Ce qui ne tue pas rend plus fort. Cette punchline nietzschéenne, le marché des cryptomonnaies la démontre à intervalles réguliers. Depuis de longues années, plusieurs graves crises ont secoué les places financières où s’échangent bitcoins et compagnie. Et les catastrophes les plus marquantes correspondent aussi aux plus récentes, avec la faillite du géant FTX dont la gestion frauduleuse a précipité l’effondrement. D’autres entreprises financières et commerciales avaient investi via FTX mais aussi dans FTX.
Vu l’interconnexion de ce secteur déjà frappé par un krach plus tôt en 2022, la chute d’un acteur aussi majeur a entraîné une cascade d’autres faillites et fragilisé la confiance des investisseurs. Pourtant, aussi étonnant que cela puisse paraître, ces événements particuliers et les réactions en chaîne d’effets négatifs qui se poursuivent encore maintenant n’occasionneraient pas de crise générale du fonctionnement du marché crypto.
« Contrairement à la croyance populaire, la récente série de crises n’a pas contribué à des risques systémiques significatifs et à une pénurie de liquidités », épinglent les professeurs Akanksha Jalan et Roman Matkovskyy, de la Rennes School of Business. Les risques systémiques s’illustrent par des chocs qui affectent considérablement et simultanément de nombreuses sociétés ou marchés. Tandis que les problèmes de liquidités relèvent de l’incapacité pour des acteurs du marché à acheter ou vendre rapidement des actifs sans impact déterminant sur les prix.
Analyse biaisée d’un marché disproportionné ?
Avec une capitalisation composée à plus de 60 % par le bitcoin (BTC) et l’ethereum (ETH), le marché crypto laisse plus d’un boursicoteur dubitatif quant aux analyses du « marché ». Un peu comme si la Bourse de Paris ne comptait que deux grosses sociétés cotées et 22 000 coquilles plus ou moins vides. Autant de « shitcoins », vous expliqueront volontiers les maximalistes du BTC.
Pour tenter d’objectiver ces phénomènes, les professeurs de Rennes ont exploré les volumes de transactions quotidiens et les prix des 100 cryptomonnaies les plus importantes, par capitalisation de marché depuis 2019. Optant pour une méthodologie connue pour sa robustesse, leurs résultats empiriques déplairont assurément aux détracteurs des actifs numériques.
« La crise de FTX représente des défaillances dans la gouvernance d’entreprise et la réglementation dédiée, plus que dans les cryptomonnaies elles-mêmes », concluent Akanksha Jalan et Roman Matkovskyy. Cette recherche vient redonner appui au plaidoyer des crypto-fans vantant les vertus des réseaux distribuées gérés par des communautés. Ironie du calendrier, ces mots résonnent comme dans l’écho d’un certain Satoshi Nakamoto.
« Beaucoup de gens considèrent automatiquement la monnaie numérique comme une cause perdue en raison de toutes les entreprises qui ont échoué depuis les années 1990. J’espère qu’il est évident que c’est seulement la nature centralisée de ces systèmes qui les a condamnées », avait réagi le signataire du white paper de Bitcoin en février… 2009.
Ce qui n’offre pas d’argument massif au laisser-faire technologique, que du contraire. « Cela souligne la nécessité d’une réglementation appropriée de ce marché, de directives claires en matière de comptabilité et d’audit et d’un système de contrôles internes solides », insistent-ils. Les régulateurs du monde entier semblent en avoir pris la mesure, ne serait-ce que pour protéger la stabilité du système financier traditionnel.
Quelle suite pour le bitcoin ?
Le marché crypto a repris de la hauteur depuis le début de l’année. Plus de 30 % de remontada. Soit près de 300 milliards de dollars. Et le bitcoin s’est redressé de plus de 40 %. La question à 23.000 dollars, au prix actuel du marché : quelles perspectives pour le BTC ? Les investisseurs auraient repris un horizon à long terme à en croire les données de la société d’analyse blockchain Glassnode.
En effet, le bitcoin semble plus largement immobilisé. Le nombre d’unités qui n’ont pas été déplacées depuis au moins six mois s’élève à 14,99 millions. Soit une valeur d’environ 350 milliards de dollars. Or, le record absolu en décembre dernier était monté à 15,029 millions. Une situation indiquant que ces « bitcoins dormants » apparaissent de moins en moins susceptibles d’être dépensés rapidement. Il s’agit là d’un signal objectif en faveur d’un éventuel rebond, les investisseurs estimant potentiellement que le marché a assez baissé.
« Il n’y a pas de bon ou mauvais moment pour rentrer sur le marché », assurait encore récemment Eric Larchevêque. Le cofondateur de la licorne française Ledger et du pionnier des cryptos Coinhouse recommande d’avoir un montant fixe à investir, de le diviser et de placer une part chaque semaine ou mois pour réduire la volatilité. « Une fois l’investissement réalisé, oubliez son existence, sortez-le de votre esprit », pour ne pas céder aux innombrables tentations de surenchérir et aux risques de trop perdre.
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