Le président des États-Unis sait qu’il n’arrivera pas à imposer l’interdiction de la vente libre d’armes à feu avant la fin de son second mandat, mais il ne désespère pas de réussir à renforcer la législation pour éviter au moins les morts accidentelles. Ainsi Cnet rapporte que Barack Obama a donné 90 jours aux ministères de la Défense, de la Justice et de la Sécurité Intérieure pour formuler des propositions autour des « armes intelligentes » qui pourraient remplacer à terme les armes exclusivement mécaniques.
L’objectif est de généraliser les systèmes de gestions de droits (DRM) sur les armes à feu, pour qu’elles ne tirent que lorsque c’est bien le propriétaire de l’arme qui l’active. En pratique, il peut s’agir par exemple de lecteurs d’empreintes qui s’assurent que la main qui tient le pistolet est bien celle du propriétaire légalement enregistré. Il peut aussi s’agir de technologies sans fil (RFID), qui interdisent le tir d’une munition tant qu’un objet appartenant au propriétaire n’est pas à proximité immédiate, tel qu’une montre ou un smartphone.
Intégrer un dispositif qui permettrait de désactiver un pistolet à distance
Selon le mémoire transmis par Barack Obama aux administrations concernées à la suite de l’attentat de San Bernardino et à de multiples tueries qui se produisent chaque jour aux États-Unis, « développer et promouvoir des technologies qui aideraient à empêcher ces tragédies est une priorité urgente ».
Il n’est pas question pour le moment d’interdire aux propriétaires d’armes à feu de tirer, mais à terme les technologies pourraient par exemple empêcher que des coups soient tirés en dehors de certaines zones géographiques, ou rapporter les tirs effectués par chacun. D’où l’opposition de la puissante NRA (National Riffle Association), le lobby des armes aux États-Unis, qui voit dans les « smart guns » un moyen pour l’État de ficher et de contrôler l’utilisation des armes à feu.
« Les partisans du contrôle des armes militent pour des lois qui interdiraient la vente d’armes à feu qui ne possèdent pas de technologies ‘intelligentes’, comme moyen d’interdire la fabrication d’armes à feu traditionnelles, d’augmenter le prix des pistolets qu’il serait légal de vendre et, probablement, d’intégrer dans les pistolets un dispositif qui permettrait aux armes à feu d’être désactivées à distance », écrit la NRA sur son site officiel.
Une fondation pour financer les smart guns
À la suite de la tuerie à l’école élémentaire de Sandy Hook à Newtown (Connecticut) qui avait fait 26 morts dont 20 enfants, un investisseur de la Silicon Valley, Ron Conway, a créé en 2012 la Smart Tech Challenges Foundation. Son but est de financer le développement de technologies de contrôle des armes à feu, et de militer pour leur généralisation.
L’an dernier, la fondation a mis en place 1 million de dollars de prix pour attirer les chercheurs et les entreprises, et financé 15 projets. Parmi ceux listés sur son site internet figure un pistolet le projet d’un adolescent de 18 ans, Kai Kloepfer, qui a conçu une arme dotée d’un lecteur d’empreintes digitales. La fondation lui a donné 50 000 dollars pour s’équiper d’une imprimante 3D professionnelle.
Des policiers ont reçu 25 000 dollars pour un chargeur qui ne s’ouvre qu’avec une identification biométrique ou un code PIN, alors que Omer Kiyani a reçu 100 000 dollars pour un boîtier qui ne libère l’accès à la détente qu’en présente d’une empreinte reconnue.
Entre autres inventions, Johathan Mossbert a reçu 100 000 dollars pour son fusil qui ne tire qu’en présence d’un anneau sur le doigt. La palme de l’originalité revient à John Stein, de la société Saamo, qui a mis au point une douille électronique à placer dans le chargeur. Celle-ci prévient le propriétaire de l’arme si quelqu’un la déplace ou tente de tirer un coup de feu avec elle.
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