L’idée de faire du streaming en P2P n’est pas nouvelle, loin s’en faut. Il y a déjà de nombreuses années que les premières technologies ont fait leur apparition, notamment en France avec la société 1-Click qui avait diffusé certains matchs de Roland Garros en peer-to-peer. Mais ce sont les Chinois qui dominent aujourd’hui véritablement le marché. Xunlei, PPLive, PPStream, QQLive, UUSee ou encore Tudou sont des noms bien connus y compris en occident. Les amateurs de sport trouvent en effet dans ces logiciels les moyens de regarder gratuitement la plupart des matchs de football ou des rencontres de tennis lors des Grand Chelems.
L’an dernier, le site néerlandais Mininova avait annoncé l’arrivée d’une fonctionnalité de streaming basée sur Tribler. Le logiciel P2P open-source européen est développé par une équipe de l’Université de Technologie de Delft, aux Pays-Bas, qui participe à l’initiative P2P-Next qui a reçu 15 millions d’euros de financement public de la part de l’Union Européenne. Mais depuis, on n’a encore rien vu venir.
L’inventeur de BitTorrent Bram Cohen semble s’en amuser, et prépare lui-même une solution de streaming en P2P. « Les benchmarks de streaming en direct de Tribler sont une blague, je vise moins de 5 secondes de délai« , a provoqué le new-yorkais sur Twitter. Il reproche aux solutions actuelles de streaming en P2P d’avoir un temps de mise en cache beaucoup trop lent, et de consommer trop de bande passante dans des données hors-vidéo. Ce qui, au final, nuit à la qualité du streaming.
Interrogé par Torrentfreak, Bram Cohen estime qu’il y a selon lui « un marché très important pour le streaming en direct en général, et pour le moment personne n’a démontré qu’une solution P2P pouvait réunir les exigences pratiques pour devenir une solution acceptable pour le direct« . « J’ai l’intention de changer ça« , affirme celui qui avait créé BitTorrent pour accélérer les échanges de fichiers en P2P qu’il trouvait trop lents sur les solutions d’alors comme Napster, Kazaa ou eDonkey (eMule).
Un brin prétentieux, il trouve qu’il y a sur le marché du streaming en P2P « énormément de mauvaises technologies qui ont échoué sur le plan des ventes et du marketing« . Les Chinois, pourtant, semblent très bien s’en sortir. Le leader PPLive aurait généré 23 millions de yuans (2,13 millions d’euros) de chiffre d’affaires au premier semestre 2008, et employait alors 110 personnes.
Pour réussir à réduire à moins de 5 secondes le temps de latence entre le moment où l’utilisateur lance un stream et le moment où la vidéo s’affiche à l’écran, Bram Cohen mise sur une remise à plat complète du protocole, pour limiter au maximum les données échangées en dehors du contenu lui-même (tout ce qu’il faut dans un réseau P2P pour savoir à qui envoyer quelles données, ou chez qui aller les chercher). « Ma bande passante supplémentaire réelle sera de moins de 10 %« , assure l’ingénieur à TorrentFreak. « J’ai comme approche de regarder tous les benchmarks importants (latence, bande passante supplémentaire nécessaire, pourcentage de surplus) comme étant centraux pour l’ensemble, et de faire tourner constamment des simulations réalistes pour avoir une bonne idée de ce qu’ils sont et m’aider à les optimiser« .
Le but est d’utiliser le maximum de bande passante possible, en gardant toujours ce qu’il faut sous le pied pour maintenir une qualité de streaming constante et sans coupure en cas de problème passager sur le réseau. Pour ce faire, Cohen prévoit de réserver une marge de 20 % de bande passante.
Il faudra cependant patienter avant que la solution miracle de Bram Cohen voit le jour. Il en est toujours aux premières étapes de développement, et espère simplement sortir une première version fonctionnelle dans le courant de l’année prochaine.
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