Il n’est jamais trop tard pour rétropédaler. Pratiquement une décennie après avoir séparé Messenger du réseau social sur mobile, Facebook s’aperçoit manifestement que ce n’était pas l’idée du siècle. En tout cas aujourd’hui, le site communautaire prépare le terrain pour réinstaurer Messenger dans l’appli mobile de Facebook.
Dans un billet de blog publié le 7 mars, Tom Alison, le patron de la division Facebook, a tracé les lignes de l’avenir de la plateforme. Et, au détour d’un long développement, le responsable a ouvert la voie à un retour de la messagerie instantanée dans l’application principale. Il n’y aurait plus besoin, à terme, d’avoir deux applications distinctes dans le téléphone.
« Nous testons actuellement la possibilité pour les utilisateurs d’accéder à leur boîte de réception Messenger à partir de l’application Facebook et nous étendrons bientôt ces tests », indique Tom Alison. L’entreprise a cette réunification en tête depuis un long moment déjà. En décembre, des indices en ce sens avaient été observées. Un mémo déniché en juin montrait une direction similaire.
Un revirement sous la pression de TikTok
Apparemment, la concurrence féroce de TikTok (qui inclut toutes ses fonctions en un même endroit, du visionnage des vidéos à la messagerie interne) constitue la raison centrale de ce revirement. Chez les jeunes générations, l’appli d’origine chinoise écrase tout sur son passage. Les services rivaux, comme Facebook, ont toutes les difficultés du monde à demeurer attractifs.
« Nous constatons que de plus en plus de personnes se tournent vers la messagerie pour créer une communauté », argue Tom Alison. En 2023, « nous mettrons au point d’autres moyens d’intégrer les fonctions de messagerie dans Facebook. Nous voulons qu’il soit facile et pratique de se connecter et de partager, que ce soit dans Messenger ou directement dans Facebook. »
C’est en 2014 que Facebook a pris la décision d’amputer son application principale, en lui retirant la messagerie instantanée. Pour continuer à discuter en privé, il fallait utiliser l’appli Messenger, lancée en 2011. Pour la rendre vraiment indispensable, il fallait donc retirer la fonctionnalité présente dans Facebook. Mark Zuckerberg avait, à l’époque, pris la parole pour défendre cette orientation.
« Avoir une application séparée permet de se concentrer sur une seule action à la fois. Vous allez probablement quinze ou vingt fois par jour sur votre messagerie ; avoir à attendre que Facebook se charge, puis multiplier les étapes pour pouvoir lire et écrire les messages était tout à fait fastidieux », plaidait le fondateur du site. Mais, c’était avant l’émergence de TikTok.
Il est à se demander si cette promesse de réunification n’est pas, en fin de compte, un peu trop tard. Facebook s’efforce de suivre le tempo imposé par TikTok (il a par exemple déployé les reels partout — des vidéos verticales à la durée assez courte qui reprennent le concept de TikTok), y compris sur ses filiales, quitte à agacer sa communauté (comme Instagram), mais sans renverser la situation.
Une phrase, d’ailleurs, est symptomatique de la situation que vit le réseau social, longtemps ultra-dominateur. Dès les premières lignes, Tom Alison déclare que « Facebook démarre l’année sur les chapeaux de roue. Contrairement à ce que l’on dit, Facebook n’est ni mort ni mourant, mais bien vivant et prospère ». Le genre de formule que l’on entendrait, justement, d’un mourant.
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