Le directeur général de l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information (Anssi) a fait savoir qu’il était farouchement opposé à l’idée de créer au niveau national un OS souverain conseillé aux Français.

Lors de l’examen du projet de loi numérique, les députés ont demandé au gouvernement de travailler à la mise en place d’un commissariat à la souveraineté numérique, qui aurait notamment en charge de créer un OS souverain, pour proposer une alternative aux Windows, Android et autres iOS américains. L’idée d’un système d’exploitation français ou européen avait été envisagée chez Orange en 2010, et reprise par le ministre Arnaud Montebourg dans le cadre de sa campagne pour le made-in-France.

Mais le directeur général de l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information (Anssi), Guillaume Poupard, prévient d’ores et déjà qu’un projet d’OS national serait une aberration, et s’y oppose catégoriquement.

Guillaume Poupard, Directeur général de l'ANSSI.

Guillaume Poupard, Directeur général de l’ANSSI.

« C’est technologiquement un non-sens », tranche celui qui pilote la sécurité informatique de la France. « Si c’est pour que l’Etat mette plein de saletés dedans, je m’y opposerai », a-t-il même lancé lors d’une conférence au Forum international de la cybersécurité (FIC) de Lille, selon des propos rapportés par Le Monde.

Bien que très hypothétique à ce stade, la crainte est en effet que l’État ne cherche par exemple à imposer des mouchards dans le système d’exploitation, pour contourner les difficultés de déchiffrer des messages. Ou que des failles soient volontairement laissées dans le même objectif, ce qui mettrait en danger tous les utilisateurs, qu’ils aient ou non quelque chose à se reprocher.

On rappellera que l’Anssi a déjà développé un OS souverain, CLIP, qui se veut au contraire ultra-sécurisé. Mais il s’agit d’un système d’exploitation basé sur FreeBSD réservé aux activités de fonctionnaires couverts par le secret-défense. Il n’est pas librement accessible pour la population.

Selon nos estimations, même en s’appuyant sur Linux ou d’autres OS open-source qui offrent une base solide et peu coûteuse, la création d’un OS souverain made-in-France coûterait près d’un milliard d’euros à l’État.

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