Si on observe le marché de la tech de loin, on pourrait penser qu’une marque qui s’appelle Nothing est un immense troll. Pourtant, l’entreprise fondée par Carl Pei, ex-OnePlus, s’est construite une belle place au soleil, grâce à un portfolio efficace, au design soigné. Il n’y a rien de profondément révolutionnaire dans ce que propose Nothing mais, jusqu’à maintenant, on peut conseiller ses produits sans aucun problème.
En 2023, l’heure est néanmoins à la confirmation pour Nothing, qui lance déjà la deuxième génération de son premier produit : les écouteurs ear (1), qui avaient fait forte impression à leur lancement avec un rapport qualité/prix inouï (moins de 100 € pour un accessoire aux prestations largement dans la moyenne). Au regard du niveau déjà atteint par leurs prédécesseurs, les bien nommés Nothing ear (2) ne bousculent pas vraiment l’ordre établi. Mais, pour le même prix (150 € désormais, il y a eu une hausse en cours d’année), ils font quasiment tout en mieux.
Points forts
- Design toujours aussi réussi
- Finitions en hausse
- Prestations améliorées (réduction de bruit, rendu audio)
Points faibles
- Autonomie faible
- Pourquoi avoir retiré la gestion du volume en balayant la tige ?
- Aucun argument massue face aux ear (1)
Même design, finitions à la hausse
Confort au top
Rien à redire en termes de confort : les ear (2), malgré une conception intra, se font oublier et tiennent parfaitement en place (on a couru avec).
Nothing a fait de la transparence son argument massue pour se distinguer de la concurrence. Les ear (1) en étaient le porte-étendard, et c’est également le cas pour les ear (2). Esthétiquement, les deux générations sont très, très proches : on retrouve cette tige au plastique translucide reliée à une coque qui ne laisse pas apparaître ses composants. On navigue donc en terrain connu — et conquis –, même s’il faut quand même souligner une qualité perçue bien supérieure. Sur la première version, le plastique faisait plus cheap. Nothing a décidé de soigner les finitions, un positionnement qui va de pair avec la hausse de tarif (de 100 à 150 €, pour rappel).
Si ce design transparent peut paraître atypique, cette originalité reste néanmoins à souligner. Pour certains, les écouteurs constituent un accessoire de mode en plus dans leur panoplie, et ces ear (2) sont très jolis. Ils sont à la fois discrets et suffisamment étonnants pour attirer le regard. À noter qu’ils ne sont pour le moment disponibles qu’en blanc. Mais on imagine qu’une déclinaison noire sera prochainement proposée, comme ce fut le cas pour les ear (1).
Les ear (2) sont bien évidemment livrés dans un boîtier de recharge, lequel reprend presque trait pour trait le format des ear (1) — tant pis pour celles et ceux qui préfèrent le design rouge à lèvre des ear (stick). Tout juste a-t-il perdu quelques millimètres pour se glisser plus facilement dans une poche ou un sac. Là encore, on observe de nettes améliorations sur la qualité du plastique et la fabrication au sens strict (on ne voit plus les marques de découpage). Il gagne par ailleurs une certification IP55, garantissant une protection contre la poussière et les projections d’eau. À l’usage, il semble moins sujet aux traces de doigts et aux rayures.
Une ergonomie repensée
Les ear (2) se connecteront en quelques secondes à votre appareil Bluetooth, sachant qu’il existe une application compagnon — Nothing X — pour gérer plus finement les différents paramètres des écouteurs. Nothing a revu les contrôles liés aux surfaces tactiles intégrées aux tiges. Sur les ear (1), il fallait tapoter. Sur les ear (2), il est nécessaire de pincer (difficile de ne pas y voir une inspiration des AirPods Pro d’Apple). Ce point est à la fois une bonne et une excellente nouvelle. Appuyer sur un objet enfoncé dans l’oreille n’est pas toujours très agréable. En revanche, ce changement implique un sacrifice très regrettable : la gestion du volume en glissant le doigt sur la tige a été étrangement abandonnée. Un paradoxe quand on sait qu’elle vient justement d’être ajoutée sur les AirPods Pro…
Par défaut, les ear (2) se contrôlent de la manière suivante :
- Pincement simple : gestion de la lecture et des appels (non personnalisable) ;
- Double pincement : chanson suivante ;
- Triple pincement : retour arrière ;
- Pincement long : mode de réduction de bruit.
