Avec le temps, le nom d’une entreprise peut ne plus refléter les intentions pour lesquelles elle est venue au monde.
En la matière, OpenAI constitue un exemple frappant : quand la société spécialisée en intelligence artificielle a été fondée, en 2015, elle affichait une tonitruante volonté d’ouverture. Elle manifestait aussi un désintérêt pour la recherche de profit, en se qualifiant de société de recherche en IA à but non lucratif. But final d’OpenAI ? Créer une IA amicale pour l’humanité.
Un nom censé refléter l’ouverture
« Les chercheurs seront fortement encouragés à publier leurs travaux, que ce soit sous forme d’articles, de billets de blog ou de code, et nos brevets (s’il y en a) seront partagés avec le monde entier », était-il affirmé alors. La société se disait disposée à coopérer avec n’importe quelle institution et entreprise du secteur. C’est justement pour cela que le nom d’OpenAI a été choisi.
C’est ce qu’a rappelé Elon Musk, qui a participé à la naissance d’OpenAI avec d’autres, en février 2023. Il était alors attaqué sur son discours sur l’IA — il craint son émergence, mais fonde malgré tout OpenAI, ce qui serait illogique pour ses détracteurs. L’intéressé a admis, en 2017, ne pas avoir toutes les réponses sur l’IA.
« OpenAI a été créée en tant qu’entreprise à but non lucratif et à code source ouvert (c’est pourquoi je l’ai appelée ‘Open’ AI) pour faire contrepoids à Google », relatait-il dans un tweet. Mais, à ses yeux, la société a pris une direction opposée : « Elle est aujourd’hui devenue une entreprise à source fermée et à profit maximal, contrôlée de fait par Microsoft. »
L’accusation d’avoir trahi la promesse initiale
Ce virage a été observé en 2019, lorsque OpenAI a entamé une transition vers une recherche de profits — parce que la recherche coûte cher et qu’il faut être en capacité de la financer à long terme. La même année, Microsoft annonçait un investissement d’un milliard de dollars dans OpenAI. L’année suivante, les liens entre les deux partenaires se resserraient encore.
Cela ne s’est pas arrangé. Un accord entre les deux parties indiquait en 2020 que « Microsoft s’associe à OpenAI pour la licence exclusive du modèle de langage GPT-3 ». Malgré les mesures annoncées par OpenAI et Microsoft permettant, selon eux, d’atténuer cette exclusivité, ce revirement avait suscité l’ire d’Elon Musk : « Cela semble être le contraire de l’ouverture. »
Ainsi, OpenAI a choisi de publier une API plutôt que de mettre les modèles en libre accès. Trois raisons ont été évoquées : générer des revenus à travers cet accès ; faciliter l’accès à la technologie sans avoir besoin de sa propre infrastructure (qui est hors de portée pour nombre de participants) ; garder un contrôle sur la technologie, officiellement pour contenir les abus et les dérives.
Des arguments qui s’entendent, mais qui n’ont pas emporté l’adhésion d’Elon Musk. « OpenAI est essentiellement capté par Microsoft », estimait-il il y a trois ans. Son avis, aujourd’hui, n’a pas significativement évolué. Rien de surprenant, d’autant que Microsoft et OpenAI sont toujours plus proches : le premier a placé dans le second un autre investissement, de 10 milliards de dollars cette fois.
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