Ne parlez pas de tablette, mais d’iPad. Oubliez les écrans LCD, c’est Liquid Retina. Évitez également le terme reconnaissance faciale, il faut dire Face ID…
Historiquement, Apple n’a jamais aimé faire comme les autres. La spécialité de la marque californienne est de réinventer des termes courants pour faire croire qu’elle est à l’origine d’une technologie, tout en lui permettant d’imposer sa vision. Un détournement marketing parfois moqué, mais terriblement efficace. Apple a réussi à s’installer dans l’imaginaire collectif comme une marque unique, qui ne fait rien comme ses concurrents, même quand elle fait en réalité la même chose.
Avec l’Apple Vision Pro, un casque de réalité mixte haut de gamme présenté en juin 2023 (que Numerama a pu essayer), la marque californienne s’amuse une nouvelle fois à réinventer des termes connus de tous. Apple ne parle pas de réalité virtuelle ou de réalité mixte, mais préfère « ordinateur spatial ». Un moyen somptueux de prendre de haut la concurrence, tout en déclarant son intention de faire mieux.
C’est quoi, un ordinateur spatial ?
Dans la vision d’Apple, un ordinateur spatial est un ordinateur qui se porte directement sur le visage. Plutôt que de regarder ses applications à travers un écran (ordinateur, téléphone, tablette…), Apple propose de porter un casque qui permet de voir le vrai monde grâce à la réalité mixte, tout en projetant des applications au milieu de sa vision. Voilà la définition de l’ordinateur spatial selon Apple, même si elle est hautement comparable à celle de la réalité mixte. On peut toutefois imaginer qu’Apple imagine des usages beaucoup plus sérieux que les autres, comme le travail bureautique ou la navigation web.
Un ordinateur spatial est plus puissant qu’un casque de réalité virtuelle
L’informatique spatiale n’est pas nouvelle, puisqu’elle englobe toutes les technologies XR (réalité virtuelle, mixte et augmentée) depuis plus de 20 ans. Cependant, ce terme est peu utilisé. Les développeurs en parlent lorsqu’ils fabriquent des applications en 3D, à destination des casques, mais le grand public a surtout entendu parler de réalité virtuelle, mixte et augmentée. À part Apple, aucun constructeur majeur n’utilise le terme « ordinateur spatial ».
Sur le papier, l’Apple Vision Pro est un casque de réalité mixte. En le qualifiant d’ordinateur spatial, Apple se dit sans doute qu’il a plusieurs cartes à jouer :
- « Ordinateur spatial » fait plus sérieux que casque de réalité virtuelle qui, dans la tête de beaucoup, correspond à un produit conçu pour jouer.
- « Ordinateur spatial » permet à Apple de positionner son Vision Pro comme un Mac du futur, conçu pour travailler.
- « Ordinateur spatial » illustre l’écart colossal de puissance entre le casque d’Apple et ceux de ses concurrents. Le Vision Pro embarque la puce M2 des Mac et un coprocesseur R1, alors que les autres ont des puces de smartphone modifiées.
- « Ordinateur spatial » permet enfin à Apple de créer une nouvelle catégorie, sans vrai concurrent. Apple n’a (officiellement) pas besoin de s’aligner sur des services proposés par les autres, sous prétexte que son produit est unique.
Peuvent-ils devenir la norme ?
Dans les prochains mois, il sera intéressant d’observer la réponse des concurrents d’Apple. Meta, HTC, Google, Samsung… Ces géants vont-ils continuer à parler de casques de réalité virtuelle/mixte ? Ou vont-ils à leur tour se lancer dans les ordinateurs spatiaux ? Si Apple réussit son pari et que le Vision Pro suscite l’envie des utilisateurs, nulle doute que « l’ordinateur spatial » décrit par la marque californienne deviendra la norme. Ce nouveau terme pourrait d’autant plus profiter au marché que la VR n’a jamais vraiment décollé…
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