Présenté par des observateurs comme la meilleure alternative à Twitter, Bluesky n’est pour l’instant qu’un réseau social vide, à l’interface banale et accessible uniquement sur invitation.

En limitant l’accès à Twitter le 1ᵉʳ juillet, Elon Musk a rendu un grand service aux services concurrents. Mastodon et Bluesky ont tous deux constaté un grand afflux d’utilisateurs, à tel point que Bluesky a été obligé de fermer provisoirement son système de parrainage. Parce que oui, Bluesky est encore un service que l’on ne peut rejoindre sans une invitation.

Bluesky est un équivalent décentralisé de Twitter, soutenu notamment par Jack Dorsey, le créateur du célèbre réseau social à l’oiseau bleu. Esthétiquement, Bluesky est une copie presque conforme de Twitter, ce qui plaît beaucoup aux historiques du réseau social. Sauf que, pour l’instant, il ne se passe rien sur Bluesky.

Bluesky : futur Twitter ou futur Clubhouse ?

Avant d’être un rival de Twitter, Bluesky était un projet au sein de Twitter. L’ambition de ce nouveau réseau social est de décentraliser les interactions, à la manière de Mastodon, mais avec un protocole d’un nouveau genre nommé AT. Concrètement, cela veut dire que Bluesky permet la création sur plusieurs instances, ce qui est à la fois une de ses forces et un de ses défauts. Comment expliquer à un utilisateur venu de Twitter ou d’Instagram la différence entre l’instance « bsky.social », la seule à ce jour, et les autres qui arriveront ensuite ?

L'interface de Bluesky est une copie conforme de celle de Twitter.
L’interface de Bluesky est une copie conforme de celle de Twitter. // Source : Numerama

Sur Bluesky, on ne s’appelle pas @prenom, mais @prenom.bsky.social, en rapport à la zone de discussion dans laquelle on se trouve. Un choix encombrant, qui rallonge le nom de tous les utilisateurs… Heureusement, il n’y a pas de quoi se prendre la tête à l’inscription, puisque l’attribut en .bsky.social est immédiatement donné.

Une fois dans l’application, les habitués de Twitter ne devraient pas être dépaysés. Tout est identique entre les deux plateformes. Le fil apparaît dans un bouton en bas à gauche, avec différents onglets. Un bouton recherche permet de fouiller le réseau social. Les notifications sont à droite, tout comme l’accès au profil. Même les boutons pour répondre, partager et liker sont au même endroit. C’est ce que l’on appelle une pure copie.

Sur Bluesky, un onglet permet de voir les publications populaires.
Sur Bluesky, un onglet permet de voir les publications populaires. // Source : Numerama

S’il y a un peu de monde sur Bluesky (comme Clubhouse, le côté parrainage attire le milieu tech), la réalité est qu’il ne se passe pas grand-chose sur le réseau social. Il est déjà difficile d’importer ses contacts existants — aucun lien avec Twitter ou ses contacts n’est possible — tandis que la plupart des publications sont en réalité « cross-platform ». Ce sont des tweets aussi mis sur Bluesky, venant de journalistes ou de personnes curieuses. À quelques exceptions près, comme le réalisateur James Gunn qui répond aux questions de ses fans, personne ne joue le jeu.

Pour vérifier cette impression, nous avons tenté d’effectuer des recherches sur les émeutes en France, qui alimentent énormément Twitter depuis plusieurs jours. Le constat est édifiant : seuls trois publications utilisent le mot-clé #émeutes sur tout Bluesky… mais aucun ne parle directement des émeutes.

Bluesky permet d'importer son propre nom de domaine. N'est-ce pas un peu complexe pour le grand-public ?
Bluesky permet d’importer son propre nom de domaine. N’est-ce pas un peu complexe pour le grand-public ? // Source : Numerama

En attendant que le monde arrive sur Bluesky, ses créateurs ont mis au point un onglet « What’s Hot », avec des publications populaires. Ironiquement, le post le plus populaire du moment se moque de Bluesky.

Bluesky a-t-il des chances de devenir le réseau social du futur ? L’intérêt de Mastodon, Meta et Bluesky pour les réseaux sociaux décentralisés laisse supposer à un véritable potentiel pour ce marché… même s’il n’existe aujourd’hui qu’à travers l’engouement de technophiles. Pour grandir, Bluesky doit rapidement sortir de son système sur invitation, tout en ne lassant pas ses utilisateurs. Sinon, difficile d’imaginer un autre sort que celui de Clubhouse, qui n’a pas réussi à transformer l’essai.

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