L’année dernière, plusieurs FAI américains ont suivi les recommandations du procureur de New York, qui expliquait que Usenet était un vecteur majeur de la pédo-pornographie. Alors qu’en réalité le phénomène était mineur sur les newsgroups, c’était surtout un prétexte pour fermer ces espaces de piratage, selon les ayants droits. Sauf qu’au lieu de mettre un terme au phénomène, cette mesure l’a amplifié…

Visiblement, même avec le concours des fournisseurs d’accès Internet, rien y fait. Alors qu’en 2008 plusieurs grands FAI américains ont décidé de mettre un terme à leur offre Usenet, des responsables de Giganews ont indiqué qu’en réalité ces espaces d’échange sont plus que jamais actifs et populaires. Certes moins populaires que les réseaux peer-to-peer comme BitTorrent ou Emule, les newsgroups restent particulièrement attractifs pour les internautes.

Tout est parti d’une initiative lancée par le procureur de l’Etat de New York, Andrew Cuomo. Dans son légitime combat contre la pédo-pornographie, le fonctionnaire avait néanmoins tendance à être un peu trop zélé. Ainsi, il avait rapidement dénoncé le principe des newsgroups, considérant Usenet comme l’un des principaux vecteurs de diffusion des contenus relevant de la pornographie infantile.

Devant ces terribles accusations, plusieurs opérateurs télécom ont décidé tout naturellement de répondre à l’appel d’Andrew Cuomo. Rapidement, Time Warner a mis un terme à son offre Usenet, rapidement suivi par Sprint et Verizon qui se sont empressés eux aussi de supprimer l’ensemble des groupes alt.*. Enfin, Comcast et RCN ont également fermé ces services pour porter un coup fatal contre la pédo-pornographie. Du moins était-ce l’intention officielle.

Car en réalité, beaucoup ont estimé que cette réponse était complètement disproportionnée et inadaptée au problème. David Vogelpohl, l’un des responsables de Giganews, avait alors indiqué que son service offrait un accès à plus de 3,7 milliards de messages et plus de 110 000 newsgroups. Un contenu gigantesque.

Or, au regard des chiffres avancés par Andrew Cuomo dans sa croisade, on reste sceptique sur cette mesure. En effet, le procureur avait quantifié le problème à 11 390 images et 88 newsgroups. Un contenu bien entendu conséquent, mais qu’il faut alors relativiser avec l’ensemble du service.

Finalement, de nombreux internautes ont considéré que cette mesure était la fenêtre de tir idéale pour les opérateurs télécoms de supprimer des services coûteux, tout en s’attirant les faveurs de l’industrie du divertissement. Car personne n’est dupe : à côté de la lutte nécessaire contre la pédo-pornographie, l’occasion était donnée aux FAI de porter un rude coup contre les pirates.

Sauf qu’en fait ces mesures n’ont rien changé. Pire encore, depuis le départ de Time Warner et des autres FAI, Usenet est devenu encore plus gros. Edward Henigin, un autre responsable de Giganews, a ainsi dévoilé quelques données statistiques intéressantes montrant l’échec total de la manœuvre. L’audience d’Usenet a ainsi augmenté de 26 % par an au cours de ces autre dernières années, avec une moyenne d’environ 500 Mbps à la fin de cet été.

Même le départ des FAI n’a quasiment pas été percçu. En fait, la très légère baisse a largement été compensée par un énorme pic de fréquentation et de transfert qui est survenu juste après. Même s’il ne l’avoue qu’à demi-mot, Edward Henigin pense que le départ des FAI a incité les internautes à se rabattre sur des services commerciaux.

Découvrez les bonus

+ rapide, + pratique, + exclusif

Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.

Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.