Black Mirror a pris pour habitude de nous faire angoisser et de nous interroger sur notre utilisation des nouvelles technologies. Après avoir imaginé des nanorobots, des implants neuronaux et même une intelligence artificielle qui prend peu à peu la place d’une chanteuse, il semblait tout naturel que les créateurs de la série s’intéressent à ChatGPT. Et c’est exactement ce qu’ils ont fait.
Dans une interview accordée au magazine américain Empire, le 6 juin, Charlie Brooker, le créateur de la série, a expliqué qu’il avait essayé le chatbot développé par OpenAI. Naturellement, « la première chose que j’ai faite a été de lui demander de générer un épisode de Black Mirror », a-t-il raconté.
« Il n’y a rien de vraiment original là-dedans »
Dans l’interview, Charlie Brooker raconte que le résultat n’était pas vraiment à la hauteur de ses attentes. ChatGPT « a proposé quelque chose qui, au premier regard, tenait la route ». Cependant, « à mieux regarder, c’était de la merde. Tout ce qu’il a fait était prendre tous les synopsis des épisodes de Black Mirror, et il les a en quelque sorte combinés tous ensemble. Quand vous creusez un peu, vous vous dites ‘Oh, il n’y a rien de vraiment original là-dedans’ », raconte-t-il.
Mais l’expérience n’a pas pour autant été inutile. Le créateur indique qu’elle lui a permis de se rendre compte de certains de ses défauts d’écriture. « Je sais que j’ai écrit plein d’épisodes où les gens se disent ‘Oh, j’étais dans un ordinateur tout du long’. Donc, je me suis dit que j’allais penser autrement à ce qui fait un épisode de Black Mirror. Il n’y a pas d’intérêt à faire une série d’anthologies si vous ne pouvez pas briser vos propres règles ».
Malheureusement, on n’en sait pas plus sur le contenu de l’épisode écrit par ChatGPT. Parlait-il de lui-même, d’intelligence artificielle, ou d’exploration spatiale ? Il faudra certainement attendre une autre interview de Charlie Brooker pour le savoir.
Il est en tout cas peu étonnant que voir que les équipes de Black Mirror s’intéressent à l’intelligence artificielle. Depuis la première saison, la série décortique les nouvelles technologies, mais surtout, nous montre que les dérives viennent des humains eux-mêmes. En ce moment, l’IA est un sujet tout trouvé : ChatGPT fait constamment la une des journaux, et même les dirigeants du milieu demandent un encadrement de ces outils afin qu’ils ne représentent pas de risques pour l’humanité.
Il serait légitime d’être déçu que Charlie Brooker ne soit pas allé jusqu’au bout de l’histoire : la démarche aurait pu livrer une vraie mise en abyme dystopique, en révélant seulement à la fin que l’épisode provenait d’une IA, et montrant, peut-être, les failles d’une telle écriture.
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