plain Dealer, qui couvre Cleveland (Ohio), ont décidé de mettre un terme à leur collaboration avec Scott Adams.

« Le Washington Post a rejoint de nombreux journaux qui abandonneront la bande dessinée Dilbert après que son créateur a qualifié les Noirs américains de groupe haineux », a par exemple twitté le quotidien américain le 26 février. Le Los Angeles Times, le New York Times ont également suivi. Selon Adam Scott, il n’y aurait plus aucun journal américain qui aurait maintenu la BD.

Elon Musk s’en mêle sur Twitter

C’est dans ce contexte qu’Elon Musk est intervenu sur Twitter, en s’attaquant aux médias, en suggérant que leur attitude aujourd’hui viserait à expier des dérives passées. « Pendant très longtemps, les médias américains étaient racistes à l’égard des personnes non blanches, maintenant, ils sont racistes à l’endroit des Blancs et des Asiatiques », a-t-il critiqué.

https://twitter.com/elonmusk/status/1629764614870167552

« La même chose s’est produite avec les facs et les lycées d’élite en Amérique. Peut-être qu’ils pourraient essayer de ne pas être racistes », a-t-il poursuivi sur Twitter, sans réagir directement aux commentaires initiaux d’Adam Scott. Il a toutefois dit approuver un tweet disant que les propos du dessinateur étaient inadéquats, sans invalider le fond.

L’intervention d’Elon Musk s’avère aujourd’hui très commentée également, dans la mesure où l’intéressé est désormais le propriétaire de l’un des réseaux sociaux les plus actifs, mais aussi l’un des plus contestés en matière de modération. Depuis le rachat du site, la modération est plus relâchée et des comptes bannis autrefois ont été restaurés.

Elon Musk / Twitter // Source : Numerama
Elon Musk a récupéré Twitter, mais sa politique en matière de liberté d’expression et de modération est depuis contestée quotidiennement. // Source : Numerama

Elon Musk a déjà attaqué un prétendu « virus woke » dans les esprits, décrit comme une menace pour la civilisation, dissout un conseil aidant la modération de Twitter et défendu la liberté d’expression absolue, donnant l’impression de ne se soucier que de la visibilité de tous les messages et non pas de ce qu’ils peuvent contenir — cela, même si des limites existent.

L’expression woke était initialement un mot pour signaler la prise de conscience chez des militants de l’injustice sociale frappant les individus en fonction de leurs origines et des inégalités dans une société. Mais aujourd’hui, cette formule est aussi utilisée à des fins péjoratives, pour qualifier des personnes accusées d’avoir une sensibilité excessive aux problèmes de minorités.

Avant cet épisode, Scott Adams avait déjà eu un droit à une couverture presse pas forcément flatteuse : dans une chronique, un intervenant du Forbes, a titré en 2018 : « Le créateur de Dilbert, Scott Adams, est mauvais (et pourquoi vous devriez suivre son exemple) ». Un papier du New York Times de 2019 montrait que l’intéressé avait déjà été mêlé à des controverses.

Celle-ci semble toutefois beaucoup plus virulente, même si le dessinateur reste sur ses positions. « Jusqu’à présent, aucun Noir ou Blanc n’a contesté ma diatribe raciste lorsqu’elle a été examinée dans son contexte », a-t-il écrit sur Twitter le 26 février, en reprochant aux médias et à ses critiques de ne pas avoir entendu ou compris la totalité de son intervention.

Toujours est-il que le dessinateur rejoint aujourd’hui les positions d’Elon Musk sur les médias. Dans un sondage, Scott Adams a demandé à son public s’il était en accord ou non avec l’assertion suivante : « Vrai ou faux : les médias ont créé une montée de la division raciale et m’ont ensuite ‘cancel’ pour avoir souligné l’impact évident de leur travail maléfique ». La rupture semble faite.

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