Jamais une guerre n’a vu autant de drones survoler les soldats. L’Ukraine, comme la Russie, utilisent et testent tous les modèles possibles, et toutes les autres armées scrutent leurs effets sur le déroulement des combats.
Qu’en est-il de l’armée française ? Après avoir accusé un retard dans les appareils aériens téléguidés, souligné par un rapport sénatorial en 2021, le ministère des Armées tente de rattraper le coup avec un investissement massif. Sébastien Lecornu, ministre des Armées, a annoncé début janvier l’acquisition de 3 500 drones pour la prochaine loi de programmation militaire et cinq milliards d’euros consacré au développement, à l’achat et la modernisation de ces engins sur la période 2024-2030.
Des projets de drones suicides ont été lancés, un appareil signé Safran est sorti en février et 400 mini-modèles ont été envoyés par la marque Parrot à la fin de l’année 2022. Numerama a pu observer la plupart de ces engins directement à la base aérienne 709 de Cognac-Châteaubernard. Tour d’horizon de l’arsenal aérien de l’armée française.
MQ9 Reaper
Le chasseur des airs américain est utilisée par l’armée française. Avec une envergure de 20 mètres, le MQ9 Reaper est le drone MALE (moyenne altitude, longue endurance) de référence des unités hexagonales. Cet appareil a été particulièrement utilisé au Mali. Il est capable de voler 24 heures d’affilée, d’atteindre les 480 km/h de vitesse, et de grimper à 15 000 mètres d’altitude. La France dispose de 12 modèles et espère élargir sa flotte à 24 appareils d’ici à 2030. L’utilisation du MQ9 Reaper par l’armée française est unique : elle utilise quatre pilotes pour chaque appareil. Deux pour la neutralisation et deux pour le renseignement. Un cinquième va entrer dans l’équipe pour le renseignement optique. C’est le seul drone équipé de missiles de l’armée française.
SMDM
Les drones du SMDM (systèmes de mini-drones embarqués de la marine de la société française SurveyCompter) équipent différentes unités de la Marine nationale comme les patrouilleurs de haute-mer, les nouveaux patrouilleurs d’outre-mer et les frégates de surveillance. Ces engins, capables de voler jusqu’à trois heures et à 25 milles (40 km) de leur navire-porteur, ont été déployés en 2022 et servent d’abord pour des missions de surveillance.
Patroller
Produit par Safran, le Patroller devrait être le bijou technologique de l’armée, mais il faut encore attendre avant de le voir en service. Un accident lors d’une campagne d’essais en vol en décembre 2019 a décalé le calendrier de livraisons. L’armée de Terre doit recevoir quatorze exemplaires et cinq stations de contrôle capables de surveiller une zone sur un rayon de 150 kilomètres. L’engin doit avoir une autonomie de 20 heures et plafonner à une altitude 6 000 mètres. Une version armée est en développement.
AeroVironment RQ-20 puma
Le RQ-20 Puma d’AeroVironment est l’un des drones militaires les plus populaires sur le marché. Commercialisé depuis 2008, il est conçu pour des missions de surveillance et de reconnaissance à basse altitude, a une portée de 16 km et peut rester en vol pendant plus de deux heures. Cet appareil peut directement être lancé dans les airs avec les mains par un militaire.
Skylark I-Lex
Le Skylark I-Lex est un drone de fabrication israélienne, à propulsion électrique. Il a une autonomie de 40 kilomètres et peut voler pendant trois heures. Utilisé par de nombreuses armées de l’OTAN pour des missions de reconnaissance, il a également servi lors de diverses opérations au Sahel.
Delair UX11
Le Delair UX11 est un drone de cartographie capable de traiter et définir des infos topographiques. Ce modèle peut voler pendant près d’une heure, jusqu’à 50 km de distance. D’abord utilisés pour le milieu civil professionnel, ces appareils servent à réaliser une carte d’une zone urbaine qui pourra ensuite être étudié en amont d’une opération.
Black Hornet
Principalement destiné aux missions urbaines, le Black Hornet Nano — le frelon noir, en anglais — ne mesure que 16 centimètres et pèse 33 grammes. Autant qu’un moineau. Il peut être équipé de deux ou trois caméras ainsi que d’un capteur infrarouge et relaie des informations jusqu’à 2 km de distance. La France s’est servi de ces appareils lors d’actions de surveillance pendant l’opération Barkhane au Sahel.
DJI
Les drones chinois DJI sont les nouvelles stars des combats en Ukraine. Leur utilité pour les combats rapprochés et leur faible coût font leur popularité. Néanmoins, une crainte subsiste compte tenu de la nationalité de la marque. Interrogée par Numerama, l’armée de l’air nous répond que les appareils ont été modifiés de manière « à ne pas être en contact avec les serveurs à l’étranger ». Une source anonyme nous indique que « le vol de ces appareils sur des bases françaises est interdit depuis 2018. Les entrainements se font en dehors de ces zones. À noter aussi que les modèles utilisés par l’armée française ont été entièrement déconnectés d’Internet, de manière à ce qu’aucune mise à jour ne soit activé et lance un signal en Chine. »
Parrot
Parrot, le challenger français de DJI, fournit aussi ses appareils à l’armée. Le modèle Anafi USA est fabriqué aux États-Unis et équipe l’armée américaine. Les forces armées françaises en ont commandé 400. Ces engins peuvent voler pendant 2h30 à une centaine de mètres de distance et distinguer des humains à partir d’images thermiques.
Hexadrone Tundra
Un autre modèle d’abord destiné aux professionnels. L’Hexadrone de Tundra est capable d’emporter jusqu’à 4 kg de matériel et peut voler pendant près d’une heure.
Au-delà de la reconnaissance et la neutralisation, les drones sont voués à être utilisés à de nombreuses tâches à l’avenir. Les dernières générations de tanks sont par exemple équipés de mini-appareils pour corriger la précision de leur tir. Une idée du futur sur le champ de bataille.
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