Si vous avez suivi des études d’informatique ou si vous vous passionnez pour l’actualité high-tech, vous avez probablement fait ce constat : les femmes sont très peu présentes dans ce secteur. Les filières qui mènent à des carrières dans les technologies de l’information et de la communication sont à dominante masculine et les postes à responsabilité sont trustés par les hommes.
Prenez par exemple des sociétés comme Apple, Facebook, Google, Microsoft et Twitter : tous emploient environ 70 % d’hommes. Et l’équilibre des sexes n’est guère plus respecté chez les « meilleurs élèves », comme Amazon et Yahoo, dont les effectifs sont masculins quasiment aux deux tiers. Et ce n’est pas un problème spécifique aux géants du web. Intel aussi est dans ce cas de figure.
Et encore, ces statistiques, qui datent de 2014, ne sont pas les plus fâcheuses. En effet, celles-ci incluent la totalité des salariés. Or si l’on se focalise sur les postes à responsabilité ou les emplois techniques, la proportion des femmes est encore plus faible (entre 17 et 27 % de femmes cadres et entre 10 et 20 % de techniciennes). C’est dire si la féminisation de la tech a encore du chemin à parcourir.
Ces données posent évidemment la question des obstacles qui les empêchent d’opter pour une carrière dans le secteur informatique. Mais elles interrogent aussi sur la façon dont le travail des femmes peut être perçu par leurs collègues masculins, dans un univers trop masculin.
PRÉJUGÉS SUR LE CODE ÉCRIT PAR DES FEMMES
Or justement, une étude publiée dans la revue PeerJ tend à montrer que les contributions des développeuses ne sont pas considérées à leur juste valeur. Les femmes seraient victimes d’un préjugé trompeur, conscient ou inconscient, selon lequel elle seraient moins aptes à produire du code de qualité.
Pour en arriver à cette conclusion, les auteurs de l’étude, qui n’a pas encore été évaluée par des pairs, ont concentré leurs travaux sur GitHub, la plateforme d’hébergement et de collaboration de référence pour des projets open-source. Au total un échantillon de 1,4 million de membres (11,6 %) a été extrait de l’ensemble des utilisateurs (12 millions) afin d’analyser la manière dont leurs propositions sont reçues.
Pourquoi n’avoir pris que 11,6 % de l’ensemble des membres de GitHub ? Parce que c’est sur cette portion uniquement que les chercheurs sont parvenus à déterminer le sexe de l’internaute, en récupérant l’adresse e-mail des utilisateurs et en vérifiant ensuite le profil Google+ associé, afin de voir s’il s’agissait d’un homme ou d’une femme.
Qu’est-ce qui ressort de cette observation ? Qu’il existe un préjugé de genre sur la compétence des femmes en matière de programmation.
MOINS DE VALIDATIONS DU CODE SI L’ON SAIT QU’IL VIENT D’UNE FEMME
« Nous voyons des preuves de sexisme : le taux d’acceptation [du code source soumis] pour les femmes est de 71,8 % quand elles utilisent des profils sans précision sur leur genre, mais tombe à 62,5 % quand leur sexe est identifiable. Il y a une baisse similaire pour les hommes, mais l’effet est pas aussi fort », écrivent les auteurs.
Les femmes ont un taux d’acceptation plus élevé de pull requests
Or, ce discrédit est d’autant plus regrettable que les femmes sont largement au niveau, et peuvent tout à fait produire un travail de meilleure qualité. C’est ce qu’affirment les chercheurs, qui analysent le sort des « pull requests » sur GitHub, lorsque le sexe du contributeur n’est pas identifiable. Un « pull request » est une procédure qui permet de demander à la communauté l’acceptation d’une modification ou d’un ajout de code source dans un projet.
« Les femmes ont en général un taux d’acceptation plus élevé de pull requests, mais quand elles sont des contributrices extérieures et que leur sexe est identifiable, elles font face à un taux d’acceptation plus faible que les hommes ».
L’étude n’avance pas de raisons pour lesquelles les propositions des femmes dans les projets open-source sont ainsi moins bien reçues que celles des hommes. Elle se limite à un constat. Elle devrait toutefois apporter sa pierre à l’édifice, en vue d’apporter une plus grande mixité dans le secteur des « NTIC » et plus particulièrement dans le domaine de la programmation. Elle exige une remise en cause du regard des hommes sur le travail des femmes, et une meilleure intégration des femmes dans le monde informatique.
Des politiques sont d’ores et déjà mises en place pour inciter les femmes à investir davantage l’industrie informatique. On se souvient par exemple que Google a fait campagne en 2014 pour pousser les jeunes filles à se lancer dans la programmation. Même objectif du côté de la Commission européenne, qui a lancé une opération visant à valoriser les femmes ayant un parcours dans les TIC.
Mais encore faut-il que les hommes les laissent exprimer leur talent sans préjugé sexiste.
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