L’irruption de l’intelligence artificielle générative provoque l’aggiornamento forcé de Google. L’entreprise américaine, qui a longtemps pu se reposer sur la domination insolente de son moteur de recherche, est aujourd’hui contrainte de se transformer, et vite. C’est ce que révèle le New York Times dans son édition du 16 avril, sur la foi de documents internes.
Un nouveau Google, bâti sur l’IA
Le journal mentionne en effet un projet quelque peu révolutionnaire pour la firme de Mountain View. Il est question de la création d’un nouveau moteur de recherche dont les fondamentaux techniques reposeront sur l’intelligence artificielle (IA). Peu d’éléments sont aujourd’hui disponibles sur ce chantier, car il s’agit d’une initiative manifestement récente.
D’après le NYT, la firme de Mountain View n’a aucun calendrier pour ce moteur de recherche fondé sur l’IA. Ce « nouveau Google » offrirait aux internautes une expérience bien plus personnalisée que le service actuel, en cherchant à anticiper leurs besoins. C’est pour le moins très vague, mais cela suggère qu’il faudra bien connaître les usagers.
Ce moteur de recherche bâti autour sur l’IA semble être un projet s’inscrivant sur le (très) long terme. À plus brève échéance, le quotidien américain signale l’existence d’un autre chantier, qui consiste à mettre à niveau son service actuel avec de l’IA. Nom de code du plan ? Magi. Ici, Google prévoit notamment de déployer un chatbot pour répondre à diverses questions.
Le quotidien américain évoque la mobilisation d’une équipe de 160 personnes sur Magi. Ce projet pourrait avoir lieu lors de la conférence Google I/O le 10 mai, dans la mesure où le déploiement des fonctionnalités de Magi se ferait progressivement, dès ce printemps, puis à l’automne. Seul le marché américain serait servi dans un premier temps.
Panique à bord
L’existence de ces deux programmes (un pour le court et moyen terme avec Magi, un pour le long terme avec le « nouveau Google ») témoigne d’une vive inquiétude stratégique chez le géant du web. En effet, l’IA générative menace comme jamais sa position dans la recherche en ligne et, donc, son avenir. C’est grâce à son moteur que Google gagne de l’argent, quasi-exclusivement.
On l’a déjà vu avec ChatGPT, d’OpenAI, que Microsoft intègre dans son écosystème. La firme de Redmond dispose ici d’une fenêtre de tir unique pour affaiblir son rival et pour que perce enfin à son propre moteur de recherche, Bing. C’est pour cela que le géant des logiciels met les bouchées doubles, par exemple en intégrant GPT-4 dans Bing sans crier gare, ou en ajoutant une IA générative d’image.
Pour Google, il y a le feu à la maison : comme le pointent nos confrères, Samsung a fait comprendre au géant du net que sa place de moteur de recherche par défaut n’est plus garantie. L’industriel sud-coréen envisage de privilégier Bing à l’avenir pour ses produits, ce qui serait un séisme compte tenu du poids de la marque dans le marché des smartphones.
La réaction de Google aurait d’ailleurs illustré l’enjeu : c’était la panique, d’après des messages internes. Google a signé un deal de 3 milliards de dollars pour être le moteur de recherche par défaut sur Samsung. Avec Apple, qui doit être renouvelé en 2023, il est de 20 milliards. Google dépense beaucoup pour cette place, mais c’est une dépense utile, qui sécurise aussi ses revenus.
Cela explique aussi pourquoi Google tente d’empêcher la révolution ChatGPT. La société se trouve dans une posture inconfortable, à ce titre : si elle a peur pour son avenir, et aimerait freiner ce développement des quatre fers, elle est aussi obligée de monter dans le train de l’IA générative : pas moins de 20 projets seraient ainsi en chantier chez Google, à l’image de Bard et LaMDA.
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