Pendant 5 ans, l’entreprise MediaMuv a récolté des millions de dollars de la part de YouTube sous la forme de droits d’auteur. La compagnie, qui déclarait détenir les droits de près de 50 000 chansons hébergées sur la plateforme, a même un temps employé entre 5 et 8 personnes, chargées de cataloguer des morceaux sur YouTube. En tout, les créateurs de l’entreprise ont empoché 23 millions de dollars — pourtant, il s’agissait d’une escroquerie.
Jose Teran, l’un des deux co-fondateurs de MediaMuv, a été condamné le 29 juin 2023 par un tribunal américain à près de 6 ans de prison, rapporte The Register. L’affaire a été qualifiée de « l’une des plus grandes fraudes aux redevances musicales de tous les temps » par les procureurs.
Une entourloupe pour récupérer des droits d’auteur
Jose Teran, aidé par un complice, a commencé son opération en cherchant sur YouTube des chansons qui n’étaient pas encore monétisées. En se faisant passer comme les ayants droit des chansons, les deux demandaient à YouTube de leur verser les droits d’auteurs relatifs au titre : à chaque écoute, YouTube versait une certaine somme au duo. La plupart des titres visés étaient des musiques latino-américaines, écrit The Register, et la mascarade a duré pendant des années.
Afin d’avoir plus de crédibilité, les deux escrocs ont créé la société MediaMuv, ont monté des partenariats avec d’autres sociétés, et ont même employé plusieurs salariés, qui devaient parcourir YouTube et chercher des chansons qui n’avaient pas encore été monétisées par les véritables ayants droit. Une fois que leur demande de versement des droits d’auteur avait été acceptée par YouTube, l’entreprise touchait officiellement tous les revenus.
Avec leurs manigances, les deux complices ont volé 23 millions de dollars aux véritables propriétaires des chansons — Jose Teran a personnellement empoché plus de 6 millions de dollars, et aurait, selon le tribunal, « mené un train de vie luxueux ». Même après son inculpation, Jose Teran a continué à toucher des droits d’auteur de la part de YouTube, raconte The Register : après sa mise en examen, il aurait touché près de 200 000 dollars de redevance, qu’il aurait transférés sur son compte en banque.
La supercherie a été découverte grâce au fisc américain, qui a commencé à enquêter sur MediaMuv en 2019. Les escrocs avaient mis en place plusieurs comptes bancaires en utilisant de faux noms et avaient eu recours à de la contrefaçon, écrit The Register. Le journal écrit aussi que Jose Teran n’a pas dit son dernier mot : le condamné aurait l’intention de retourner dans le monde de la musique, une fois sa peine purgée.
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