Les continents asiatiques, américains, ou africains n’ont pas toujours été séparés par les océans. La théorie de la dérive des continents introduite par Wegener puis de la technonique des plaques nous ont appris au début du siècle dernier que tous ces continents se touchaient avant de se séparer totalement. Ne sommes nous pas entrain de vivre, grâce à Internet et au Peer-to-Peer, une séparation semblable des plaques dans le domaine de l’accès à la culture, alors que les majors de la RIAA tentent à tous prix, contre les phénomènes naturels, de préserver la Pangée ?

Qui peut aujourd’hui lire avec clarté ce qui se passe dans le monde du P2P ? Tout semble aller dans toutes les directions, sans que l’on ne sache véritablement où l’ensemble aboutira.

Du côté de la justice, on semble pour l’instant avoir choisi le bon côté de la balance, que ce soit au Canada en proclamant que le téléchargement comme la mise en partage sont légaux, aux Etats-Unis en reconnaissant la légitimité des services Grokster et Morpheus, aux Pays-Bas en déboutant par deux fois la SACEM locale, ou même en France en s’attaquant aux protections anti copie privée.

Tectonique du P2PLa plaque des producteurs, évidemment, suit un mouvement inverse, en multipliant les poursuites judiciaires contre les consommateurs, et en faisant pression sur les plaques politiques et juridiques pour former ensemble une chaîne de montagnes barrant la voie aux violations de droits d’auteur.

C’est ainsi qu’en France sera discutée dans les semaines prochaines la transposition de la directive EUCD, véritable DMCA européen condamnant le détournement des mesures de contrôle des consommateurs. Aux Etats-Unis, le projet de loi INDUCE condamnera peut-être bientôt toute entreprise commerciale induisant une violation de copyrights, et soulève ainsi l’ire des internautes et des industriels qui se sentent évidemment menacés. Mais voilà qu’en plus le Piracy Deterrence and Education Act a été approuvé jeudi par la commission judiciaire américaine. Ce projet en bonne voie d’adoption prévoit une peine de trois ans d’emprisonnement pour ceux qui rendent illégalement des œuvres disponibles sur les réseaux P2P, et même cinq ans pour ceux qui en tirent un profit.

La plaque des artistes, elle, semble de plus en plus vouloir s’éloigner de la plaque des producteurs et des politiques. Jon Pareles signait vendredi un article dans le New-York Times déclarant que le téléchargement sur les réseaux P2P était légal. L’article donne aux centaines de milliers de lecteurs du journal des liens vers de jouissives ressources gratuites où la musique peut s’écouter voire se télécharger librement, avec l’autorisation gracieuse des artistes et de leurs labels (ce que nous vous permettrons nous-même très bientôt). Boogieplayer, membre honoraire de Ratiatum et fidèle lieutenant du P2P, publiait hier samedi sur son site Argael.net la transcription d’une conversation passionnante avec le compositeur Serge Franklin. A propos du téléchargement massif de fichiers MP3, celui qui compose régulièrement pour le cinéma répond : « Personne n’a les moyen de tout s’offrir en matière de musique, alors… doit on les priver de culture sous cet unique prétexte ?« . Dans un autre registre, sur Canal+, Marianne James (la fameuse auteur du « vous avez de la merde dans les oreilles ») n’hésitait pas la semaine dernière à critiquer les majors, en disant que depuis que le piratage monte, elle se réjouit de voir le public retourner en masse dans les salles de spectacle voir des artistes qu’ils découvrent et apprécient.

Artistes et consommateurs se rapprochent ainsi grâce à une technologie qui leur permet de le faire : Internet. Ils se décrochent progressivement de la plaque des producteurs et des politiques. Certes, ce mouvement tectonique provoque quelques tremblements de terre. Mais les tremblements de terre n’ont jamais arrêté la Terre de tourner…

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