C’est à Chambourcy, dans les Yvelines que l’américain Tesla a ouvert son nouveau showroom, qui, avec ses 3 500 m2, devient le plus grand espace sur notre territoire depuis l’arrivée de la marque en France il y a un peu plus d’un an. Et même si les équipements restent discrets pour qui ne possède pas de Tesla, la progression de l’entreprise sur le territoire français n’est pas négligeable : on compte déjà 27 stations et 114 super-chargeurs répartis sur le territoire. Placés stratégiquement sur des itinéraires populaires (par exemple, l’axe Paris-Côte d’Azur), ils permettent aux conducteurs de Model S de recharger leurs batteries en un rien de temps sur la route.
Alors que les premiers Model X seront livrés aux acheteurs français au premiers semestre de l’année 2016, Tesla a fait récemment l’actualité en activant son mode Autopilot, une fonctionnalité de pilotage automatique qui rend la voiture complètement autonome. Cette technologie se fonde sur plusieurs capteurs disséminés un peu partout autour de la voiture. C’est alliant les informations données par des sonars, des caméras et un repérage GPS précis que la Tesla Model S peut prendre votre place au poste de conduite et vous laisser vous détendre sur l’autoroute.
Et sur l’autoroute seulement : plusieurs vidéos réalisées en-dehors des limites du test proposé par Tesla ont tourné sur le web après l’activation de la conduite automatique avec la mise à jour 7.0 du système de bord de la voiture qui montraient des situations dangereuses où l’autopilote semblait s’emballer. Un début de polémique qui a fait réagir Elon Musk, qui a annoncé qu’il contraindrait l’activation de la fonctionnalité dans un futur proche. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas cela qui nous a retenu : ce matin, dans la Tesla Model S que nous avons testée, c’est la voiture qui conduisait.
Au volant d’une model S
Quand nous sommes montés dans la Model S qui allait servir de cobaye, notre copilote nous a d’abord fait une petite démonstration des fonctionnalités du tableau de bord. Et ce premier contact avec cette voiture qui fait rêver les technophiles nous a confirmé l’approche d’Elon Musk du marché de l’automobile : tout est user-friendly dans une Tesla. On a la sensation que ce bijou technologique a pris aux gadgets du quotidien toute leur immédiateté d’usage. Un écran tactile, un tableau de bord avec des icônes familières, des commandes électriques pour ajuster les sièges, des profils pour conserver les réglages… il n’a fallu que quelques minutes pour se sentir en confiance.
Au volant, dire que la Model S est agréable à conduire est un euphémisme. Entièrement électrique, elle ne fait aucun bruit et les seules vibrations qu’on peut ressentir sont celles de la route. Plusieurs modes de direction assistée sont proposés, du très souple pour les manœuvres au sportif qui permet au volant d’avoir plus de résistance. Sans encore parler de l’autopilote, on voit dès les premiers mètres que la voiture est un concentré de technologie : le tableau de bord affiche les véhicules devant nous, nous prévient par des zones éclairées du blanc au rouge autour de la voiture virtuelle qu’on s’approche d’un objet ou qu’on franchit une ligne, affiche l’état de santé de la voiture et notre position. On dirait qu’on a attaché des roues et un moteur à un smartphone haut de gamme.
La voiture repère aussi les panneaux de limitation de vitesse à notre place et, si le régulateur de vitesse adaptable est activé, il poussera la Model S à la vitesse maximale possible en respectant une distance de sécurité égale à trois voitures. Oui, cela signifie que si un véhicule déboule devant nous sans crier gare, la voiture va freiner progressivement ou déclencher son frein d’urgence si elle détecte un danger. Et au niveau de la puissance moteur, la réactivité est au rendez-vous : le modèle que nous avons testé était le P70 d’entrée de gamme et permettait déjà d’aller de 0 à 100 km/h en 5,4 secondes. Le mode Ludicrous du modèle haut de gamme, qui permet de passer 0 à 100 km/h en 3 secondes nous a littéralement scotché au siège quand nous l’avons testé pour retourner à Paris.
