Ulule et KissKissBankBank existent depuis plus de cinq ans et avec eux, le système de financement participatif est entré dans les mœurs. Aujourd’hui, bien ancré dans le paysage français, le crowdfunding se spécialise. Notamment dans le sport.

Depuis trois ans, le crowdfunding se développe avec la création de branches spécialisées qui offre une visibilité plus grande à certaines catégories (agriculture, immobilier et sport), et une plus grande chance de succès de leurs levées de fonds.

Représentant entre 7 et 8 % des projets présents sur les plateformes de crowdfunding généralistes, les projets liés au sport atteignent un taux de réussite allant de 40 à 50 % sur Ulule ou KissKissBankBank alors que les plateformes spécialisées comme Fosburit et Sponsorise.me affichent entre 70 et 90% de réussite des projets. Tour d’horizon.

Fosburit

La plateforme est lancée en septembre 2014 par deux amis d’enfance, Charles Mahé et Guillaume Gibon. Ayant tous les deux connus le mode du sport amateur, ils constatent que les problématiques de financement sont nombreuses en partie à cause d’un désengagement des collectivités locales et des pouvoirs publics.

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Guillaume, un des fondateurs de Fosburit en témoigne : « On avait une petite association de foot amateur en Île-de-France, on a eu des galères sans nom pour récupérer des fonds et recevoir des subventions pour pouvoir se développer. Ce système bride le développement des associations sportives ».

Athlètes, clubs et associations,  sportifs amateurs mais aussi des fédérations et ligues, les typologies de projets présentes sur la plateforme sont assez hétéroclites. « C’est pas la Fédération Française de Football qui va venir ici forcément, mais des fédérations qui ont besoin d’argent pour envoyer leurs équipes représenter la France lors d’une compétition. Pour ce qui est des athlètes, on a l’exemple d’une jeune championne de golf  qui doit financer sa saison qui  coûte 30 000 euros ».

On a mis Romain Mesnil à poil sur eBay

Sponsorise Me

Implanté en Floride dans le but de développer la croissance de sa plateforme, Loïc Yviquel, nous raconte, par écrans interposés, les débuts anecdotiques de sa startup Sponsorise.me qui commence par un buzz.

En 2009, le perchiste Romain Mesnil se fait lâcher par son équipementier et appelle Loïc Yviquel. « J’étais son ancien agent, il me contacte et me demande de l’aide. En rigolant je lui dit : « Comme tu te retrouves sans équipementier, t’es tout nu, donc on va te faire courir à poil dans Paris et on va te mettre aux enchères sur eBay ». Il y a plusieurs millions de vues sur Youtube, on a fait la une de CNN, de NBC, cette histoire à fait le tour du monde. Gros succès sur eBay également. À partir de là, on s’est dit qu’il y avait une grosse communauté prête à soutenir des sportifs sans qu’il y ait de vraies plateformes »

 

Réellement lancée en 2013, Sponsorise.me est rentable un an plus tard. «Dès qu’on a commencé à être rentable, je me suis dit qu’il fallait qu’on parte vite se développer à l’international. On est arrivés après une augmentation de capital de plusieurs millions d’euros il y a un peu plus d’un an. Et dans ce tour de table, on a été financé par Coca-Cola. »

La plateforme a fait le choix d’intégrer les marques dans son dispositif. Des  « marques partenaires » aident les lanceurs projet et intègrent, parfois, leurs propres communautés autour du sportif. Ces marques apportent aussi bien de l’argent ou des « rewards » pour récompenser les backers. Pour Loïc Yviquel « ça permet de booster le modèle économique de l’entreprise mais nous permet également d’avoir un taux de financement assez intéressant par rapport à nos concurrents », 

Campagnes sur mesure et fair-play

Pour Guillaume Gibon, le succès du crowdfunding sportif réside dans le fait que « la plateforme est dédiée mais répond aussi au monde du sport ». «Vous n’abordez pas de la même façon la communauté du sportif amateur que celle du féru de mode. On accompagne le lanceur de projet de manière complètement différente ».

Fosburit vante son service de suivi ultra personnalisé, qui est, selon Guillaume Gibon, la raison pour laquelle le taux de réussite est si élevé et approcherait les 90% sur les 350 projets lancés. « Pour nous l’animation ce n’est pas juste un email envoyé par semaine. On est actifs pendant toute la durée de la campagne ce qui représente huit à neuf semaines finalement. Des emails, des coups de téléphone, on crée des visuels pour animer les réseaux sociaux, on propose plein d’idées d’animation, etc » 

Et en effet, pendant notre interview, le staff de Fosburit multipliait les coups de téléphone et une des employées, inquiète, laissait un message sur la boite vocal d’un backer. La transaction financière de ce dernier ayant échouée à cause d’un problème de connexion, la jeune femme lui propose son aide s’il souhaite recommencer.

Des Gentils Donneurs d’Idées

Tout aussi personnalisé, mais différemment. Souvenez-vous du Club Med et ses GO (Gentils Organisateurs), Sponsorise.me a ses « gentils donneurs d’idées » toujours prêts à aider et animer les campagnes. Loïc Yviquel, le fondateur, part du principe que tout le monde ne sait pas encore exactement ce qu’est le crowdfunding.

« On est donc dans une phase pédagogique et on va aider le lanceur de projet à créer sa campagne, on va lui montrer des idées de contreparties. On a aussi la particularité d’avoir des marques qui peuvent aider. Si vous êtes dans le domaine de la voile, AG2R la Mondiale peut vous aider, ils vont vous donner 2000 euros et en contrepartie ils vont vous demander de mettre leur logo sur le bateau. »

Au même titre que les grosses plateformes de financement participatif généralistes, Fosburit et Sponsorise.me ne rémunèrent pas les backers. Esprit sport oblige, il est difficile d’imaginer un retour sur investissement lorsque l’on finance une compétition sportive ou des séances de kiné pour un athlète. Il s’agit donc d’une récompense sous forme de reward  allant d’une carte postale à la séance d’entrainement en passant par le maillot dédicacé d’un sportif connu.

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