La généralisation de l’intelligence artificielle inquiète le gendarme de l’Internet chinois. Alors que les grandes entreprises du pays comme Baidu ou Alibaba multiplient l’intégration de l’IA dans leurs services en ligne, les autorités craignent que la technologie ne pervertisse les valeurs de la société chinoise, en clair celle du Parti communiste au pouvoir.
Dans son dernier rapport sur le développement de la Chine numérique publié mardi 23 mai et relayé par le South China Morning Post, l’administration chinoise du cyberespace (CAC) analyse les grandes tendances en matière d’innovation technologique sur l’année 2022. Le bureau souligne notamment les dangers liés à l’émergence de l’IA générative, du Web3 de l’informatique quantique ou encore de la blockchain.
Des technologies connotées pour Pékin
Dans son exposé des griefs, l’autorité de régulation de l’Internet affirme que l’IA et les nouvelles technologies (développées en grande partie à l’étranger) constituent de véritables dangers pour l’éthique, la vie privée et pourraient également être détournées pour produire des contenus abusifs. Dans son rapport, le CAC souligne avec insistance les biais liés à l’« incorporation de valeurs. »
Par cette expression mystique, l’administration évoque régulièrement la transformation idéologique induite par l’adoption massive des nouvelles technologies tout droit venues de l’étranger. L’agence reconnaît toutefois que l’assimilation de l’IA générative est indéniable et va profondément changer « la façon de travailler, de vivre, d’apprendre et d’innover, et poser des exigences plus élevées en matière de culture et de compétences numériques. ». Un modèle de langage développé par un Américain ne risque-t-il pas d’avoir des biais américains ?
Une réglementation en discussion
Le 12 avril, l’administration chinoise du cyberespace a annoncé la mise en application prochaine d’une réglementation plus stricte pour encadrer les services basés sur l’IA. Avant toute homologation, les développeurs d’application devront laisser les autorités réaliser un audit de sécurité afin de vérifier que les contenus générés reflètent « les valeurs socialistes fondamentales ». De même, aucun élément relatif à « la subversion du pouvoir de l’État » ne doit être produit.
Ce nouveau règlement doit permettre officiellement « le développement sain et la mise en application standard de la technologie d’intelligence artificielle générative. » En Chine, les autorités ne sont pas tendres avec les auteurs de contenus subversifs générés par IA. Début mai, un homme soupçonné d’avoir généré une fake news (selon la vision chinoise des faits) avec ChatGPT a été arrêté. Il est passible d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à 10 ans.
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