« C’est le plus grand jour de l’histoire de Bard ». En déplacement à Paris pour rencontrer des personnes venues de toute l’Europe, Jack Krawczyk ne cache pas son enthousiasme. Le directeur produit de Google Bard, qui s’occupait auparavant de Google Assistant, a traversé l’Atlantique pour annoncer une bonne nouvelle : son intelligence artificielle génératrice passe la seconde.
Deux mois après avoir été lancé dans 180 pays, à l’exception de ceux de l’Union européenne, Bard entre enfin en conformité avec les règles des 27. Depuis le 12 juillet, 9h01, il est possible depuis la France d’accéder à bard.google.com sans VPN, et de lui en parler en français. Parce que oui, l’autre nouveauté du jour est que Google Bard parle désormais plus de 40 langues, après avoir été « bridé » à trois pendant des mois (anglais, coréen et japonais).
Il n’y a cependant pas que Google Bard dans la vie : il existe de nombreuses alternatives gratuites et en français à ChatGPT et à l’IA de Google.
Une expérimentation avant la révolution
Comme ChatGPT (d’ailleurs, on a comparé les deux assistants ici), Google Bard est un agent conversationnel basé sur un modèle de langage. Il prend la forme d’une conversation textuelle, dans laquelle on peut poser toutes les questions que l’on souhaite. Contrairement à Google Assistant qui se limite à des tâches très locales, Google Bard est capable d’inventer du texte, de vulgariser, de comprendre un contexte ou de mélanger plusieurs services. Il peut par exemple effectuer des recherches sur Google, préparer un tableau Sheets ou trier des restaurants dans Maps.
Pour Jack Krawczyk, les IA « ne vont pas remplacer les gens, c’est l’inverse ». Grâce aux facultés d’inventivité de Bard, le directeur produit de Google imagine un monde où la technologie pourra « amplifier le cerveau humain, qui est déjà le meilleur ordinateur du monde.» Jack Krawczyk donne l’exemple d’une personne mal organisée qui réciterait toutes ses tâches prévues dans la journée à Bard, qui se chargerait de lui inventer un programme heure par heure. « Bard peut transformer des informations en possibilités.»
Maintenant qu’il parle français, Google Bard va pouvoir devenir une alternative sérieuse à ChatGPT, avec la possibilité d’effectuer en quelques secondes des recherches sur Google pour prendre en compte l’actualité récente. Google insiste néanmoins beaucoup sur un mot : « expérimentation ». Même si Google Bard fonctionne relativement bien (quand il n’invente pas complètement des réponses), où n’est pour l’instant qu’un projet amené à intégrer ses différents services petit à petit. Google insiste sur son « approche responsable », qui est aussi une manière de protéger son business.
Google Bard fait le plein de nouveautés
En plus de parler français, Google Bard introduit quelques nouveautés le 13 juillet. Il y a notamment un gros volet confidentialité, qui permet aux utilisateurs du monde entier de refuser de partager leurs conversations avec Google (la marque se conforme ainsi au RGPD) ou d’apprendre à utiliser le service grâce à des vidéos, mais surtout plusieurs fonctions majeures :
- Comme ChatGPT, Google propose maintenant un historique sur le côté. Il permet de revenir sur une ancienne conversation, par exemple dédiée à ses prochaines vacances, pour préparer son programme petit à petit. Avec l’aide de l’IA. Il est aussi possible d’épingler ses conversations favorites tout en haut.
- Google Bard peut maintenant parler, à la manière de Google Traduction. L’utilisateur peut dicter une question, puis toucher le bouton en forme de haut-parleur pour écouter la réponse avec une voix de synthèse. Il ne s’agit pas encore d’une conversation façon Google Assistant.
- Un utilisateur de Google Bard peut désormais partager une réponse. Un bouton permet d’envoyer à ses proches un extrait de conversation.
- Enfin, et c’est sans doute le plus intéressant, Google Bard intègre maintenant la reconnaissance d’images Google Lens. Un bouton en forme de « + », à gauche du champ texte, permet d’ajouter une image. Google Lens l’analyse et permet à Google Bard de répondre en contexte. Google prend de l’avance sur ChatGPT, qui n’a toujours pas déployé sa fonction photo. Seul bémol : les réponses à partir d’une photo sont seulement en anglais pour l’instant (astuce Numerama : demandez à Bard de la traduire en français après 😉).
- Toujours en anglais seulement, Bard peut adopter 5 styles de langage : simple, long, court, professionnel ou informel. On peut modifier une réponse a posteriori.
Avec Bard, Google prépare son futur
Maintenant que Bard est disponible en Europe, quelles sont les prochaines étapes pour Google ?
Interrogé par Numerama sur l’intérêt de maintenir un service comme Google Assistant quand on possède une IA génératrice comme Bard, Jack Krawczyk explique que les deux services ont leurs propres avantages (la domotique ou la musique sont plus rapides avec Assistant par exemple). Le directeur produit de Google indique tout de même réfléchir à « ce qu’il est possible de faire quand Google Assistant n’a pas la réponse », laissant pressentir un avenir où Bard pourrait prendre automatiquement le relais.
Pour Google, le déploiement de Bard n’est pas facile. Le potentiel d’un tel service est si grand qu’il pourrait rapidement rendre obsolètes ses autres applications… Google sait qu’il doit avancer prudemment, tout en évitant de donner l’impression qu’il passe à côté de la vague IA. « Dans Google Search, vous voulez la réponse rapidement. Bard est là pour augmenter votre imagination » résume Jack Krawczyk, semble-t-il condamné à ne pas faire de Bard la solution à tout, mais dans 230 pays désormais.
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