Dans la bataille des moteurs de recherche, la fondation Wikimédia pourrait bien avoir son mot à dire. En effet, l’organisation derrière la célèbre encyclopédie Wikipédia a reçu un don de 250 000 dollars de la John S. and James L. Knight Foundation en septembre 2015 pour commencer à travailler sur un projet qui pourrait lui permettre de rivaliser avec Google sur son terrain de prédilection.
Le but de ce don ? « Faire avancer de nouveaux modèles pour la recherche d’information en soutenant la première étape du développement du moteur de connaissance (Knowledge Engine) par Wikipédia, un système pour la découverte d’une information publique fiable et digne de confiance sur Internet », peut-on lire dans la lettre qui annonce à Wikimédia le montant du versement.
Cette somme paraît bien dérisoire par rapport aux montants qu’injectent des sociétés comme Google ou Microsoft dans leur propre moteur de recherche. Toutefois, il ne s’agit que de la première étape. En effet, il est question d’une construction en quatre phases, où chacune durerait environ 18 mois (soit un total de six ans). Pour la seule phase 1, c’est un total de 2,5 millions de dollars qui est prévu.
Faire avancer de nouveaux modèles pour la recherche d’information.
Mais pourquoi entrer sur le marché des moteurs de recherche ? Le document explique que le projet a pour ambition de « démocratiser » l’accès à l’information, à la rendre « plus pertinente », « plus accessible et ouvertement organisée » avec notamment la création d’un moteur de données ouvertes « qui sera complètement libre du moindre intérêt commercial ».
Car en effet, « aujourd’hui, les moteurs de recherche commerciaux dominent le secteur de la recherche sur Internet, et ils emploient des technologies propriétaires » dénonce la lettre. « Leurs algorithmes obscurcissent la façon dont l’information est recueillie et présentée ».
Aussi, six axes de développement sont retenus pour ce futur moteur :
- Publication des mécanismes de curation pour la qualité ;
- Transparence, afin de dire exactement d’où les informations proviennent ;
- Accès open data aux métadonnées, afin de donner aux utilisateurs la source exacte de l’information ;
- Protéger la vie privée de l’utilisateur, de sorte que leurs requêtes soient protégées par de stricts réglages de confidentialité ;
- Pas de publicité, pour assurer un flux libre d’information et une séparation nette avec tout intérêt commercial ;
- Internalisation, pour mettre l’accent sur le renforcement de la communauté et le partage d’informations.
Comme le fait remarquer The Register, la fondation Wikimédia a nié au départ le fait de travailler sur un projet de moteur de recherche similaire à Google, avant de confirmer plus tard l’existence du don effectué par la la John S. and James L. Knight Foundation. Jimmy Wales, le fondateur de Wikipédia a même a pris la plume pour dénoncer ces allégations, allant jusqu’à évoquer des « mensonges ».
Le manque de communication autour de ce don et l’empressement avec lequel Jimmy Wales s’est mêlé à la conversation sont-ils le reflet du caractère sensible que représente Google dans les activités de la fondation ? On sait que la firme de Mountain View est un donateur important (parmi les plus importants en fait) et que l’ombre de l’entreprise bouscule parfois l’activité de Wikimédia.
Un moteur de réponse ?
À moins que l’emportement de Jimmy Wales ne traduise une mauvaise une interprétation du don ? Peut-être que Wikimédia ne tient pas à créer un simple moteur de recherche, mais plutôt un moteur de réponse, à l’image de ce que propose WolframAlpha ? En effet, ce site ne procède à aucune indexation du web. À la place, il délivre des informations thématiques selon la requête de l’utilisateur.
Google propose quelque chose d’assez similaire avec le Knowledge Graph. Sur son moteur de recherche, il est possible d’avoir des informations directement dans les résultats d’une requête, qu’il s’agisse de maths, de météo, de bourse, de recettes de cuisine, d’œuvres d’art, de données socio-économiques, d’informations historiques et ainsi de suite. Le tout, sans avoir besoin d’ouvrir le moindre site web.
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