Corrélation n’est pas causalité. Il n’empêche. C’est un constat qu’il est difficile de dissocier de la récente actualité italienne concernant ChatGPT : depuis le blocage du chatbot d’OpenAI dans le pays, l’intérêt pour les réseaux privés virtuels (VPN) a connu un bond important dans le pays. C’est aussi le cas de plusieurs prestataires de VPN, à commencer par l’inévitable NordVPN.
Une popularité multipliée par cinq en deux jours
Sur l’outil Google Trends, qui permet de jauger le succès d’une recherche selon des critères variés d’analyse, le mot-clé « VPN » enregistre un bond à la toute fin du mois de mars. Or, c’est justement à ce moment-là que l’homologue italienne de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) a réclamé l’arrêt de ChatGPT dans le pays, en raison de plusieurs problèmes.
Tout au long du mois de mars, l’indice de popularité du mot-clé « VPN » se situait entre 13 et 24 points, dans une échelle allant de 0 à 100. C’est d’ailleurs une recherche qui était très stable dans le temps. Même en bougeant la fenêtre d’observation à 90 jours ou un an, on ne décelait pas de variation notable dans la courbe. Jusqu’au tournant de mars avril.
À partir du 31 mars, la courbe a explosé, passant à 30 points ce jour, puis à 100 le 1er avril. En deux jours, la proportion de recherches sur ce terme a été multipliée par cinq, ce qui dénote une hausse fulgurante. Or en Italie, il y a eu au même moment un fait majeur en lien avec le web : la décision d’OpenAI, à l’origine de ChatGPT, de bloquer l’accès aux internautes italiens.
Cela se confirme à travers un autre graphique, centré sur « ChatGPT ». Celui-ci décrit l’intérêt de la recherche en Italie pour l’agent conversationnel. On note une hausse progressive, avec une courbe qui se cabre davantage à la fin mars — forcément, la décision de la Cnil italienne suivie de celle d’OpenAI se sont retrouvées au cœur de l’actualité.
Les statistiques de Google Trends reposent sur les activités que Google voit dans son moteur de recherche. Cet outil offre une photographie exacte de ce qui se passe en ligne. Pour prendre l’exemple de l’Italie, la part de marché de Google dans ce pays est de plus de 94 % selon les données de StatCounter. Un pourcentage stable dans le temps.
Il reste toutefois à quantifier cette hausse de l’indice, avec ce passage de 20 à 100 en deux jours. Google Trends ne fournit pas d’échelle avec des données brutes. Une multiplication par cinq pourrait n’être en réalité pas grand-chose si le volume de base était de 10 recherches par jour, par exemple. On passerait à 50 recherches quotidiennes dans le pays. Ce serait anecdotique.
On peut croiser les constats de Google Trends avec d’autres données. Keyword Tool peut donner une estimation du volume de recherche. En février, la recherche sur « VPN » en Italie était d’environ 49 500. En rapprochant de nombre de la trajectoire observée dans Google Trends, on se trouverait donc sur un volume de recherche d’environ 250 000 au début du mois d’avril.
Ce sont bien sûr des estimations, mais elles permettent d’avoir des fourchettes des volumes en jeu. La recherche du mot-clé « VPN » était déjà assez haute en Italie en février, bien avant la décision de l’autorité de protection des données personnelles. Par conséquent, on peut raisonnablement établir que le blocage a poussé tout le monde à s’y intéresser.
Des prestataires VPN également recherchés
Il n’y a d’ailleurs pas que le mot-clé VPN qui a été plus intensément recherché dans le pays. Certains prestataires ont connu un intérêt plus ou moins marqué les 31 mars et 1er avril. C’est le cas de NordVPN, l’un des leaders de ce secteur, mais aussi de ProtonVPN.
Les autres plateformes semblent pour l’instant ne pas en tirer parti. Les courbes pour Surfshark, ExpressVPN, VyprVPN, Cyberghost et PureVPN n’ont pas montré de signe évident d’une explosion en lien avec la neutralisation de ChatGPT en Italie. On peut néanmoins imaginer que ces différents services ajusteront leur opération marketing dans le pays pour en tenir compte.
Pourquoi un tel engouement transalpin pour les réseaux privés virtuels ? Parce que l’une des caractéristiques les plus répandues de ces services est la « délocalisation » de votre adresse IP. Un VPN peut faire croire que vous vous connectez depuis un autre pays, en faisant passer votre connexion par un serveur situé à l’étranger : aux USA, en Allemagne, au Japon, etc.
Dans l’affaire italienne, l’intérêt est évident. Comme OpenAI effectue un blocage en se fondant sur la géolocalisation des internautes, les Italiens et les Italiennes qui ont envie de continuer à générer du texte avec le chatbot doivent lui faire croire qu’ils viennent d’ailleurs. OpenAI n’est pas responsable des agissements des internautes qui cherchent à passer entre les mailles du filet.
En France, ChatGPT est toujours accessible sans recourir à un VPN. Ce qui se passe en Italie donne toutefois une petite idée de ce qu’il se produirait dans l’Hexagone si une décision similaire était prise. Impossible ? C’est à voir : on recense déjà les premières plaintes. En outre, la Cnil a aussi le pouvoir de prendre une décision qui obligerait OpenAI à bannir aussi la France.
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