Dans quelques années, comment parlerons-nous de Nothing ? Sera-t-il devenu un constructeur incontournable dans le monde de la tech, comme son fondateur Carl Pei en rêve ? Ou sera-t-il un souvenir associé à une surmédiatisation, au même titre que de nombreuses marques qui ont essayé de se faire une place, sans y parvenir ?
1 an et demi après avoir lancé des écouteurs et 1 an après avoir annoncé son premier smartphone (difficile de ne pas en avoir entendu parler, Nothing avait envahi la presse et les réseaux sociaux), la marque aux LED clignotantes est de retour avec le Nothing Phone (2), sa nouvelle carte pour être reconnue dans le monde des smartphones. Sa stratégie de communication est la même : Nothing veut être identifié par les utilisateurs comme une marque cool, qui casse les codes habituels des entreprises tech. Pour y parvenir, Nothing est prêt à tout, avec la complicité parfois aveugle des experts du secteur, qui lui font plusieurs traitements de faveur.
Points forts
- Un design différent (et plutôt cool)
- Beaucoup d’améliorations
- L’interface logicielle
Points faibles
- L’appareil photo peut s’améliorer
- Un prix pas facile, face à une forte concurrence
Une communication presque parfaite
Promis, vous lirez dans quelques instants un test du Nothing Phone (2). Mais avant de vous dire ce que nous pensons de cet appareil, nous souhaitions aborder le sujet de la communication de l’entreprise. C’est simple, à l’exception d’Apple et de Samsung, aucune marque ne réussit aujourd’hui à générer plus d’articles ou de vidéos sur les réseaux sociaux. Une médiatisation d’autant plus incroyable que Nothing est une marque que la plupart des personnes ne connaissent pas, qui pourrait dans un monde parallèle se satisfaire d’un tout petit article, comme de nombreuses autres startups.
Comment expliquer une telle différence de traitement ? Il y a du concret, comme le fait que Nothing a été fondé par l’ancienne équipe de OnePlus, partie sur un désaccord avec son propriétaire, ou que Nothing est soutenu par des géants comme Google et Qualcomm. Mais il y a aussi beaucoup d’abstrait, comme lorsque le patron de Nothing se fait filmer dans des montagnes russes avec Casey Neistat, qu’il s’amuse à parodier les plus grands YouTuber tech ou qu’il lance sa propre chaîne YouTube, dans laquelle il donne son avis sur les produits des concurrents. Nothing sait faire parler de lui avec les codes d’Internet, et on ne peut que l’applaudir pour cela. D’un certain côté, on pourrait même dire que Nothing a trouvé un moyen de rééquilibrer la couverture médiatique, face à des Apple et Samsung qui occupent le terrain à chaque rumeur.
En revanche, certains éléments nous rendent plus circonspects. Les embargos mis en place par la marque, qui permettent à la presse de dévoiler des informations petit à petit, sont une redoutable arme pour multiplier sa présence médiatique, souvent pour ne rien dire (la date de l’annonce du processeur, le nom du processeur, l’annonce de la date de conférence, une première image, comment suivre la conférence, les premiers essais, le test… Nothing arrive à générer des articles pour des mini-informations). Ce qui est étonnant est que Nothing a réussi à mettre la plupart des médias dans son camp, alors qu’ils refuseraient normalement de se prêter à ce jeu de communication.
Comment expliquer cet excès de gentillesse ? Notre théorie est la suivante : les lumières clignotantes au dos du téléphone sont si génératrices de buzz qu’elles donnent envie aux médias d’en parler, dans l’espoir d’augmenter leur audience. Nothing a en quelque sorte créé l’objet idéal pour faire parler de lui, et ça fonctionne.
Le Nothing Phone (2) est un excellent produit, mais y a-t-il de la place pour lui ?
Venons-en au test du smartphone, que nous avons eu en notre possession pendant plusieurs semaines. Notre premier constat est le suivant : Nothing fait mieux qu’avec son premier modèle sur quasiment tous les aspects. Les lenteurs et les bugs logiciels ont disparu, le Nothing Phone (2) peut enfin prétendre à la catégorie des smartphones haut de gamme. Et il s’en sort remarquablement.
