Un peu comme dans le sport, les talents dans la cyber peuvent être précoces et repérés très tôt dans leur carrière. Le commandement français de la cyberdéfense (ComCyber) a organisé, avec le ministère de l’Éducation nationale, un concours en avril 2023, dans les lycées et BTS franciliens. Son format, « Capture the flag » (capturer le drapeau), est un type de compétition très courant dans la cyber. La remise des prix a eu lieu ce 10 mai : cinq jeunes de terminales au lycée Louis-le-Grand de Paris (équipe Error 451 : Byte me), et six étudiants en BTS au lycée polyvalent de Cachan ont chacun réussi toutes les épreuves dans leur catégorie respective.
Au programme : du chiffrement, de la sécurité des réseaux, un peu de programmation et bien évidemment de l’infiltration de système. L’épreuve est remportée une fois que les jeunes hackers ont trouvé le fameux drapeau parmi tous les dispositifs à contourner.
L’équipe de BTS, baptisée « Flag Trackers », a réussi à accomplir toutes les tâches en quatre heures seulement. « Un niveau moyen en termes de difficulté », estiment Étienne et Gibril, deux membres de l’équipe. « La répartition des tâches est ce qui permet de gagner rapidement. Le chiffrement, par exemple, était la spécialité d’un membre, quand un autre était capable de mener une injection SQL », nous raconte Aymane, 19 ans. Les gagnants du concours remportent une formation en ligne en cybersécurité.
Des envies d’intégrer l’armée après ce concours ? « Pas vraiment », nous répondent les jeunes. Mais, les vocations ne sont pas créées seulement chez les gagnants. Le concours est considéré comme un succès pour le ComCyber, puisqu’il a réuni 900 participants à travers la région Ile-de-France, dont « 200 filles » indique l’armée qui espère aussi féminiser la profession. Une nouvelle édition est déjà annoncée pour 2024, cette fois à travers tout le territoire.
Des liens entre le privé et l’armée
L’armée cherche ses soldats, et ses cybercombattants, pour ne pas dire des militaires capables de hacker. « Dans le cadre d’une opération, je vais être amené à attaquer les systèmes d’information et systèmes d’armes de mon adversaire. Si mon adversaire possède, par exemple, des chars coordonnés entre eux, si j’arrive à neutraliser un char et par ce mode d’action neutraliser tous ses chars, j’ai un adversaire en moins dans le combat à mener. Notre mode d’action est différent de la vision du hacker ou du cybercriminel, ici, nous parlons d’attaques de systèmes d’information ou de systèmes d’armes dans un cadre opérationnel en appui des forces armées », nous explique le général Aymeric Bonnemaison, commandant de la cyberdéfense.
« Si je peux contribuer à un éveil au niveau national, ici avec l’éducation nationale pour montrer aux jeunes que c’est parfois une orientation à laquelle ils ne pensent pas et pourtant, il y a des débouchés absolument majeurs. Avant, on pensait recruter pour 25 ou 30 ans ; aujourd’hui nous sommes d’avantage sur une logique de recrutement où l’on se dit « vous venez 6 ans, vous allez acquérir une véritable expérience, vivre dans une certaine ambiance, appartenir à une de nos entités, servir votre pays et si vous le souhaitez, vous resterez et sinon, vous pouvez aller ensuite dans d’autres sociétés où votre expérience sera reconnue », affirme le général Bonnemaison.
Des pays comme Israël et l’Estonie sont deux exemples de société ayant multiplié les passerelles entre le secteur privé et l’armée. Le service militaire imposé dans l’État hébreu joue pour beaucoup dans cette complicité entre les deux mondes, quand l’Estonie mise plutôt sur des réservistes fréquemment sollicités. La France espère également renforcer sa réserve avec un objectif de 500 membres dans la cyberdéfense, contre 300 aujourd’hui.
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