Il est possible de personnaliser ces contrôles pour par exemple ajouter la gestion du volume (pincement long), indépendamment sur chacun des écouteurs. On peut même ajouter une manipulation supplémentaire : double pincement suivi d’un appui long.
C’est aussi depuis Nothing X qu’on peut accéder à un égaliseur pour affiner le rendu acoustique ou accéder à diverses fonctionnalités (la connexion multipoint, par exemple). L’interface se veut à la fois complète et pratique, et elle a gagné en stabilité depuis la commercialisation des ear (1).
Réduction de bruit largement dans la moyenne
Les ear (1) proposaient déjà une réduction active du bruit, un exploit pour un produit lancé sous la barre des 100 €. Les ear (2) n’ont pas perdu cette fonctionnalité, qui continue d’être très convaincante dans son travail d’atténuation — à condition d’opter pour le mode le plus efficace (et le plus énergivore). En revanche, si l’isolement est votre critère numéro 1, il faudra impérativement se tourner vers les références du marché que sont les AirPods Pro ou les Bose QuietComfort Earbuds II, qui donnent vraiment l’impression d’être happé dans une bulle de silence quand on les enfonce dans l’oreille. Il n’y a pas ce sentiment ici, plutôt une expérience qui permet de se plonger un peu plus dans son podcast ou sa playlist sans être (trop) embêté par les sons extérieurs.
Pour justifier l’existence de cette deuxième génération, Nothing vante les évolutions apportées au rendu acoustique. Il est vrai que la signature sonore s’avère globalement plaisante, avec un niveau généreux de détails et des basses reposantes (plus que sur les ear (1)). Les ingénieurs ne sont pas tombés dans le piège de l’esbroufe, même si on pourra noter un excès de zèle sur certaines fréquences (il leur arrive de siffler). Au global, l’écoute s’avère entraînante et profonde, ce qui correspond plutôt bien au positionnement tarifaire des écouteurs.
Attention, il n’y a pas non plus un fossé entre les ear (1) et les ear (2) et, sur certains morceaux, on peinera à faire la différence. La deuxième génération s’attache bien davantage à proposer un rendu moins brouillon et plus peaufiné, avec un équilibre qui se tient (léger manque d’aigu, basses qui gagneraient à s’affirmer un peu plus) et un sens de la fidélité bienvenu. Les ear (2) n’ont pas la prétention d’être des références acoustiques, simplement des écouteurs qui conviendront à un public très large.
Convaincant sur la majorité des critères, les ear (2) déçoivent sur un point crucial : l’autonomie. Nothing ne promet pas plus de quatre heures d’utilisation en une seule charge (avec la réduction de bruit activée), ce qui les place dans la fourchette très basse et au niveau des ear (1). L’entreprise a oublié d’améliorer ce point en termes d’endurance, la concurrence fait beaucoup mieux. Les ear (2) se rattrapent par la polyvalence du boîtier, qui peut remplir sa batterie via son port USB-C ou en sans fil.
Le verdict
Nothing Ear (2)
Voir la ficheOn a aimé
- Design toujours aussi réussi
- Finitions en hausse
- Prestations améliorées (réduction de bruit, rendu audio)
On a moins aimé
- Autonomie faible
- Pourquoi avoir retiré la gestion du volume en balayant la tige ?
- Aucun argument massue face aux ear (1)
Nothing parvient-il à transformer l’essai avec les ear (2), évolution naturelle des ear (1) ? Oui. Sur la majorité des critères, cette seconde génération est mieux. Finitions en hausse, rendu audio amélioré, réduction de bruit plus performante, ergonomie moins chahuté par des bugs… Nothing n’est plus la marque qui doit convaincre, mais celle qui doit s’affirmer. À moins de 150 €, les ear (2) constituent un excellent rapport qualité/prix. Si vous voulez mieux, il faudra payer plus cher.
Il est simplement dommage de constater que Nothing n’a pas trouvé un moyen de faire évoluer l’autonomie, sans conteste le plus gros défaut de ces ear (2). Sinon, il n’y a aucune révolution à attendre de ces écouteurs qui s’épanouissent dans le milieu de gamme et peuvent toujours miser sur un design atypique pour convaincre.
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