Tout est mieux avec le Nothing Phone (2), qui a abandonné sa puce milieu de gamme de l’année dernière pour le Snapdragon 8+ Gen 1, qui équipe notamment des appareils comme le Samsung Galaxy Z Fold 4. La qualité de fabrication est aussi bien meilleure, avec un dos transparent légèrement incurvé, qui améliore la prise en main, et un écran OLED de grande qualité, avec un taux de rafraîchissement de 1-120 Hz, comme sur les derniers iPhone. La recharge est également plus rapide (45 W), tandis que les lumières à l’arrière sont désormais plus nombreuses, pour encore plus d’animations loufoques.
La vraie force du Nothing Phone (2) vient du logiciel. Après avoir délégué à des équipes externes le développement de sa surcouche Android dans un premier temps, Nothing a tout fabriqué de lui-même en 2023. Conséquence immédiate, comme à l’époque de OnePlus, les équipes de Carl Pei livrent une expérience logicielle formidable. Nothing OS 2.0, c’est son nom, tente de simplifier Android avec de grosses icônes ronds en noir et blanc. Les widgets proposés par la marque sont sublimes, ce qui rend l’appareil assez unique.
Parle-t-on trop de Nothing ? Certainement, mais la marque ne vole pas non plus sa surexposition. Le Nothing Phone (2) est un vrai bon smartphone, que l’on recommanderait volontiers à une personne avec un budget de 600-700 euros. Mais ce prix pose justement problème. Le modèle 128 Go, à 679 euros, n’est vendu que par Nothing. Les revendeurs commencent à 256 Go, pour 729 euros. Un tarif élevé en comparaison au Pixel 7 de Google (649 euros), qui est sans le moindre doute bien plus complet (notamment en photo, où Nothing a encore quelques progrès à faire). C’est justement tout le problème de Nothing : comment exister dans un marché aussi saturé, où les bons produits ne sont pas rares ?
Les lumières Glyph sont-elles un vrai argument ?
Le monde demande de la différence ? Nothing, dont le slogan est « Make Tech Cool Again », a plusieurs idées. Le dos de son smartphone est recouvert de LED qui le rendent facilement identifiable, quand elles n’aiguisent pas la curiosité des passants. Le Nothing Phone (2) conserve ainsi cette idée introduite avec son prédécesseur, sans lui trouver de nouvelles utilités vraiment incroyables. Les « Glyph » à l’arrière peuvent :
- Générer une chorégraphie quand le téléphone sonne,
- Servir de lampe torche géante (il faut laisser son doigt quelques secondes sur le raccourci lampe torche),
- Dire quand le téléphone est en charge,
- Dire quand le téléphone filme,
- Afficher un minuteur en temps réel,
- Dire quand Google Assistant écoute,
- Donner l’avancement d’une course Uber, en simulant une barre de chargement.
Tout ceci est-il vraiment révolutionnaire ? Non, mais c’est cool. On aime montrer l’éventail de sonneries animées proposées à nos amis à chaque fois qu’on leur présente le téléphone, puisqu’on sait que personne ne reste indifférent. Toujours est-il que ces lumières ne permettent pas vraiment de justifier l’achat du Nothing Phone (2) plutôt que d’un autre appareil.
Le verdict
Nothing Phone (2)
Voir la ficheOn a aimé
- Un design différent (et plutôt cool)
- Beaucoup d’améliorations
- L’interface logicielle
On a moins aimé
- L’appareil photo peut s’améliorer
- Un prix pas facile, face à une forte concurrence
Grâce à son incroyable pouvoir de communication, Nothing a réussi l’exploit de se faire connaître en très peu de temps. Le grand public n’est pas encore sa cible, mais Nothing intéresse les amateurs de nouvelles technologies avec ses téléphones ultra originaux, qui misent sur la transparence et les lumières clignotantes pour faire parler d’eux. C’est déjà une première victoire pour l’entreprise, même si toute sa communication va parfois trop loin. Au risque de donner l’impression que Nothing n’est qu’un produit médiatique.
En dehors de cet aspect, le Nothing Phone (2) a pour mérite d’être un très bon smartphone. La marque londonienne gomme quasiment tous les défauts de l’an passé (du mieux est encore attendu en photo), ce qui fait du Nothing Phone (2) un terminal hautement recommandable aux personnes qui ont envie de s’amuser avec un produit original, capable d’attirer l’attention. Il n’y a plus qu’à espérer que son prix baisse avec le temps, puisque les 729 euros demandés pour le modèle 256 Go sont un peu élevés face à certains concurrents comme les Google Pixel.
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