La France déploie un navire océanographique, L’Atalante, pour aider à retrouver le Titan, un sous-marin privé qui a disparu depuis cinq jours. Le bateau a dans sa manche un atout clé : Victor 6000, robot téléguidé capable de plonger très profondément.

Les chances étaient très minces, jeudi 22 juin, de retrouver sain et sauf l’équipage du sous-marin privé Titan, porté disparu depuis cinq jours alors qu’il devait se rendre à proximité de l’épave du Titanic. L’état de santé des cinq passagers demeure à ce jour incertain, tout comme leurs réserves d’eau et d’oxygène. Les bruits captés précédemment par la marine canadienne étaient une fausse piste.

Tout n’est peut-être pas perdu pour autant. L’équipage s’efforce probablement de ménager au maximum ses réserves pour augmenter ses chances de survie, dans l’espoir d’avoir de l’aide. Surtout, de nouveaux moyens viennent d’arriver sur zone, en appui de ceux déjà engagés : l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (IFREMER) vient de faire arriver l’un de ses navires océanographiques, L’Atalante, pour explorer les fonds marins.

L'Atalante
L’Atalante, en 2009. // Source : Rama

L’Atalante, qui était à 48 heures de navigation de la zone des recherches, a mis deux jours à arriver (sa vitesse moyenne est de 10 nœuds, soit 18,5 km/h). C’est un navire de grande taille — 85 mètres de long pour 16 de large –, armé par un équipage de 15 à 29 marins. Lancé en 1989, il dispose de plusieurs instruments scientifiques, dont un sondeur multifaisceaux grands fonds, qui lui permet de balayer jusqu’à 12 km de profondeur.

Actuellement, les recherches autour de Titan se déroulent dans les environs du lieu où gît l’épave du Titanic, dans l’Atlantique nord. Le paquebot se trouve au large de l’ile de Terre-Neuve, à environ 700 km des côtes, à 3 800 mètres de fond. Les secours concentrent essentiellement leurs efforts sur une superficie de 20 000 km² autour du bateau (c’est deux fois la superficie de l’Île-de-France), et jusqu’à 4 000 mètres de profondeur.

Un robot téléguidé, taillé pour les grandes profondeurs

Si la présence de L’Atalante dans les parages est jugée décisive pour la suite, ce n’est pas en raison des capacités propres du navire — bien que son treuil pourrait servir, grâce à sa capacité à supporter une charge de 15 tonnes (et son portique gère 22 tonnes). Ce qui intéresse les secours, c’est la présence de Victor 6000. C’est un véhicule sous-marin téléopéré (ROV, remotely operated vehicle, dans le jargon), capable de plonger très loin.

Principal atout de Victor 6000 : il peut descendre jusqu’à 6 000m (d’où son nom), ce qui est largement suffisant pour le Titan, s’il se trouve effectivement au niveau du Titanic. Il est filoguidé par câble, qui a une longueur de 8 km, ce qui lui donne potentiellement une autonomie électrique illimitée. Cela étant, la durée moyenne d’une plongée est de 72 heures, soit trois jours, précise l’IFREMER.

Le sous-marin Titan. // Source : OceanGate
Le sous-marin Titan, que doit retrouver Victor 6000. // Source : OceanGate

On peut également noter la présence de deux bras articulés, pouvant chacun porter 100 kg. C’est trop peu pour le Titan, dont le poids est d’un peu plus de 10 tonnes. En revanche, si jamais il retrouve le submersible, il peut l’aider à se dégager, s’il est coincé ou si sa propulsion est entravée. Il pourrait aussi accrocher une chaîne au Titan, afin de le hisser jusqu’à la surface, avec le treuil d’un navire. Mais on n’en est pas encore là.

« Pour mieux voir son environnement, Victor 6000 a deux caméras vidéo en ultra haute résolution », ajoute l’IFREMER. Il peut également s’appuyer sur les données du sondeur multifaiseaux grands fonds pour la cartographie des environs et aider les personnes qui le pilotent depuis L’Atalante de le faire évoluer aux endroits les plus pertinents. L’engin a aussi une capacité acoustique et dispose de puissants projecteurs pour éclairer devant lui.

Victor 6000 est un rompu aux grands fonds : il a déjà accompli 900 plongées durant sa carrière, quasi exclusivement scientifique. Le robot sous-marin, malgré des atouts indéniables et critiques, risque toutefois d’arriver un peu trop tard pour être décisif. On ne sait toujours pas où chercher précisément et la date du 22 juin est considérée comme la limite avant l’épuisement des réserves d’oxygène. Les raisons de la perte du Titan restent inconnues à ce jour.

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