Les rapports se tendent entre Facebook et la Belgique. Condamné au début du mois de novembre dans un dossier relatif à la vie privée des internautes belges, le réseau social a choisi de se plier aux exigences du tribunal civil de Bruxelles d’une façon d’une façon tout à fait inattendue, suscitant l’ire de Willem Debeuckelaere, le président de la commission de la protection de la vie privée (CPVP).
Plutôt que de couper tout simplement ce traçage, le site américain a en effet bloqué purement et simplement l’accès à tous les internautes belges qui ne sont pas connectés au service. La conséquence est limpide : les contenus publics qui sont disponibles via une requête sur un moteur de recherche ne peuvent plus être consultés par les Belges, sauf s’ils se connectent à Facebook ou se créent un compte.
[floating-quote float= »right »]Le cynisme de Facebook atteint des sommets.[/quote]
« Ce n’est pas ce que nous avions demandé », s’est agacé Willem Debeuckelaere, cité par Le Vif. « Nous souhaitions que Facebook cesse de suivre les gens qui ne sont pas sur le réseau social. Point à la ligne. Cela semble être un jeu pour eux ». Et le patron de la CPVP d’ajouter qu’il voit dans cette méthode un effort de diaboliser l’autorité auprès des Belges, en la faisant passer pour le père fouettard. « Nous n’avions pas demandé cela. J’ai déjà dit précédemment qu’il s’agissait de chantage de la part de Facebook, et je le réitère ».
Signe que le sujet a pris une dimension particulière en Belgique, le secrétaire d’État à la protection de la vie privée, Bart Tommelein, a lui aussi pris la parole mais avec des propos nettement plus mesurés. « Ce n’est pas parce que c’est un acteur important et que l’impact de leurs décisions est grand que nous devons céder au chantage. Tout le monde doit respecter la législation sur la vie privée. Sans vie privée, pas de liberté »
Est-ce délibéré de la part de Facebook ? « S’il s’agit d’un moyen de pression, je le regrette, car ce n’est pas une solution », a ajouté le secrétaire d’État, tout en offrant une porte de sortie au réseau social. Peut-être celui-ci n’a-t-il pas pu se conformer immédiatement au jugement en première instance, l’obligeant à prendre des mesures provisoires le temps de s’adapter ? Dans ce cas, la situation serait plus acceptable.
Sans vie privée, pas de liberté
La situation que connaît actuellement la Belgique trouve son point d’origine dans le verdict rendu par le tribunal bruxellois il y a trois semaines. La justice a exigé de Facebook qu’il ne trace plus l’activité des internautes belges, lorsqu’ils visitent des sites web sur lesquels sont installés des boutons de partage comme le fameux « J’aime ». La procédure lancée par la CPVP fait suite à un rapport très sévère de l’autorité sur la question.
Comme nous l’expliquions alors, le réseau social est capable d’enregistrer l’information sur le fait qu’un internaute a visité une page si un bouton de partage hébergé par Facebook y figure. Même si l’usager n’est pas identifié avec son compte Facebook, la donnée est gardée dans un cookie avec un numéro d’identifiant unique à chaque navigateur, qui permet d’établir un profil pour livrer des publicités ciblées.
Facebook a fait appel de la décision.
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