En coulisses, Facebook s’active pour faire émerger un concurrent de Twitter. Répondant sous le nom de code de P92, il aurait comme particularité d’être décentralisé.

Plutôt que d’écrire vos pensées sur Twitter, les partageriez-vous sur un rival lancé par Facebook ? Le réseau social américain fondé par Mark Zuckerberg considère de toute évidence qu’il y a une opportunité, si l’on en croit les informations obtenues par Platformer et MoneyControl. Ce n’est pas tout : on parle même d’une solution décentralisée, à la Mastodon.

Nom de code de ce Twitter décentralisé : P92

Les informations autour du projet sont encore parcellaires, mais l’entreprise a confirmé ses réflexions dans un communiqué obtenu par Techcrunch, le 10 mars 2023. « Nous étudions la possibilité d’un réseau social décentralisé autonome pour le partage de mises à jour textuelles. » L’outil s’adresserait entre autres aux personnalités publiques et aux créateurs.

Le projet a pour nom de code « P92 », mais rien ne permet d’affirmer qu’il ira au terme de sa gestation — même si l’entreprise s’est déjà quelque peu avancée en confirmant son existence. On ne sait rien de son interface aujourd’hui, ni de ses fonctionnalités. Aucune date n’est évoquée non plus. En revanche, l’outil devrait logiquement être compatible avec Android, iOS et le web.

Facebook prévoirait de mobiliser les codes permettant de se connecter à Instagram pour se brancher à P92. En clair, si vous avez déjà un compte Instagram, votre combinaison identifiant / mot de passe suffira à accéder à P92 pour partager vos idées. Ce chantier est supervisé par Adam Mosseri, l’actuel patron d’Instagram.

Source : Capture d'écran
L’interface de Mastodon. C’est dans cette direction que va Facebook, selon des médias américains. // Source : Capture d’écran

Depuis l’origine, Twitter a été limité à 140 caractères par message, comme pour les SMS. Cette limite est toutefois passée à 280 en 2017. Il est également possible d’en écrire 4 000 d’un coup à travers le service Twitter Blue. Il n’est pas dit si P92 aura une approche similaire ou s’il évitera ce type de limitation. Sur Mastodon, chaque message est limité à 500 caractères.

Facebook a historiquement cherché à marcher sur les plates-bandes de beaucoup d’adversaires, pour continuer à séduire les plus jeunes générations.

On a ainsi vu Facebook tenter l’expérience Slingshot, pour rivaliser avec Snapchat (il a aussi lancé Poke, Lifestage et Flash, mais sans parvenir à convaincre). Le site a été à l’origine de bien d’autres applications largement tombées dans l’oubli depuis : tbh, Lasso, Moments, Hello, Moves, M, etc. Nombre de ces projets ont été fermés par le réseau social, parfois quelques mois après leur lancement.

De fait, on peut raisonnablement douter de la réussite de P92. Les services les plus populaires chez Facebook sont d’ailleurs ceux que l’entreprise rachète (WhatsApp, Instagram, Oculus, Giphy). Les créations en interne, en revanche, ont nettement plus de mal à percer auprès du grand public (même en copiant les caractéristiques de ses rivaux) — exception faite de Facebook lui-même.

Un réseau social décentralisé made in Facebook ?

Il est inattendu, en revanche, que Facebook s’oriente vers une solution décentralisée pour P92, alors que l’entreprise est l’archétype du réseau social centralisé, où tout se passe sur ses serveurs. Mais, il s’agirait moins d’un changement de philosophie chez l’entreprise que d’une stratégie face aux accusations monopolistiques dont elle fait l’objet. Facebook est dans le viseur des régulateurs et des voix se sont élevées lors de la dernière campagne présidentielle américaine pour démanteler Facebook et les autres géants du net.

P92 procurerait des arguments à Facebook pour donner le change aux critiques dont il fait régulièrement l’objet. D’autant que l’outil sera également compatible avec le standard ouvert ActivityPub, offrant des possibilités d’interopérabilité avec d’autres réseaux sociaux. Mastodon, Flickr, Tumblr, Flipboard, PeerTube recourent aussi à ce standard ouvert.

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