Dyson a peut-être eu le nez fin en officialisant le premier casque audio de son histoire un 1er avril. Car c’est peu dire que le Zone ressemble à une blague. Plutôt que de faire comme les autres constructeurs de casques audio, l’entreprise britannique s’est convaincue que son premier casque devrait se distinguer des autres avec un petit truc en plus. Son choix ne surprendra pas celles et ceux qui connaissent la marque : Dyson a ajouté un purificateur d’air à une visière optionnelle, qui se fixe magnifiquement sur ce casque déjà bardé de technologies. Pour Dyson, la philosophie est la suivante : l’idée n’est plus de lutter uniquement contre la pollution sonore (via la réduction de bruit), mais contre la pollution tout court. Ambitieux.
En résulte un produit résolument atypique, qui répond à un besoin que personne n’a vraiment en dehors de l’Asie (où le port du masque est beaucoup plus répandu, même avant la pandémie de coronavirus). Pour Dyson, c’est aussi un moyen de rappeler qu’il maîtrise mieux que quiconque les technologies liées à l’air. Des aspirateurs aux humidificateurs, en passant par les accessoires de coiffure, on observe ce tronc commun dans le catalogue Dyson (seules les lampes y échappent). Le Dyson Zone ne fait donc que s’inscrire dans cet ADN, quand bien même cela donne un casque « ovni » vendu à prix d’or (comptez 950 € pour la version Absolute+).
En bref
Dyson Zone
Voir la ficheOn a aimé
- Bonne qualité perçue
- Rendu sonore largement à la hauteur
- Réduction de bruit convaincante
On a moins aimé
- La purification de l’air vous transforme en Bane
- La purification de l’air tue la batterie
- La purification de l’air ne sert à rien
Un design imposant qui se ressent sur la balance
Dyson veut que l’on se souvienne du premier casque de son histoire. Il est même fort probable qu’il s’agisse de son seul et unique objectif, avant de sortir des produits plus conformes à ce qu’attendent les porteurs de casque.
Même sans la visière qui nous ferait presque ressembler à un mélange entre le méchant Bane du film The Dark Knight Rises et Jacques Villeret dans La Soupe aux choux, le produit arbore un design original. Le Dyson Zone assume ses deux oreillettes épaisses et imposantes, qui ajoutent un système de purification à toute l’électronique habituelle (les microphones, le haut-parleur). Sinon, Dyson a opté pour un look ultra-premium, composé en majorité de métal. Le cache des filtres, qui sont heureusement remplaçables, est percé par plusieurs dizaines de trous, qui rappellent l’avant d’une enceinte.
Peu importe ce que l’on pense, les finitions sont au rendez-vous et l’on sait pourquoi le Zone coûte près de 1 000 €. Dyson n’a pas eu la main légère sur les accessoires non plus. Dans le packaging de la déclinaison Absolute+, il ne manque strictement rien. Un étui de transport rigide (qui ne rentrera dans aucun sac-à-main), deux étuis souples, des câbles, un adaptateur pour l’avion, des filtres de remplacement, une brosse de nettoyage… Dyson a pensé à tout. En face, les AirPods Max ont presque l’air radins avec leur Smart Case ridicule et leur câble Lightning.
Si le Dyson Zone impose le respect sur la qualité de fabrication et les matériaux choisis, on n’en dira pas autant de la visière, qui s’attache très facilement grâce à un système aimanté… mais se détache tout aussi facilement au moindre mouvement brusque. Cette dernière est en plastique souple et fin, et affiche en prime une finition brillante. Esthétiquement, elle dénote totalement de l’image haut de gamme que cherche à produire Dyson avec son casque. C’est dommage, même si l’on comprend la contrainte : le but n’est pas de rajouter du poids à un produit déjà massif — bien trop lourd pour être simple à porter.
