Les lignes téléphoniques telles que nous les connaissons sont amenées à connaitre le même destin que la télévision hertzienne : la disparition au profit d’une nouvelle façon de faire transiter les communications. En chef d’orchestre de cette bascule se trouve Orange, qui planifie depuis plusieurs années l’abandon du réseau téléphonique commuté (RTC), afin de passer à l’ère du tout-IP.
Évoquée en 2014 par l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep), la disparition du RTC a été officialisée début 2016 que l’opérateur historique (ex-France Télécom), dans son principe. À terme, il sera donc impossible d’utiliser un téléphone fixe directement branché à la prise téléphonique : à la place, il faudra systématiquement passer par une box Internet.
Qu’est-ce que le RTC ?
Sigle pour réseau téléphonique commuté, le RTC est le réseau historique d’Orange. Il repose sur des paires de cuivre « dans lequel un poste d’utilisateur final est relié à un central téléphonique par une paire de fils », explique le régulateur des télécoms. Orange a découpé la métropole en 18 zones contenant chacune un commutateur de transit, auquel sont branchés plusieurs commutateurs d’abonnés.
Cette organisation hiérarchique à plusieurs niveaux de commutation visait à « réduire les distances d’acheminement du trafic entre deux points (mais aussi, par ailleurs, pour gérer le nombre important d’utilisateurs) ». Quant à la commutation, elle signifie que la liaison est établie provisoirement quand on appelle son correspondant. Elle s’oppose au principe de la liaison permanente.
Plus concrètement, le RTC apparaît aux yeux de l’abonné par la prise téléphonique murale qui se trouve dans n’importe quel logement. En branchant un téléphone fixe dessus, il est alors possible de passer un coup de fil à un correspondant, à condition d’avoir souscrit un abonnement. Aujourd’hui toutefois, le téléphone fixe est davantage branché à la box d’un opérateur, ce qui fait transiter la voix par Internet.
Pourquoi abandonner le RTC ?
Orange justifie sa décision de délaisser le RTC par l’impossibilité — ou plutôt la difficulté croissante — d’entretenir correctement l’infrastructure de ce réseau, qui a vieilli. Les réparations et les interventions deviennent complexes à effectuer, parce que les équipementiers ne produisent plus forcément certaines pièces requises pour le bon fonctionnement des installations.
En outre, il y a une perte de compétence qui s’observe avec le départ à la retraite d’ingénieurs et de techniciens capables d’intervenir pour régler certains problèmes. Certes, Orange pourrait organiser la transmission du savoir-faire, mais cela nécessiterait de puiser dans les nouveaux contingents d’experts en télécoms pour les former à une infrastructure désuète.
C’est en constatant cette réalité que le gendarme des télécoms a déclaré, en septembre 2014, qu’il « ne s’opposera pas, le moment venu, à la volonté d’Orange de rationaliser son réseau téléphonique historique, par exemple en fermant le RTC sur tout ou partie du territoire », à condition qu’il laisse un délai suffisamment long — d’au moins cinq ans — au secteur concerné pour qu’il puisse s’adapter.
Quel calendrier pour la fin du RTC ?
Le pourcentage de lignes qui ne possèdent qu’un abonnement RTC ne cesse de se réduire avec la génération de la communication par IP. « Le nombre d’abonnements à un service téléphonique sur les réseaux fixes baisse depuis le milieu de l’année 2010 », observait l’Arcep début juillet. Dans le cas du RTC, le nombre d’abonnements à la téléphonie traditionnelle s’établit à 9,9 millions, en baisse de 1, 3 million en un an.
Si vous possédez l’une de ces lignes encore en service, sachez toutefois que le réseau ne va pas simplement disparaitre du jour au lendemain. Orange doit laisser au minimum cinq ans de marge entre l’annonce d’une coupure et la coupure effective. De plus, cette coupure est fragmentée en « plaques », c’est-à-dire en groupe de communes. Selon le calendrier actuel d’Orange, les premières déconnexions sont planifiées pour… 2023.
En clair, les personnes potentiellement affectées par cette politique ont plusieurs années devant elles pour trouver une solution alternative. Les nouvelles souscriptions de lignes seront par contre impossibles après quatrième trimestre 2018. Le calendrier prévisionnel publié par la Fédération française des télécoms offre un résumé général du plan de transition vers le réseau IP.
Que faire face à cette transition ?
Depuis le 15 novembre 2018, Orange cesse la vente d’abonnements fondés sur le téléphone fixe traditionnel. En cas de déménagement après cette date, la clientèle doit impérativement opter pour une offre incluant ou non un accès à Internet. À partir de 2023, n’importe qui pourra être potentiellement concerné, en fonction des coupures planifiées groupe de communes par groupe de communes.
Le plus simple sera de prendre une box, chez Orange ou auprès d’un fournisseur d’accès à Internet concurrent. Cependant, comme le pointe France Info, il est prévu la mise en vente « d’équipements simplifiés pour les personnes âgées » et aussi, précise Europe 1, d’offres épurées sans Internet et sans télévision. Cet abonnement sera facturé 17,96 euros par mois, au même prix que la formule actuelle.
Quant à la box, elle sera en principe prêtée par l’opérateur ; celle-ci devra être rendue en cas de résiliation du contrat.
Des difficultés à prévoir ?
Le principal problème lié à l’arrêt du RTC concerne les services d’urgence. En effet, beaucoup d’entre eux utilisent encore une ligne RTC qui présente l’avantage de rester opérationnelle même lors d’une coupure de courant. Les lignes de secours des ascenseurs et des alarmes sont les principales concernées et leurs exploitants devront trouver des solutions alternatives d’ici les prochaines années.
Ces difficultés ne sont pas ignorées : la Fédération française des télécoms invite les particuliers ayant des équipements en RTC (fax, alarmes, équipements de télésurveillance, etc.) à se tourner vers leur fournisseur pour déterminer quelle est la solution qui vous sied en réseau IP. Ce conseil est également dispensé aux entreprises et administrations, qui sont invitées à recenser leurs accès RTC.
(mise à jour avec la fin de la vente des offres de téléphonie fixe reposant sur la technologie RTC)
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