Les commissaires européens ont approuvé mardi 20 juillet la fusion du groupe japonais Sony Music et de l’allemand Bertelsmann, en jugeant que l’intégration des deux majors « ne créerait pas encore une position de domination collective« . Pourtant, avec Sony Music qui possède 14% du marché mondial et BMG qui en contrôle 11%, la fusion des deux entités placera le groupe au coude à coude avec Universal Music, jusqu’à présent grand leader avec 26% des parts de marché. EMI et Warner, les deux petites dont la fusion avait été refusée en 2000, possèdent tous deux 12% des parts de marché.
Entre Sony-BMG et Universal, plus de 50% de la musique vendue sur la planète sera donc contrôlée par seulement deux multinationales. Dans ses premières analyses, Bruxelles avait largement insisté sur cette perspective, et semblait indiquer qu’elle s’opposerait donc à la fusion, jugée incompatible avec le droit de la concurrence européen. Le risque de collusion sur les prix, accentué par le rapprochement de deux des cinq majors, était jusqu’au mois de juin un élément largement pris en compte par les commissaires.
Mais le mois dernier, après avoir écouté pendant deux jours les parties intéressées (et opposées) à la fusion, la commission dirigée par Mario Monti a soudainement considéré qu’il n’y avait pas « de preuves suffisamment fortes pour s’opposer à l’opération« .
Pour la musique en ligne, le risque est pourtant important. L’entente tacite sur les prix est déjà évidente sur Internet, comme le montrait notre article du 6 juillet, et la fusion entre Sony et BMG ne fera rien pour débloquer les prix vers le bas. Les indépendants, souvent exclus des plateformes de vente en ligne, tenteront une dernière carte pour s’opposer à l’intégration des deux groupes. L’IMPALA, qui regoupe plus de 1500 producteurs indépendants, a déjà laissé entendre qu’elle ferait appel de la décision auprès de la Cour de justice des communautés européennes.
Au delà, c’est également le lobbyisme qui se renforce à travers cette fusion. Avec deux interlocuteurs autour de la table qui représentent plus de la moitié du marché de la musique dans le monde, l’oreille sera encore mieux tendue aux majors lorsqu’il s’agira de valider de nouveaux projets de lois, ou de livrer une bataille sans merci contre les « pirates ».
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