Une panne début mars, qui a causé la disparition des tweets en page d’accueil. Et, quelques jours après, une défaillance des applications Twitter et Tweetdeck, qui ne répondaient plus. Force est de constater que l’instabilité est grande chez le réseau social depuis le début d’année. D’ailleurs, d’autres défaillances du même ordre ont été relevées depuis le début de l’année.
Celle qui a rendu inaccessible Twitter dans la journée du 6 mars a désormais une explication, rapportée par le site Plateformer, qui relate régulièrement les déboires du site communautaire avec des témoignages internes. L’éclairage apporté par le média américain, sur la base de sources non précisées, n’est encore une fois pas très flatteur quant au pilotage de Twitter par Elon Musk.
Plateformer rapporte que la cause profonde du dysfonctionnement du 6 mars vient d’une erreur au niveau de la configuration de l’API. L’API (acronyme pour Application Programming Interface) est une interface de programmation qui permet de se connecter aux serveurs du réseau social pour accéder à des informations. Cela servait, par exemple, aux applications tierces de Twitter.
Selon nos confrères, la modification faite dans la configuration de l’API entrait dans le projet plus global d’en fermer l’accès gratuit (ce qui a tué tout l’écosystème autour du site communautaire). À la place, une nouvelle API payante a été mise en place, toujours dans cette quête permanente d’Elon Musk de trouver des solutions pour monétiser sa coûteuse acquisition.
Or, seul un ingénieur chargé de la fiabilité a été affecté à cette modification, selon Plateformer, ce qui a empêché de contrôler la qualité du travail avant de « mettre en production », c’est-à-dire de déployer effectivement la nouvelle configuration sur les serveurs. Hélas, l’ingénieur a visiblement fait une erreur, qui s’est ensuite répercutée sur l’API de Twitter.
C’est pour cela que l’on pouvait lire, dans la journée du 6 mars, des alertes en se connectant sur Tweetdeck. « Votre plan d’API n’inclut pas l’accès à cet endroit », était-il écrit sur l’application tierce, qui appartient à Twitter depuis 2011. Les URL en « t.co » (un service pour raccourcir la taille des liens) étaient aussi en difficulté. Et le site principal répondait très mal.
On ignore les raisons pour lesquelles une seule personne a été mobilisée pour ce projet, mais cela illustra sans doute l’affaiblissement très important des effectifs du réseau social depuis l’arrivée d’Elon Musk aux commandes. Début novembre, la moitié des employés a été éjectée. Depuis, d’autres campagnes de licenciement ont été conduites.
Twitter a perdu beaucoup d’employés en quelques mois
Selon un point de situation du New York Times le 26 février, il y a moins de 2 000 personnes travaillant chez Twitter. En octobre, ils étaient 7 500. C’était avant Elon Musk, qui avait pourtant promis en novembre de ne plus congédier personne. Du côté de l’ingénierie, il n’y aurait plus que 550 ingénieurs, selon Plateformer, pour maintenir à flot le site.
De toute évidence, ces coupes claires dans les effectifs se paient lourdement aujourd’hui : comme il y avait peu d’employés compétents pour rétablir le service, relate le média américain, il a fallu à Twitter toute la matinée pour résoudre le problème. Chez les employés, le sentiment était partagé entre l’amusement, la lassitude et l’évidence, car cela ne pouvait pas tourner autrement.
Publiquement, Elon Musk a tweeté le 6 mars un commentaire général : « Un petit changement d’API a eu des ramifications massives. La pile de code est extrêmement fragile sans raison valable. Il faudra à terme le réécrire complètement », pointant en creux la dette technique accumulée depuis les origines de Twitter. Mais il est dit qu’en interne, il fulminait.
L’histoire ne dit pas ce qu’il est advenu ou ce qu’il adviendra de l’infortuné ingénieur qui a planté l’un des plus gros réseaux sociaux de la planète. On sait qu’Elon Musk a, par le passé, licencié un ingénieur qui lui avait donné tort, dans un mouvement d’humeur — une réaction d’autant plus dommageable qu’elle a aussi pour effet de dissuader les équipes d’exprimer un désaccord.
Ironie de la situation, le personnel encore en place est censé être celui ayant les compétences techniques les plus fines pour Twitter, selon les critères d’Elon Musk, puisque les autres profils jugés moins performants ont été remerciés. Mais un point trop bas a été atteint. « Il n’y a tout simplement plus assez d’expertise technique pour faire fonctionner le site », prévenait un ingénieur.
L’affaiblissement spectaculaire des effectifs de Twitter et les récentes défaillances laissent à penser que le site est désormais au bord de la rupture sur le plan opérationnel, et qu’il faudrait plutôt regarnir les équipes. Les alertes en ce sens sont émises depuis des mois, y compris du côté de la modération, qui est aussi en chute libre depuis l’arrivée d’Elon Musk.
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