Depuis quelques mois, de plus en plus de courses de drones sont organisées dans le monde, y compris en France.

Vous n’en avez peut-être pas encore vu ni entendu parler, mais les courses de drones existent déjà, et sont même de plus en plus nombreuses. Si bien qu’une fédération officielle est née aux États-Unis, dont la première course se tiendra ce lundi soir au sein même du stade des Miami Dolphins.

Dix-sept pilotes feront courir leurs drones grâce à un casque de réalité virtuelle. La compétition, interdite au public pour des raisons de sécurité, sera retransmise en direct sur Internet. Cet évènement présage d’une nouvelle manne financière pour l’esport qui génèrerait plusieurs centaines de millions de dollars chaque année dans le monde. Mais à quoi ressemble une course de drones ?

Des drones à Plus de 100 km/h

Lancés à plus d’une centaine de kilomètres à l’heure, ces petits engins volants ne dépassant pas les 800 grammes sont entièrement pensés et construits pour la compétition. Ils slaloment entre des obstacles, passent entre des portes et virevoltent à la manière d’un vif d’or des courses de quidditch. Reprenez d’ailleurs cette scène culte d‘Harry Potter et la chambre des secrets, et il y a fort à parier que la course qui se tiendra ce soir au sein du stade des Miami Dolphins prendra l’apparence de ces matchs tant appréciés par Harry Potter et ses camarades de Poudlard. Coiffés de casques de réalité virtuelle, les pilotes guideront leurs drones grâce aux caméras embarqués sur les appareils.

https://www.youtube.com/watch?v=AP0FHKvGEM0&ab_channel=DroneRacingLeague

De plus en plus de vidéos fleurissent sur internet dans lesquelles des pilotes de drones slaloment de façon très agile entre des obstacles. Plutôt impressionnantes, ces vidéos montrent à quel point piloter un drone n’est pas donné à tout le monde et que ça demande un minimum d’expérience.

Des courses de drones en France ?

Les États-Unis ont donc une longueur d’avance sur les Français concernant les courses des drones. Les premières compétitions se font encore timides sur notre territoire et dépendent de la Fédération Français d’Aéromodélisme.

En France, la législation sur les drones est stricte puisqu’elle interdit de faire voler un drone « au-dessus de l’espace public en agglomération », c’est-à-dire à peu près partout en dehors de son jardin, et sauf dans des zones d’aéromodélisme définies par le préfet. En revanche, il n’est plus interdit de survoler des zones de campagne, mais il est prohibé de faire voler des drones s’il y a risques de collisions, ce qui prive a priori de toute possibilité de courses en extérieur.

Joint par téléphone, la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC) nous indique toutefois que des courses de drones peuvent être organisées sans problème en extérieur ou en intérieur, et dépendent de la réglementation appliquée à l’aéromodélisme. La course doit obligatoirement avoir lieu en campagne, la journée et à vu. Mais dans ces conditions, l’utilisation d’un casque pour piloter avec une caméra embarquée en FPV (First Person View) est autorisée.

La France est un des seuls pays au monde qui propose une législation adaptée

Les zones doivent être sécurisées avec la présence d’une délimitation entre la zone de course et la population. Enfin, afin de ne pas perturber l’espace aérien, les drones ne doivent pas dépasser une altitude de vol de plus de 150 mètres d’altitude.

« Le secteur étant en plein développement, on ne pouvait garder une réglementation aussi rigide », nous raconte la DGAC, très fière de sa réforme de début d’année. « La France est un des seuls pays au monde qui propose un cadre législatif répondant aux attentes de la population pour ce qui est de cette pratique ».

Broken Drones Team : une équipe française

Des passionnés se rassemblent dans toute la France et organisent des courses, c’est le cas de la Broken Drones Team. Fondé il y a deux ans, ce groupe comporte 15 membres éparpillés un peu partout en France. Ils partagent tous cette passion commune, qui est de faire courir des drones en plein air et participer à des évènements officiels. L’un des membres du groupe vient même de débourser 2000 euros sur ses deniers personnels pour se rendre à Hawaï en octobre prochain afin de participer au World Drone Racing Championships.

Au-delà du plaisir de courir, Florian, un des membres du groupe qui habite en PACA, dit vouloir « enlever cette image négative et illégale qu’ont les gens quand il s’agit des drones ».  « Oui, il y a eu eu des petits plaisantins qui ont fait n’importe quoi et qui se sont amusés à survoler des zones sensibles, mais tous les passionnés de drones ne s’amusent pas à faire ça », prévient-il.

Pour des raisons de sécurité mais aussi pour la qualité des vidéos, les courses ne peuvent être courues à plus de huit participants en même temps. Ces courses nécessitent néanmoins du bon matériel. Souvent sponsorisés par des constructeurs, les drones sont offerts par le sponsor. « Tout le monde n’a pas un drone offert, derrière c’est un vrai travail de communication. C’est aussi parce qu’on se débrouille bien. A côté je bosse dans la production audiovisuelle, je produis pas mal de vidéos que je réalise avec les drones, c’est ce qui explique aussi le fait qu’on attire les sponsors », raconte Florian.

Des drones faits maison

Concourir pour une course ce n’est pas juste « piloter un drone », ça demande surtout une bonne dose de connaissance en mécanique. Les appareils utilisés par les coureurs sont rarement des drones achetés tout prêt chez un constructeur. Les coureurs de la Broken Drones Team « construisent » eux-mêmes leurs drones en fonction de la course qu’ils vont réaliser en achetant tout séparément. Les châssis et hélices sont souvent fournis par les sponsors : Beez2B (batteries), FPV FLY (chassis), Gemfan (hélices), Aéro-Tek (chassis), Sky-Hero (drones)…

Pour les membres de la Broken Drones Team, ces courses marquent un tournant dans la démocratisation de ces événements, mais aussi au niveau de l’intérêt que les spectateurs peuvent porter à ces courses. « Au début il y a avait 200 voire 300 personnes, un an plus tard, certaines courses peuvent faire déplacer 1000 personnes », nous dit Florian.

En France, la première course officielle de drones en FPV (First Person View) s’est tenue l’année dernière à Chartres. Plus d’une centaines de pilotes s’étaient réunis pour participer à cette course qui se présentait comme la plus grande jamais organisée en Europe. À l’étranger ces courses deviennent de vrais business. Les organisateurs de la course qui se tiendra ce soir au Miami Dolphins ont réussi à lever plus de 8 millions de dollars auprès d’investisseurs multiples pour l’événement.

Le 11 mars prochain se tiendra une autre course, à Dubaï cette fois-ci. Trente-deux équipes s’affronteront à travers trois manches pour obtenir le plus de points et ainsi gagner le super prix : 1 million de dollars. Les courses de drones, l’avenir du sport ?

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