Le gouvernement du Canada interdit TikTok sur les téléphones de ses membres. Bruxelles et Washington ont décidé la même chose. Ailleurs en Occident, la défiance augmente. Et, en France ?

Le mouvement d’exclusion de TikTok s’amplifie. Cette fois, c’est le Canada qui vient d’annoncer l’interdiction d’utiliser la célèbre application mobile sur les smartphones gouvernementaux, au nom de la sécurité nationale. La décision d’Ottawa a été prise le 27 février 2023, rapporte NPR. La décision ne concerne pas les téléphones du grand public, qui ont toujours accès à TikTok.

Commentant les nouvelles instructions des autorités, le premier ministre Justin Trudeau a espéré que ce geste inspire les particuliers ainsi que les entreprises, en les incitant à réfléchir à la sécurité de leurs données et à envisager de désinstaller l’application. « Je suis toujours partisan de donner aux Canadiens les informations nécessaires pour qu’ils puissent prendre les bonnes décisions pour eux », a glissé le chef du gouvernement.

La Commission européenne et Washington sur la même longueur d’onde

La décision prise par Ottawa rejoint celle, identique, de Washington et de Bruxelles d‘exclure TikTok des téléphones utilisés au sein des institutions, en raison des suspicions continues gravitant autour de l’app. La décision prise par la Commission européenne a été prise en février. Aux États-Unis, le bannissement des appareils gouvernementaux a été acté en décembre 2022.

La mise à l’écart de TikTok doit aussi être observée dans le cadre de la dynamique des relations entre Ottawa et Beijing, qui se sont distendues et rafraichies durant les dernières années. Des dossiers, comme l’arrestation de la directrice financière de Huawei au Canada et l’exclusion de l’équipementier chinois du réseau 5G local, ont empoisonné les relations bilatérales.

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TikTok, nouveau grief entre le Canada et la Chine ? // Source : Numerama

TikTok, une application d’origine chinoise, est suspectée de servir les intérêts de la Chine. Le logiciel est accusé d’être un possible cheval de Troie pour des opérations d’espionnage, mais également d’être un vecteur de désinformation et de contenus illicites. Elle serait aussi un levier d’influence pour Beijing et une portée d’entrée vers les données personnelles des internautes.

Ces reproches sont régulièrement rejetés par TikTok, manifestement sans succès. Après Washington, Bruxelles et Ottawa, le mouvement d’exclusion semble se développer dans le monde, en particulier en Occident. L’Estonie et la Finlande ont pris des décisions semblables, rapporte la journaliste Laura Kayali, qui a passé en revue la situation de plusieurs États membres.

Quelques autres pays suivent une position intermédiaire : en Belgique, les services de renseignement appellent pour l’instant à la prudence ; en Allemagne, c’est du cas par cas, selon les ministères (interdiction dans la Défense, blocage sur le réseau de l’Intérieur). Aux Pays-Bas et au Danemark, on se dirige vers une interdiction dans le Parlement.

Et, en France ? La journaliste Laura Kayali a sondé plusieurs centres de pouvoir et institutions. Cependant, aucune décision publique ne semble prise : l’Élysée et le ministère des Armées continuent d’analyser les risques et de réfléchir à la place des réseaux sociaux. Quant à la Commission nationale de l’informatique et des libertés et de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information, qui assure la cyber-sécurité de l’État ? Pas de commentaire particulier à faire.

Source : Numerama

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