Sous Elon Musk, Twitter n’a pas refusé une seule demande de retrait ou d’identification de la part des États et des tribunaux. Il y a quelques mois, Elon Musk dénonçait pourtant les agissements des anciens propriétaires, trop complaisants selon lui.

Les engagements brandis par Elon Musk de faire de Twitter un espace de liberté d’expression indépendant des politiques semblent définitivement de vaines promesses

Depuis son rachat par le milliardaire en octobre 2022, le réseau social a accepté la totalité des demandes de censure ou de surveillance des États, comme le révèle un recensement saisi par Twitter dans la base de données Lumen, analysé par Rest of the world. Une réalité qui risque de ne pas plaire aux fans d’Elon Musk, alors que le milliardaire s’est longtemps offusqué de ces demandes étatiques, tout en promettant de ne pas faire la même chose.

Twitter s’est entièrement conformé à 83% des demandes et les a toutes acceptées

Pour faire retirer des publications controversées sur les réseaux sociaux ou identifier des comptes anonymes, les États et les tribunaux demandent régulièrement de l’aide à Twitter. Sur les 971 requêtes de ce type reçues par le réseau social entre le 27 octobre 2022 et le 26 avril 2023 dernier, la plateforme n’en a refusé aucune. Avant son rachat, Twitter avait déjà refusé de satisfaire plusieurs requêtes, dont huit dans l’année précédant la reprise de Musk.

Depuis son rachat, Twitter s’est aussi conformé entièrement à 808 demandes. Au passage, le taux de conformité « intégrale » à ces requêtes est passé de 50 % à 83 %. Entre octobre 2021 et octobre 2022, les données montrent que Twitter n’obtempérait que dans la moitié des cas.

Paradoxalement, Elon Musk est un fervent opposant à la collaboration des grandes plateformes avec les États, alors qu’elles se contentent la plupart du temps de répondre au droit. « Le degré auquel différentes agences du gouvernement avaient effectivement un accès total à tout ce qui se passait sur Twitter m’a stupéfié. Je ne le réalisais pas », avait lancé l’entrepreneur le mois dernier, après avoir déjà dénoncé la pratique dans ses « Twitter Files ». Elon Musk affirmait alors que la Maison-Blanche pouvait accéder aux messages privés des utilisateurs, sans expliquer à ses abonnés qu’il s’agissait du fonctionnement légal, auquel toutes les grandes plateformes, dont son Twitter, doivent se soumettre.

La Turquie et l’Inde, grandes championnes de la censure

La moitié des demandes reçues (491 au total d’après le décompte de Numerama) émanent de la Turquie – et 29, soit moins de 3 % d’entre elles, proviennent de France. L’Inde (50 requêtes) et plus étrangement l’Allemagne (255), qui a récemment renforcé son action contre les contenus haineux et extrémistes, apparaissent également en bonne position dans le classement.

L’attitude de Twitter contraste fortement avec ses engagements précédents contre la censure. En 2014, le réseau social avait ainsi été banni de Turquie pendant deux semaines pour avoir refusé de bloquer à l’échelle mondiale une publication accusant de corruption un ancien officiel du gouvernement. En juillet 2022, Twitter avait même poursuivi le gouvernement indien pour avoir ordonné de restreindre la visibilité de certains tweets. Depuis, Twitter a approuvé plus de 100 blocages sur demande de la Turquie, dont ceux de journalistes, de personnalités politiques étrangères ou même de la poétesse Rupi Kaur. 

Les licenciements massifs en cause ?

Comment expliquer cette différence entre la réalité et les promesses d’Elon Musk ? Les coupes salariales chez Twitter, qui ont déjà décimé l’équipe en charge de la modération, ont peut-être eu une influence dans la capacité à traiter ces demandes, suppose Rest of the world.

Ce mois-ci, la Cour suprême des États-Unis a par ailleurs accordé une victoire de taille à Twitter, Facebook et Google, qui ne pourront pas être poursuivis par des victimes d’attentats qui leur reprochaient d’avoir été « complices » du groupe État islamique en ayant relayé sa propagande.

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