A l’occasion de la sortie de Windows 7 en octobre, Microsoft forme des vendeurs aux Etats-Unis pour défendre la nouvelle version du système d’exploitation face à Linux. Selon la firme de Redmond, le système libre serait moins sûr, plus difficile d’utilisation et moins riche en fonctionnalités que Windows.

Microsoft prendrait-il vraiment peur de Linux ? Nous l’avons dit souvent, le système d’exploitation libre et gratuit représente de plus en plus une menace pour le géant de Redmond à mesure que les applications se déportent vers Internet. Pour un nombre de plus en plus élevé d’utilisateurs, le système d’exploitation ne sert plus qu’à lancer le navigateur. Le reste se passe en ligne. Microsoft, qui doit éviter l’échec de Windows Vista et vendre son système d’exploitation Windows 7, l’a bien compris. Il cherche désormais à convaincre les vendeurs d’ordinateurs que Windows est mieux que Linux pour leurs clients.

Un employé de la chaîne de magasins Best Buy a en effet publié sur son blog des copies d’écran d’une présentation réalisée par Microsoft lors des formations Microsoft ExpertZone dispensés aux vendeurs qui le souhaitent aux Etats-Unis. Pour les convaincre d’y participer, Microsoft leur propose d’acheter une copie de Windows 7 à seulement 10 dollars à la fin de leur formation. « Je me suis dit que j’allais le prendre et le revendre pour gagner rapidement de l’argent« , raconte-t-il. « Mais, pendant mes modules de formation, un module ‘Linux vs Windows 7’ est apparu« .

Les argumentaires affirment que Linux supportent peu d’appareils photo, d’imprimantes, de scanners, de baladeurs MP3, ou d’iPod, alors que Windows serait compatible avec tous. Ou encore que la liste des logiciels compatibles avec Linux serait limitée, alors que celle des logiciels compatibles avec Windows serait « étendue ». La présentation prend également l’exemple des jeux comme World of Warcraft, qui ne seraient pas compatibles avec Linux, ou du chat vidéo qui serait indisponible sous Linux sur les principaux réseaux de messagerie instantanée.

Toutes ces affirmations sont en partie vraies. Personne ne peut nier de bonne foi que les probabilités qu’un matériel plug&play fonctionne tout de suite sous Windows sont plus élevées que sous Linux, ou qu’un logiciel a plus de chances d’être conçu pour fonctionner sous Windows que sous le système libre. Bien sûr, les puristes trouveront les parades, à base de Wine et de logiciels alternatifs. Mais ce que dit Microsoft est globalement vrai pour le commun des utilisateurs. Pour la simple raison que toute la stratégie de Microsoft pour imposer Windows s’est précisément fondée sur ce calcul très simple sous forme de cercle vicieux : plus Windows sera présent sur les ordinateurs, plus il sera incontournable pour les constructeurs et les éditeurs de logiciels, et plus Windows sera encore plus indispensable et présent sur les ordinateurs. C’est justement par ce calcul que Microsoft n’a pas bataillé avec plus d’acharnement contre le piratage de Windows, qui lui rendait en fait service.

Une page de la présentation assure également, véritable provocation à l’égard de la communauté du logiciel libre, que l’idée selon laquelle « Linux est plus sûr que Windows » serait « un mythe« .

« Il n’y a aucune garantie que lorsque des vulnérabilités sont découvertes, une mise à jour sera créée. Les utilisateurs doivent se débrouiller tout seul« , peut-on lire sur l’argumentaire, qui vante les mérites des mises à jour automatiques de Windows.

De même, Microsoft estime qu’il est faux de prétendre que « Linux est facile à apprendre et répondra aux attentes des consommateurs sur les choses qu’ils peuvent faire avec leur ordinateur« .

« Linux est une solution pour autodidacte. Il n’y a pas de tutoriels étape par étape, et la documentation d’aide est limitée« , affirme le document. De plus, « parce qu’il y a plusieurs ‘parfums’ de Linux, vous ne pouvez pas apprendre une version et être sûr de les connaître toutes« .

Aujourd’hui, très peu d’ordinateurs sont vendus sous Linux. Même Asus, qui avait proposé des Eee PC sans Windows, est revenu sur sa décision à la demande des consommateurs et sous la pression de Microsoft. L’argumentaire est donc inutile aujourd’hui. Mais le géant de Redmond anticipe sans doute la sortie de Chrome OS, le système d’exploitation de Google basé sur Linux, prévu l’an prochain.

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