Vous trouviez les 386 grammes des AirPods Max trop conséquents ? Qu’allez-vous penser des 595 grammes du Dyson Zone (670 avec la visière) ! Rien qu’en le prenant en main, on trouve le casque trop lourd. Sur la tête, le constat est un peu atténué par la présence de plusieurs zones bien rembourrées : deux sur chaque oreillette et trois coussins sur l’arceau. Grâce à ces dispositifs, le Zone parvient à être étonnamment confortable. Toutefois, son poids de Godzilla l’empêche de prétendre à de longues sessions, tandis que ses mensurations de géant conviendront moins aux petites têtes. Le casque est énorme et, même sans la visière, vous ne passerez pas inaperçu. On questionnera aussi le choix des couleurs : en Absolute+, le Zone mélange le bleu de Prusse et le cuivre. On a connu plus sobre…
Un bon casque audio, étonnamment
Il serait injuste de condamner le Zone sur le manque d’expérience de Dyson dans le domaine audio. La firme n’en avait pas plus quand elle a révolutionné le segment des aspirateurs ou lorsqu’elle s’est lancée dans le monde de la coiffure. Et Apple n’avait jamais conçu aucun casque avant les AirPods Max, qui sont pourtant aujourd’hui parmi les plus populaires du marché. Dyson reste une entreprise tech qui sait se lancer dans de bonnes conditions — et sait aussi se raviser, d’ailleurs (son abandon du projet automobile, malgré des millions de dollars investis).
Sur la partie audio, les performances du Zone se jugent sur deux critères. Commençons par la réduction de bruit, qui n’est pas la partie la plus simple quand on sait combien les pontes du marché dominent — Sony, Bose et Apple. Pour un premier essai, Dyson s’en sort avec les honneurs et se hisse presque au niveau des trois marques citées, ce qui est déjà un petit exploit. Quand on active la réduction de bruit, le Zone parvient à bien isoler l’utilisatrice et l’utilisateur. Même dans une salle de sport, où les bruits sont incessants, le travail d’atténuation est suffisant. Il suffira ensuite de lancer un morceau de musique pour être tranquille et, par exemple, ne plus entendre les clics de son clavier. Le Zone est en dessous des autres sur un point : on perçoit un léger souffle continu, signe que les microphones travaillent. Chez les concurrents, le traitement est plus naturel.
Quand on investit près de 1 000 € dans un casque, on est en droit d’espérer des prestations remarquables. Fort heureusement, celles du Zone le sont. Pour un baptême de feu, Dyson fait forte impression et montre qu’il a tout pour devenir un géant du secteur. Toutefois, il faut aussi reconnaître que le rendu audio ne vaut pas 1 000 €. Il est même un cran en dessous de celui proposé par les AirPods Max, que l’on peut trouver pour deux fois moins chers (et qui restent la meilleure recommandation pour l’écosystème iOS). Il n’ira pas se hisser non plus au niveau des solutions purement audiophiles. Il reste un casque pensé pour consommer des contenus en Bluetooth.
Sur le segment des casques nomades haut de gamme, le Dyson Zone empile les qualités. Pour ce galop d’essai, l’entreprise britannique a misé sur l’équilibre. Le rendu est clair, jamais assommé par les basses (elles manqueraient presque de peps, mais on peut les corriger, légèrement, dans l’application). Les médiums sont idéalement aérés, ce qui laisse apprécier un bon niveau de détails et une profondeur bienvenue. Les aigus viennent se placer avec justesse, même s’il leur arrive de siffler dans des cas extrêmes. C’est précis la plupart du temps (les notes de piano exquises et les voix qui se détachent dans Lovely, morceau signé Billie Eilish), et dynamique quand le genre le réclame (Nowhere To Go de Bad Omens).
Le Zone s’en sort vraiment avec les honneurs et demeure hyper plaisant à utiliser sur l’écoute musicale. Avec ce casque sur les oreilles, vous vous délecterez de la moindre note de musique. La signature de Dyson est délicate et l’on sent que les ingénieurs ont une fibre mélomane. Le traitement numérique d’Apple est meilleur, mais même en tendant l’oreille, la différence est à peine perceptible. On ne dirait pas que le Zone est le tout premier casque de Dyson, tant on profite de ses playlists avec beaucoup de plaisir.
