Avant de se faire connaître en faisant faillite de manière impressionnante, FTX a eu recours à beaucoup de publicité. Que ce soit en payant des stars pour vanter ses mérites, en diffusant une publicité lors du SuperBowl, ou en sponsorisant des équipes sportives, la plateforme a tout fait pour faire parler d’elle. Aujourd’hui, c’est justement ce qui lui est reproché — et ce qui est reproché aux youtubeurs et influenceurs ayant participé aux campagnes de pub.
Un recours collectif a été déposé aux États-Unis par un groupe de victimes de FTX le 16 mars 2023, a annoncé TechCrunch. La plainte vise tout particulièrement des youtubeurs spécialisés dans les finances ainsi qu’une agence d’influence sur les réseaux sociaux. Ils sont tous accusés de ne pas avoir précisé leurs partenariats avec FTX, et d’avoir trompé leurs abonnés. Les plaignants demandent 1 milliard de dollars en dommage et intérêt.
1 milliard de dollars en dommages et intérêts
Dans le détail, les youtubeurs visés par la plainte sont
- Kevin Paffrath (qui compte 1,8 million d’abonnés sur sa chaîne Meet Kevin),
- Graham Stephan (4,2 M d’abonnés)
- Andrei Jikh (2,2 M),
- Jaspreet Singh (1,5 M),
- Brian Jung (1,2 M),
- Jeremy Lefebvre (700 000 abonnés),
- Tom Nash (284 K),
- Ben Armstrong (1,4 M),
- Erika Kullberg (1,2 M).
- Quant à l’agence, il s’agit de Creators Agency, qui s’occupe de gérer plusieurs influenceurs.
La plainte accuse les youtubeurs d’avoir « promu, assisté, et activement participé » aux opérations de trading de FTX. « Bien que FTX ait grassement payé les accusés pour qu’ils encouragent leurs abonnés à investir chez eux, les [influenceurs] n’ont pas clairement précisé la nature du partenariat entre eux, ni l’étendue du sponsoring de leur vidéo et leur paiement ». Le document accuse également les youtubeurs de ne pas s’être assez informés sur FTX avant d’en faire la promotion.
Étant donné l’étendue des pertes financières et de l’importance du krach de FTX, les plaignants estiment que beaucoup d’anciens clients risquent de ne jamais revoir leur argent. « Cette plainte [contre les influenceurs] est peut-être l’une des seules façons pour les victimes de retrouver une partie de l’argent qu’ils ont perdu », indique le document. Les plaignants demandent 1 milliard de dommages et intérêt aux youtubeurs pour leurs manquements.
Selon la plainte, des preuves démontreraient qu’« aucun des accusés n’a précisé dans ses vidéos sur YouTube ou sur les autres réseaux sociaux qu’ils avaient été payés des centaines de milliers, voire des millions de dollars par FTX ». Des méthodes qui constituent « une violation claire des régulations », et sans lesquelles « FTX n’aurait pas pu atteindre la taille qu’il avait atteinte », estiment les plaignants.
Des « contrats à 6 chiffres » avec des influenceurs
Dans une vidéo de réponse à la plainte, Kevin Paffrath a expliqué qu’il se sentait « vraiment désolé pour toutes les personnes qui ont perdu dans le krach de FTX ». Il a surtout insisté sur le fait que le « vrai criminel, c’est Sam Bankman-Fried », le fondateur de la plateforme qui est aujourd’hui accusé de fraude et de mauvaise gestion des fonds.
L’étendue des investissements de FTX dans les campagnes d’influence sur YouTube est difficile à quantifier précisément. Il était néanmoins conséquent : dans une autre vidéo, publiée après la faillite de FTX, Kevin Paffrath expliquait qu’il était payé 2 500 dollars à chaque fois qu’il mentionnait FTX dans une de ses vidéos. L’argent de l’entreprise aurait représenté près de 3% de son salaire annuel. Selon lui, il aurait cependant eu un accord ridicule avec la plateforme : d’autres youtubeurs auraient eu des contrats à 6 chiffres avec FTX.
Market Watch rapportait en effet en novembre 2022 que Jeremy Lefevbre, qui figure également dans la plainte, aurait eu un « contrat à 6 chiffres » avec la firme, jusqu’à ce qu’il l’annule avant la chute de FTX. « Tout le monde croyait qu’ils étaient aussi légitimes que les autres dans l’industrie crypto, et même dans le marché traditionnel », a déclaré Jeremy Lefevbre. « Quand nous cherchions un sponsor pour une vidéo, c’étaient eux qui avaient les moyens de surenchérir. Ils avaient assez d’argent à dépenser ».
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