Google et les Big Tech de la Silicon Valley sont-ils en train de perdre la guerre de l’IA ? En pleine lutte avec Microsoft et OpenAI, la firme de Mountain View est en proie à une nouvelle forme de concurrence : l’open source. C’est en tout cas l’analyse de Luke Sernau, ingénieur logiciel senior chez Google.
Dans un document, le Googler remet en cause les barrières concurrentielles acquises par l’entreprise ces dernières années en matière d’IA. Publiée dans un premier temps en interne chez Google, la note a rapidement fuité sur un serveur Discord avant d’être publiée jeudi 4 mai sur le site de SemiAnalysis, entreprise spécialisée dans les tendances du marché technologique.
L’open source, trop rapidement oubliée ?
Les progrès de l’open source en matière ont été sous-estimés. Google a préféré porter son attention à son rival direct OpenAI sans se soucier de la communauté du libre et de ses avancées significatives. Une compétition acharnée qui ne verra peut être pas de vainqueurs monopolistiques.
« La vérité désagréable est que nous ne sommes pas en position de gagner cette course aux armements, et OpenAI non plus. Pendant que nous nous chamaillions, une troisième faction a tranquillement mangé notre déjeuner. Je parle, bien sûr, de l’open source. En clair, ils nous dépassent », argue Luke Sernau.
De nombreuses opérations jadis complexes et coûteuses sont maintenant à la portée du premier geek. L’ingénieur illustre ses propos de nombreuses actualités récentes. La fuite du modèle LLaMA de Meta a permis à la communauté open source de progresser plus rapidement dans le domaine.
Exécuter une LLM (un grand modèle de langage comme GPT-3 notamment) sur son smartphone est aujourd’hui possible. Tout comme personnaliser sa propre IA sur son ordinateur (fine–tuning). De nombreux modèles artistiques sont maintenant en usage libre sur de nombreuses plateformes. Enfin, le modèle ScienceQA SOTA multimodal n’a demandé qu’une heure de training pour être performant.
Google sur une pente glissante
Google et ses concurrents directs sont en mauvaise posture, assure Luke Sernau. Quel utilisateur sensé utiliserait un service payant, quand de nombreuses alternatives aussi puissantes seront disponibles gratuitement ?
« Si nos modèles conservent un léger avantage en termes de qualité, l’écart se réduit étonnamment vite. Les modèles à source ouverte sont plus rapides, plus personnalisables, plus privés et plus performants. Nous devrions nous demander où se situe réellement notre valeur ajoutée. »
Pour répondre rapidement à cette crise de l’open source, Sernau recommande d’accélérer les collaborations avec le monde du logiciel libre. Une préconisation qui pourrait se traduire par la priorisation des intégrations 3P, à savoir l’implémentation dans les produits de fonctionnalités basées sur des logiciels développés en externe.
Plus techniquement, l’ingénieur recommande à Google de travailler sur des modèles d’intelligence artificielle plus petits. Ces derniers sont plus faciles à modifier rapidement. Ils permettraient de rebondir plus vite et de rester compétitif. Des analyses et de premières conclusions déjà largement commentées dans le secteur.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.