La partie risible : la purification d’air
On arrive alors à la fausse bonne idée du Dyson Zone : la purification de l’air, permise par une visière qui s’attache magnétiquement, censée vous envoyer un flux propre vers les narines sans empêcher la respiration (on l’a testé en faisant du sport).
Ce choix de la purification conduit à plusieurs désagréments qui transforment les belles promesses du Zone en calvaire :
- On citera d’abord le design. Avec la visière, vous vous ferez remarquer dans la rue. Si vous n’aimez pas les regards et les jugements, vous pouvez oublier. « C’est l’enfer », nous a dit une collègue en le portant.
- Quand la purification se met en route, on entend les moteurs puisqu’ils sont situés près de l’oreille. Ce bruit, qui s’accentue quand on augmente la puissance, n’est pas atténué par la réduction de bruit. L’expérience sonore est détériorée. C’est un problème de conception.
- L’autonomie, qui atteint normalement les 50 heures en utilisation normale, baisse sous les 4 heures au maximum avec la purification d’air. Ce sera même moins si vous mettez la filtration sur son niveau le plus élevé. Bref, votre casque à 1 000 € sera incapable de vous épargner de la pollution pendant une après-midi entière.
- La promesse de filtration des virus, des gaz et 99 % des polluants aussi petits que 0,1 micron paraît difficile à entendre quand on sait que la visière n’est pas collée au visage. Dyson préconise de laisser l’épaisseur d’un doigt, un interstice suffisant pour laisser passer tout et n’importe quoi. En l’état, le Dyson Zone ne fait qu’offrir « un flux d’air hygiénique », mais jamais il ne vous aurait protégé contre le Covid-19. Sur son site, Dyson évoque d’ailleurs l’existence de masques FFP2 à fixer à la visière (« ils seront bientôt disponibles en France »).
L’application Dyson connectée au casque ajoute par ailleurs des informations qui ne paraissent absolument pas essentielles. L’interface en devient alourdie par des graphiques sur la qualité de l’air ou le niveau de bruit extérieur. Elle vous fournira même des informations sur votre localisation (température, taux d’humidité, niveau de pollen…).
En termes d’ergonomie, le Zone n’est pas toujours à la fête non plus. S’il est capable de se couper seul quand on le retire, il ne s’éteint jamais vraiment — sauf à appuyer pendant de longues secondes sur le bouton qui gère aussi le niveau de purification. Par conséquent, votre téléphone sera toujours connecté à lui en cas de proximité. Vous l’éteignez complétement ? Il faudra le rallumer manuellement… Autre biais : par défaut, la visière coupera la musique si on l’abaisse. Il faut alors fouiller dans les menus pour modifier ce paramètre. Bref, le Dyson Zone est à la fois intelligent et stupide… Mais Dyson a réussi son coup : tout le monde en parle.
Prix et disponibilité du Dyson Zone
Le casque Dyson Zone est disponible sur le site de Dyson, à partir de 899 €.
Le verdict
Dyson Zone
Voir la ficheOn a aimé
- Bonne qualité perçue
- Rendu sonore largement à la hauteur
- Réduction de bruit convaincante
On a moins aimé
- La purification de l’air vous transforme en Bane
- La purification de l’air tue la batterie
- La purification de l’air ne sert à rien
On n’écrira pas que le Dyson Zone est bâclé. Pour son entrée sur un marché surchargé, où brillent déjà des marques bien installées, l’entreprise britannique propose un produit imposant, résolument haut de gamme et très bien fini. Si le Dyson Zone n’était qu’un casque audio, alors on pourrait presque le mettre au même niveau que les AirPods Max d’Apple, tant la réduction de bruit et le rendu sonore s’avèrent convaincants.
Sauf que le Dyson Zone n’est pas qu’un casque audio. Il doit se coltiner une fonctionnalité de purification de l’air, matérialisée par une visière qui transforme le design en exercice de style. Jamais pratique, voire ridicule à l’usage, cet argument est le pire défaut d’un casque qui coûte 300 € de trop. On comprend l’idée : avec son casque censé procurer un air propre à qui veut ressembler à un Power Rangers, Dyson fait une entrée remarquée. On attend la V2, moins chère et débarrassée de cet élément superflu.
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