On le sait : l’actualité de la tech est rythmée par les salons qui se tiennent au quatre coins du monde. De tous ces événements, le CES, ou Consumer Electronics Show, est un incontournable. D’une part, il est celui qui, chaque année, ouvre les hostilités et peut avoir le luxe de définir les tendances des mois à venir. D’autre part, c’est aussi un salon colossal qui réunit des milliers de journalistes, entreprises, startups et investisseurs dans les immenses hangars du Convention Center et les hôtels de Las Vegas.
Pour autant, en 2016 et comme les années précédentes depuis qu’Apple a lancé la mode avec succès, la keynote individuelle fait de l’ombre aux grandes expositions comme le CES. Et pour cause : au lieu d’être un point perdu au milieu de plusieurs milliers d’exposants, l’entreprise qui tient son événement privé devient le sujet privilégié de la presse et du public. L’innovation a troqué les allées bondées et bruyantes pour de petites salles où les produits présentés peuvent être confortablement pris en main par les journalistes.
Dès lors, pour éviter de subir une mort lente et inexorable, les salons ont petit à petit changé de formule. Plus que des produits finis, on y voit des prototypes et des modèles innovants que même les grandes marques testent sur un premier public. On y discerne des tendances et des signaux faibles qui pourront se renforcer dans l’année ou se taire à jamais. C’est aussi dans ces salons que les acteurs des nouveaux marchés, qui parlent aux technophiles mais restent discrets chez le grand public, peuvent mettre en avant leurs futurs produits. Car s’il est devenu extrêmement rare d’être surpris par les produits phares d’un constructeur lors d’un CES ou d’un MWC, ce sont dans ces allées reculées ou sur des stands annexes qu’on découvre des pépites.
Tout cela fait que le CES 2016 reste un événement crucial que nous allons couvrir sur Numerama, aussi bien depuis Las Vegas avec nos collègues de FrAndroid que depuis Paris. Vous retrouverez toutes l’actualité du salon, les annonces et les analyses sur notre page CES 2016.
Le salon n’ouvre officiellement que le 6 janvier : en attendant, faisons une petite revue des annonces attendues.
Du tech show à l’auto show
En 2016, on attend bizarrement beaucoup plus du marché de l’automobile que des constructeurs de gadgets en tous genres. Il faut dire que 2015 a multiplié les pistes qui ont ouvert un marché où la technologie devient le moteur de l’innovation industrielle. Que ce soit du côté de la voiture autonome, de la voiture connectée ou de l’électrification des véhicules, on attend cette année que les constructeurs révolutionnent la route pour de bon.
Une entreprise comme Tesla a très bien compris et anticipé cette démarche et communique déjà bien plus comme une entreprise tech que comme un constructeur automobile. Ce n’est pas pour autant qu’un Ford ou un Volkswagen va rester en arrière : les deux constructeurs historiques comptent bien impressionner lors de ce CES et ont toutes les armes pour le faire. Les petits nouveaux comme le mystérieux Faraday Future ou les entreprises de la tech qui s’attaquent au marché de l’automobile, que ce soit Google ou Uber, finissent de compléter un tableau qui s’annonce très riche.
Objets connectés everywhere
Vous voulez des objets connectés ? Vous allez en avoir. Si si, probablement jusqu’à perdre foi en l’innovation. C’est à peu près sûr que tous les constructeurs qui ont dans leur gamme un bidule qui peut collecter une donnée et vous l’afficher sur l’application d’un smartphone ne manquera pas de le faire. Cela va donner une masse d’informations dont vous n’aurez a priori pas besoin du tout, mais que voulez-vous, ce sera comme la 3D sur les téléviseurs des années 2010 : vous ne l’avez jamais activée, mais elle était vendue par défaut.
Les objets connectés : une masse d’informations dont vous n’aurez pas besoin du tout
Reste que si les startups se lancent sur le champs périlleux de la santé connectée, il faudra éviter de faire n’importe quoi. D’une part, parce que les données personnelles des utilisateurs sont particulièrement sensibles. D’autre part, parce que de mauvaises informations ne servent à rien et peuvent aller jusqu’à nuire : c’est ce que nous montrions dans notre enquête sur les objets prétendant améliorer le sommeil qui sont, grosso-modo, des jouets pour adultes.
Il s’agira alors de repérer les véritables produits qui, au lieu de créer des problèmes, apportent de véritables solutions à des problèmes existants. Et ils seront peu nombreux.
Des drones et de la réalité virtuelle
Deux marchés qui nous passionnent particulièrement sur Numerama risquent d’accueillir pas mal d’innovations en ce début d’année 2016 : les drones et la réalité virtuelle. Si les petits aéronefs volants font aujourd’hui à peu près tout et n’importe quoi, le marché arrive à maturité (et se voit d’ailleurs régulé un peu partout dans le monde) et on attend vraiment de la génération suivante qu’elle résolve les problèmes de la génération actuelle. On espère notamment que les drones de loisir puissent voler plus de 20 minutes et qu’ils aient, au niveau du logiciel, des fonctions avancées comme le suivi d’un sujet grâce à son smartphone.
Du côté de la réalité virtuelle, nous avons la conviction que c’est un marché immense et une nouvelle expérience du virtuel vraiment révolutionnaire qui peut malheureusement être gâchée par de mauvais produits. Les obstacles sont nombreux : une mauvaise définition des écrans, une gestion aléatoire des mouvements de tête ou une offre de divertissements pas assez fournie peuvent ruiner l’expérience… et le marché. Au prix de ces engins, si la sauce ne prend pas avec la génération qui arrive, on imagine mal le grand public repasser à la caisse. Tout reste à faire, mais sans précipitation. Et tant pis si 2016 n’est pas l’année de ce nouveau medium : on peut attendre.
Ce qui nous ferait vraiment rêver
Finalement, ce qui nous ferait vraiment rêver pour l’année 2016, ce sont des technologies matures. Le terme n’est pas à prendre au sens de leur durée d’existence sur le marché, mais au sens de la réflexion en amont qui les porte. Une voiture électrique avec une bonne autonomie et en pilotage automatique au niveau de la conduite, c’est une avancée mature : elle accompagne le conducteur et rend un service à la planète. C’est une réponse à au moins deux problèmes, les accidents de la route et la pollution des véhicules à essence, qui améliore le confort général de l’utilisateur.
En bref, soyez efficaces, innovants, clairs et utiles : surprenez-nous !
Si un objet technique crée plus de problème qu’il n’en résout, la Terre n’en a pas besoin. S’il pense son interface et ses services avec des standards conçus pour une élite technophile et se présente comme un objet grand public, nous n’en avons pas besoin non plus. S’il ajoute de l’inutile voire du danger au quotidien, comme les données des objets connectés actuels, c’est aussi dispensable.
En bref, soyez efficaces, innovants, clairs et utiles : surprenez-nous !
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