Il y a des airs de Stadia dans le nouveau Shadow. Pour la première fois, le service de cloud gaming français, qui permet d’accéder à un PC Windows à distance, est accessible depuis le web. Plus besoin d’une application à installer, plus besoin de réaliser des mises à jour… Un simple accès au site pc.shadow.tech est censé permettre à n’importe qui d’accéder à Windows 10 ou Windows 11, pour travailler ou pour jouer. De quoi faire monter le service en puissance, à défaut d’inventer quelque chose, puisque Microsoft propose déjà des PC dans le cloud sur abonnement.
Bien sûr, la force de Shadow est qu’il s’agit d’un service optimisé pour les jeux vidéo, avec plusieurs réglages malins pour adapter le taux de rafraîchissement, paramétrer des manettes ou surveiller la latence. Le futur du jeu vidéo est-il dans un navigateur ? Premier élément de réponse.
Shadow dans le web : c’est très expérimental
Si vous ne connaissez pas Shadow, il s’agit aujourd’hui d’un des meilleurs services de cloud gaming. Nous l’avons testé sur un iPad l’été dernier et nous avons beaucoup aimé ce qu’il permettait de faire. Son principal avantage est aussi son principal défaut : Shadow utilise Windows. Il supporte donc tous les jeux disponibles sur PC (donc quasiment tous), mais avec les complexités habituelles d’un vrai système d’exploitation. Les temps de chargement sont parfois longs, les mises à jour du système prennent du temps, etc.
Quand on se rend sur pc.shadow.tech, Shadow propose de se connecter. Après un bref temps de chargement (enfin bref, environ 1 minute), on arrive à notre bureau Windows. La version web permet de passer en plein écran si on le souhaite et, dès que la souris passe au-dessus de la fenêtre, permet de contrôler l’interface de Windows. Précisons qu’il s’agit d’un service en bêta, qui devrait s’améliorer d’ici sa version finale.
Au départ, nous avons commencé notre test avec Firefox pour ne pas immédiatement aller sur Chrome, que l’on sait mieux adapté (comme souvent, le navigateur de Google est privilégié par les développeurs). On ne va vous mentir, le résultat était assez catastrophique. Il y avait de la latence dans le déplacement de la souris, l’image semblait bouger toute seule et il n’était pas facile de regarder l’écran trop longtemps… Autre problème, Shadow dans Firefox ne semble pas supporter les manettes. Il faut jouer avec une souris et un clavier. Qu’importe, il nous était de toute façon impossible de passer la première manche dans Fall Guys, à cause d’une image qui se figeait beaucoup trop souvent, tout en étant parfois très pixelisée. C’est un échec total pour Shadow dans Firefox, alors que le logiciel délivre une qualité parfaite, digne d’un jeu local (quand il ne bug pas, ce qui arrive heureusement assez rarement).
Du coup, nous sommes passés à Chrome. Shadow n’a pas menti, son site est surtout optimisé pour ce navigateur. Ça se sent dès l’arrivée sur le bureau Windows, qui est fluide et en bonne qualité. Notre manette Switch était aussi reconnue, preuve que Chrome sait reconnaître les périphériques externes. Il y a du mieux.
Dans Chrome, il nous a été possible de jouer à Fall Guys sans que l’écran ne se fige, mais la qualité n’était pas toujours au rendez-vous. Pixellisation brutale, latence pendant 5 secondes, input de la manette qui semble ralenti… Ce n’est pas injouable, mais ce n’est pas aussi stable que ce que pouvait l’être Stadia (ou Shadow en tant qu’app). Les réglages sont aussi moins complets que dans l’application.
L’application fonctionne mieux
Notre constat est le suivant : dans 100 % des cas, quand nous avons rapidement switché entre la version web et l’application macOS, l’expérience est d’un seul coup devenue largement supérieure. Installer le logiciel sur son vieux PC, son Mac, sa tablette ou sa télé connectée semble le meilleur moyen pour accéder au cloud gaming dans une bonne qualité, parfois même sans aucun bug.
Du coup, à qui se destine Shadow dans le web ? En l’état, pas aux joueurs. Les personnes qui auront envie de jouer depuis un écran d’ordinateur prendront sûrement le temps d’installer l’application, qui est nettement supérieure (à moins de le faire sur un ordinateur public, mais joue-t-on vraiment sur des ordinateurs publics ?). On peut aussi imaginer des usages sur des appareils spéciaux, comme un casque VR, mais encore faudrait-il que le site tourne mieux… Le vrai intérêt d’une version web est de pouvoir accéder à son ordinateur de partout, pour montrer des documents ou des applications, mais ce n’est pas encore l’usage mis en avant par Shadow. On imagine que l’entreprise mise de plus sur une diversification, après avoir lancé un service de stockage, et que cette brique web pourrait l’aider dans le futur. En attendant, si vous cherchez un bon service de cloud gaming, foncez sur Shadow. Mais installez l’application.
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