Mais tout cela avait déjà été expérimenté et testé depuis le lancement de la Model S et même si cette expérience reste très impressionnante pour qui n’est jamais monté dans la voiture électrique d’Elon Musk, l’autopilote est encore autre chose, une expérience d’un genre nouveau.
Activez l’autopilote
Après quelques minutes sur l’autoroute à jouer avec la puissance et les gadgets de la bête, mon copilote m’a demandé de me mettre sur la voie centrale. « Ramenez deux fois le commodo du régulateur de vitesse vers vous, me dit-il. Voilà, maintenant c’est la voiture qui conduit ». Et c’était tout. On sent que le volant se resserre, qu’il ne nous appartient plus. Il ne tourne pas, mais la voiture tourne toute seule. Elle suit le chemin renseigné par ses capteurs et reste parfaitement dans sa voie, à distance de sécurité de la voiture qui la précède.
La seule contrainte, c’est de garder les mains sur le volant. Je les laisse tout de même reposer au bas du volant pour sentir la voiture rouler toute seule à 110 km/h. La sensation est déstabilisante, on se demande perpétuellement si on est en contrôle, si la Model S va bien réagir. Car le plus dur, au fond, c’est d’admettre que tout va bien se passer. Mon copilote m’assure que l’adaptation est progressive mais qu’on s’y fait très vite. Et pourtant, ce n’est pas simple : la voiture, laissée à elle-même, fait tout mieux que nous. Ce camion, par exemple, je ne l’aurais clairement pas serré autant, habitué à conduire sur les autoroutes françaises où les poids lourds ne sont pas réputés pour leur savoir-vivre. Pour elle, il n’est qu’un objet comme un autre qu’elle doit laisser à distance de sécurité raisonnable pour pouvoir réagir en cas de problème. Ce qu’elle fait, à raison.
Les dépassements sont tout aussi impressionnants. Mettez simplement le clignotant dans la direction de la voie où vous souhaitez vous déporter et la Tesla fait son décalage toute seule, en prenant en compte les voitures sur la file de gauche, leurs intentions de se réinsérer et la vitesse à laquelle elles arrivent. Vous, vous n’auriez peut-être pas osé un déplacement qu’elle a légitimement considéré comme sécurisé — et qui l’était sans nul doute. Mais activer la conduite automatique, c’est considérer que la voiture prend les décisions à notre place. Vos premières frayeurs bien humaines seront aussi légitimes que les miennes, mais après quelques dépassements maîtrisés à la perfection, on sent déjà la confiance monter.
[floating-quote float= »right »]On vient de vivre une expérience dont on rêve depuis dix ans[/quote]
D’ailleurs, comme mon confrère qui a pris le volant juste après moi, vous aurez une tendance très naturelle à vouloir reprendre le contrôle quand vous vous sentirez en danger. Quand un camion a déboulé sans crier gare, depuis la droite qui plus est, il a mécaniquement appuyé sur le frein et désactivé l’autopilote qui était en train d’ajuster la vitesse et la trajectoire de la voiture. La voiture avait anticipé l’erreur du camion avec plus de douceur, mais notre copilote nous a dit que c’était une très bonne réaction car la fonctionnalité doit être peaufinée et Tesla souhaite que les gens restent encore concentrés sur la route. Et qu’ils réagissent en humains : toutes ces données de conduite permettent d’alimenter la base de données du constructeur qui lui est très précieuse pour améliorer ses logiciels sur le long terme. Contrairement à Google, qui n’a pas encore les moyens de déployer sa technologie pour le grand public, Tesla peut déjà confronter ses algorithmes à la réalité.
En sortant de la Model S pour retourner au RER, on se sent remplis d’une douce amertume. On vient de vivre une expérience dont on rêve depuis dix ans et on sait qu’il nous faudra avancer encore au moins dix ans dans le futur pour arriver au moment où la technologie sera éprouvée et où elle équipera massivement les véhicules de toutes les gammes. Vivement.
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